Frédéric croit qu’il n’y a plus d’espoir de raviver ce qu’il appelle le « le Bronx de Saint-Léonard », complexe d’habitation où il vit depuis qu’il est tout jeune. « Si vous voulez mon avis, ils devraient tout démolir ici et relocaliser les gens », déclare le grand gaillard dans la trentaine.
VULNÉRABLES
« Les locataires sont vulnérables, ce sont des familles qui vivent dans des conditions inacceptables », résume Céline Topp, directrice des services de la mise en valeur du territoire à la Ville. Dehors, de vieux meubles décrépis jonchent les balcons et le terrain sale, ceinturé par un stationnement troué d’ornières. Un peu plus de 1100 personnes habitent ici, dans 336 logements. Des immigrants nouvellement à Montréal, pour la plupart, « qui ne connaissent souvent pas bien leurs droits en matière d’habitation », ajoute Céline Topp.
AU MILIEU DES PUNAISESÂ
Julien Yeko, récemment immigré de la Côte-d’Ivoire, est l’un d’entre eux. « Nous vivons ici depuis trois mois et nous avons dû changer de matelas deux fois à cause des punaises », déplore-t-il, entouré de ses quatre jeunes enfants. Sa femme présentait d’ailleurs des morsures de punaises au bras lors de l’entrevue. Le jeune père de famille mentionne que des exterminateurs se sont présentés deux fois pour neutraliser l’infestation, mais que « les problèmes sont revenus. Au moins, le loyer (642 $ par mois pour un 5 et demi) est raisonnable et c’est bien chauffé », dit-il pour se consoler.
Au rez-de-chaussée, Frédéric, qui affirme habiter dans le complexe depuis 32 ans, raconte n’avoir jamais vu le propriétaire. « Les problèmes à cause de l’humidité, c’est de pire en pire à chaque année », dit-il. « À l’école primaire où va ma fille, tous les enfants qui habitent ici se plaignent des piqures de punaises », poursuit sa conjointe, mère de trois enfants.
663 CONSTATS D'INFRACTIONÂ
Deux ans après avoir envoyé 3576 avis de non-conformité au propriétaire, la Ville a expliqué mercredi que 52 % de ses exigences n’ont pas été satisfaites. Le propriétaire Sagi Genger, fils du millionnaire Arie Genger, habite d’ailleurs une luxueuse résidence de Manhattan, révélait en 2008 le Journal de Montréal.
Depuis un an, 663 constats d’infraction totalisant un demi-million de dollars, qui concernent tous le Domaine Renaissance, ont été envoyés à sa compagnie, 3088843 Nova Scotia Company. L’entreprise de gestion de Saint-Lambert qui s’occupe de l’immeuble n’a pas voulu donner de commentaire. Le propriétaire devra répondre des constats d’infractions en cour municipale, le 23 mars prochain.
Source : Canoë