Cette semaine marque la rentrée des classes. Nos écoles sont rien de moins que des usines à ignorants.
Je lis encore des histoires d’horreur sur les professeurs de niveau collégial qui voient débarquer dans leurs classes des élèves qui ont d’énormes lacunes en français. On a toujours autant de dépressions chez les enseignants et on ne parle pas du décrochage qui atteint des sommets stratosphériques au niveau secondaire. Quel gâchis. La responsabilité, ou plutôt l’irresponsabilité, vient à égalité dans les deux camps, les parents et les enseignants, qui ont démissionné depuis longtemps. Au moment où je rappelle ce triste constat, vient d’atterrir dans mon courrier une bombe.
C’est un livre intitulé « L’école de la honte », d’Émilie Sapielak, qui a été professeure en France, où le phénomène est le même qu’ici, et qui n’en pouvait plus. Pour donner le ton de cet ouvrage, qui vaut bien des films d’horreur, je reprends le texte qui figure en quatrième de couverture. Une description de ce qu’est l’école de maintenant : « C’est l’histoire d’un asile de fous où tous sont malades et où chacun semble privé de la conscience de s’y trouver enfermé. C’est l’histoire d’une usine d’éducation des masses où des enseignants hagards s’échinent sur une chaîne de montage qui défile à un rythme endiablé.
C’est l’histoire d’une école où les enfants ont cessé d’apprendre, une école que l’on quitte ignorant et humilié. Entrez pour une journée dans l’enceinte d’un collège. Découvrez l’antre de la bête, cette machine scolaire étouffante et vorace, ce lieu de douleur et de régression. Élèves et professeurs, tous prisonniers de règlements absurdes et de dogmes ridicules subissent son implacable mécanique. Venez voir ce qu’elle fait d’eux ».
COMMENT VENIR À BOUT D’UN ENFANT ROI
Oui, c’est un fait, que beaucoup de parents croient aimer leurs enfants, mais les laissent tout faire. Le phénomène de l’enfant roi est bien connu. Sans compter les mères sans-cœur qui ne nourrissent même pas leurs progénitures. Elles sont légions. Et qui sont les premières à venir barber les professeurs en les apostrophant d’un « mon enfant est merveilleux, vous ne savez pas vous y prendre avec lui ». Avec l’installation de caméras, on viendrait faire basculer le tout.
Désormais l’enseignant, vidéo à l’appui, pourrait facilement répliquer : « Ah oui! Il est merveilleux votre enfant. Eh bien regardez-le aller en classe. C’est comme ça que vous l’avez éduqué? » Vous allez voir rabattre le caquet de pas mal de parents. À mon avis, c’est certain que la présence de caméras changerait la dynamique. Mais il y a un hic, aussi; l’élève qui s’ennuie en classe parce que le professeur est lui-même ennuyeux (cause réelle de décrochage, en plus de programmes inintéressants) pourrait exiger qu’on montre sur film la façon de faire des enseignants.
Cela joue des deux côtés. Et je ne suis pas sûr, connaissant les enseignants, souvent lâches sur les bords, s’ils vont apprécier de se faire évaluer. Vous savez que c’est un rare corps professionnel qui n’a pas voulu qu’on élève leur travail au rang de profession reconnue par l’Ordre des professions, comme les dentistes ou même les plombiers. Cela les exposerait à de possibles blâmes professionnels. Une situation à laquelle ils ne veulent pas se voir soumettre. Mais revenons à ces caméras qui sont rendues nécessaires.
Un peu comme dans le film « La journée de la jupe » avec Isabelle Adjani, qui montre des monstres en classe où tout enseignement est impossible; on avait des preuves sur film de ce qui s’y passait. Faisons la même chose. Avec à la clé que, si un élève était surpris « on camera » à faire de l’indiscipline, il serait envoyé pour quelques jours dans une école de redressement très sévère. Il y penserait deux fois.
UN SYSTÈME QUI N’A JAMAIS ÉTÉ VIABLE
D’abord le système scolaire, même avant que la société soit aussi gangrenée qu’elle l’est maintenant, n’a jamais fonctionné pour l’unique raison que l’aménagement d’une journée scolaire est contraire à la biorythmie de chacun. Vous avez des élèves qui ont besoin de cinq heures de sommeil, d’autres huit, certain douze. Ils n’arrivent pas en classe dans les mêmes dispositions.
