Une des sept plaies du monde moderne, c’est l’utilisation du cellulaire dans les transports publics. Le triomphe des gros ego seuls au monde.
L’autre jour, j’étais dans l’autobus 15, roulant sur le boulevard de Maisonneuve. J’étais plongé dans ma lecture quand tout à coup, monte à bord un grand efflanqué d’anglais qui parlait à tue-tête (certains anglais parlent souvent très fort), débitant un lot d’insignifiances. Et pour mon malheur, il vient s’asseoir dans mon dos. Horreur! Et là , le monsieur continue comme si de rien n’était, passant de l’augmentation du coût des sacs de chips Frito-Lay aux aveux du tueur en série Robert Pickton. Non mais, ai-je besoin de me farcir ces commentaires?
Je n’arrivais plus à me concentrer sur mon texte. Bref, je me retourne et lui balance « Dites-donc, pourriez vous parler moins fort. Est-ce que j’ai besoin de vous entendre dire toutes vos niaiseries? » Le gars se rebiffe « Écoutez monsieur, la vie c’est comme ça, maintenant. Il faut s’habituer. C’est de notre temps ». J’avais l’impression qu’il me prenait de haut comme si j’étais un vieillard. Et de lui répondre que son monde moderne je m’en cr… comme de l’an quarante.
Et que s’il n’en tenait qu’à moi, j’entreprendrais une campagne d’interdiction de tout cellulaire dans les autobus et wagons de métro. M’ignorant, il poursuivit sa conversation. Une fois à l’extérieur, en lâche (qui est le propre des hommes), il m’adresse un doigt d’honneur avec un sourire en coin.
ET CES CHERS ADORABLES
Mais le pire fléau demeure ces adorables, j’entends par là , ces petites ados qui n’ont en guise de cerveau qu’un pois chiche (Simone de Beauvoir est morte à temps) et qui sont scotchés au cell à en avoir le torticolis. À peine l’appareil rangé dans leur sac fourre-tout, qu’elles le ressortent pour redémarrer une autre conversation. Le mal de la civilisation, ma chère, c’est l’ennui. De peur de se retrouver face à soi-même. C’est le marathon des enchaînements téléphoniques. Et nous, les pauvres usagers des transports publics qui devons endurer ces fadaises. Et deviner de quoi ces filles de notre temps parlent : je vous le donne en mille, des garçons! Elles ne vivent que pour eux. Le féminisme, si j’en juge mes sondages au cellulaire, est relégué totalement aux oubliettes.
UN PUSHER QUI PASSE SES COMMANDES
Il y a des mois de cela j’étais dans la 36, qui emprunte le chic boulevard Monk. J’étais à côté d’un pompon à cagoule. Les gars sont tellement introvertis, qu’ils  se cachent sous une capuche (en coton ouaté de préférence). Et le type à son tour de parler à voix forte et de passer ses commandes de stock « Hey Jim, t’oublie pas de passer chez Serge prendre le stock ». Et encore, grand intello que je suis, tentant de demeurer absorbé par ma lecture, j’ose lui faire la remarque que je peux facilement me passer de ces commentaires.
Et il me harponne « Hey man, c’est quoi ton problème? Si t’es pas content, change de place et viens pas m’écœurer tabarnak ». Nous reconnaissons là les magnifiques résultats du système scolaire. Évidement, je ne m’attendais pas à une réponse à la Charles Tisseyre. Un peu plus et il me citait par cœur la charte des droits et libertés. Surtout la sienne. J’ai souvent dit, au sujet de cette fameuse liberté, qu’elle s’arrête où la mienne commence.
JE VOUS FAIS UN REPROCHE
Je vous entends parler d’écologie, de qualité de vie etc. Mais que vous êtes donc passif face à ce problème du cellulaire. Je vous vois pourtant les visages crispés, souffrant en silence de ces échanges téléphoniques qui vous agressent comme moi. Quand j’interviens, c’est après que vous venez me féliciter, me disant que j’ai bien agit, et qu’à la place vous auriez fait de même. Sauf que ma bande de passifs, vous ne faites jamais rien. Vous êtes l’image même de notre civilisation québécoise qui chiale tout le temps dans le dos, mais qui n’élève jamais la voix quand c’est le moment. Et que je vous déteste dans ces moments-là . Qu’est-ce que vous attendez pour vous plaindre massivement à la STM et autres transports publics?
Une autre fois, dans un autobus Voyageur, revenant d’Ottawa, j’avais remis vertement à sa place un gros gaillard qui lui aussi parlait tellement fort que tout le monde, visiblement, semblait hors d’eux. Devinez qui a fait la police? Voulez allez me dire, bien sûr, que vaut mieux laisser faire et ne pas chercher le trouble. C’est ça, endurez et prenez des antidépresseurs une fois à la maison. C’est très bio, les médicaments…
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com.
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