Le défi impossible du professeur est de capter leur intérêt durant 63 minutes, alors que les études montrent qu’après 20 minutes s’installe un déficit d’attention. Donc mission impossible. On mange mal dans les cafétérias, les livres que l’on trouve dans les bibliothèques datent de trois générations, l’architecture même des polyvalentes, notamment, fait penser à des centres de détention, des blockhaus de béton avec des lucarnes près du plafond pour laisser passer la lumière. C’est horrible.Â
UN MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION HORS CHAMPS
Vous avez été abasourdi, il y a quelques mois, quand l’ADQ a dévoilé l’organigramme monstrueux du ministère de la Santé. Ce n’est rien. Vous n’avez pas encore vu celui du ministère de l’Éducation. Incroyable! Tous des « penseux » payés à gros salaires pour réfléchir si une année on fait des bulletins de fin de session avec des lettres, des chiffres ou des appréciations de rendement. Puis, pas plus fin, un ministre de l’Éducation par deux ans qui va vouloir des réformes.
Les élèves sont, et ils le savent, des cobayes du n’importe quoi. Les écoles sont de véritables machines à produire des incultes. Je me rappelle d’un jeune auteur-compositeur-interprète que j’avais auditionné et qui me faisait part de son amour de la poésie. Ça tombait bien, je venais tout juste de terminer une biographie du « Prince des poètes », de Jean Cocteau. Le gars avait vingt-et-un an et le nom de Cocteau ne lui disait rien. Et ce n’est pas parce que c’était un con. Le jeune était, au contraire, allumé. C’est qu’à l’école, il n’apprend rien.
LES UNIVERSITÉS DE L’ENNUI CHRONIQUE
Quand on pense qu’un syndicat important d’enseignants rapporta l’an dernier que 45 % des profs avaient été victimes de violences de la part des élèves. Il y a un maudit problème à la « shoppe ». Je veux enfin terminer sur le merveilleux monde de l’université. Des établissements qui se qualifient de haut savoir. Ah! Mes amis. C’est rendu que pour devenir journaliste bien ordinaire sur une de nos chaînes de télé, il faut un bac en communication. Voici l’absurde.
Dans le temps des Joseph Keyssel, Roger Baulu et moi-même, tu te présentais dans une salle de rédaction, tu exprimais vouloir faire le métier. On te disait « Va t’asseoir, petit », et on te plaçait devant une grosse Underwood en fonte. Cigarette au bec et tapant à deux doigts, tu devais improviser sur le thème d’un carambolage monstre. Au bout de trois-quarts d’heure, tu remettais ta copie et si c’était bon, on te serrait la main et « bienvenue parmi nous ». Aujourd’hui, à l’UQAM et à l’Université de Montréal, tu dois te farcir des traités complètement hermétiques (dommage, j’en n’ai pas un sous la main, vous ne comprendriez rien).
Et au final, vous débarquez à TVA et vous écrivez comme me l’a raconté un ami de la boîte, l’autre jour : « Guerre du golf »… Trois ans d’études pour un si petit résultat. Et quand je vois ces universitaires rendus en fin novembre avec des montagnes de notes, des lectures imposées, qui gobent café, cigarettes, chocolat noir cacao 80 % pour survivre à cet abrutissement. Vous savez quoi? Une fois qu’ils auront le fameux papier appelé bac, qui n’a de valeur que le papier sur lequel c’est imprimé, ils ne voudront plus ouvrir un livre de leur existence.
Bonne rentrée scolaire à tous et
munissez-vous d’une bonne cargaison d’antidépresseurs et si vous n’en avez pas
les moyens, de quelques boîtes de Tylenol. Elles sont en spécial à la pharmacie
cette semaine. N.B. Si l’argent se promenait moins dans le
monde de la construction, peut-être aurait-on de quoi offrir gratuitement des
crayons et des calepins à nos jeunes…
The Foto garage
call now: +91 7569517408, 9000110541
web: www.thefotogarage.com