UNE CAMPAGNE TROP AXÉE SUR MAROIS

 

Leurs conclusions : les stratèges ont trop misé sur la personne de Pauline Marois pendant la campagne électorale et ont évité de parler avec confiance de la question de la souveraineté. Environ 150 militants péquistes - essentiellement les présidents de circonscription et l’exécutif national du PQ - se sont réunis à huis clos à Laval. L’ancienne première ministre et chef démissionnaire du PQ, Pauline Marois, a participé à la rencontre, mais ne s’est pas adressée aux médias.

Convoquée par le président du PQ, Raymond Archambault, cette réunion s’est déroulée au lendemain de la démission du directeur général de la formation, Sylvain Tanguay. Ce dernier dit avoir fait face aux nombreuses critiques des militants. « J’étais le directeur de la campagne électorale et j’assume entièrement les responsabilités que j’avais à cet égard. »

Le Parti québécois, réuni à Laval, pour faire un bilan à la suite de leur défaite à l’élection du 7 avril. Le président du parti a refusé de parler d’un bilan négatif. « C’est le résultat des élections qui est négatif », a dit M. Archambault en point de presse, à la sortie de la rencontre, en refusant de parler du contenu des échanges. Reste que le mécontentement est palpable chez les plusieurs péquistes, autant de l’exécutif que des militants.

« On a perdu 320 000 votes dans ces élections, nos sympathisants ne sont pas sortis voter. Donc quand tes sympathisants ne sortent pas voter, il faut se demander pourquoi, c’est ta responsabilité de sortir ton vote », a déploré Marc Laviolette, président de SPQ-Libre et ex-président de la CSN.

En conférence de presse, le chef intérimaire du Parti québécois, Stéphane Bédard a indiqué que le message envoyé au PQ par les électeurs a été bien reçu. « On peut faire mieux, ça, c’est clair. Le deuxième message : j’ai fait le constat que la population a déconnecté [sic]. Les deux dernières semaines [de la campagne], les gens n’étaient plus au rendez-vous, il y avait même un écoeurement. »

TROP D’ATTENTION SUR LA CHEF

Pour sa part, Réjean Hébert, battu dans Saint-François, mais présent à titre de président de l’association de circonscription, a critiqué les erreurs des stratèges du PQ. Ceux-ci n’ont pas suffisamment misé sur la qualité de l’équipe ministérielle et sur le bilan, selon l’ancien ministre de la Santé.

Plusieurs candidats et anciens ministres estiment que la campagne a été trop centrée sur Pauline Marois et que les autres candidats vedettes n’ont pas été suffisamment mis à contribution. Les stratèges ont trop peu pris en compte la cohésion de l’équipe, a déploré M. Hébert.

« On aurait dû faire cette campagne sur le bilan des 18 mois d’un gouvernement qui en a fait beaucoup et qui avait une équipe solide. » — Réjean Hébert, ex-ministe de la Santé

CAP SOUVERAINETÉ

La confusion sur la question du référendum et de la souveraineté a été trop facilement exploitée par les adversaires libéraux, a ajouté M. Hébert. « Je pense qu’on devrait avoir une position beaucoup plus claire sur la souveraineté, de façon à ce qu’on puisse expliquer notre option et pas toujours s’en remettre à un éventuel référendum. »

Plusieurs ont également déploré le fait que Pauline Marois n’ait pas pris d’engagement ferme concernant la tenue d’un référendum.



« La stratégie (...) de ne pas parler de souveraineté, en attendant d’être majoritaire, ça fait que les adversaires te définissent », a déclaré Marc Laviolette, ajoutant que les libéraux ont été très habiles à exploiter cette faiblesse du PQ. De plus, la candidature de Pierre Karl Péladeau a amplifié « l’impression de l’imminence d’un référendum », donnant ainsi plus de crédibilité à leurs adversaires.

De son côté, l’ancien premier ministre péquiste Jacques Parizeau a dressé samedi son propre bilan de la campagne du PQ, tout en invitant la formation à se transformer radicalement et à s’engager clairement à réaliser la souveraineté du Québec.

« Bien sûr, sa campagne électorale a été déplorable, incohérente et improvisée », écrit M. Parizeau dans une chronique publiée dans le Journal de Montréal, ajoutant que le débat sur la charte des valeurs a eu comme effet de « souder certaines minorités au Parti libéral ».

Selon lui, il ne faut pas que la souveraineté du Québec devienne « une sorte de drapeau que l’on agite de temps à autre devant les militants de façon à les garder en appétit et dans les rangs ».

Il estime que le parcours pour accéder à l’indépendance va demander « beaucoup de préparation et d’études, d’explications et de promotion », et recommande aux dirigeants et militants du parti de prendre le temps de réfléchir.
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PAS DE DISSENSION

Le chef intérimaire du parti avoue que le PQ a beaucoup à faire pour regagner la confiance des Québécois, mais que les militants sont prêts pour la « reconquête » Il nie catégoriquement que le parti s’entredéchire.

« C’est vous [les médias] qui parlez d’une séance de lynchage. Demandez à nos présidents s’il y a eu du lynchage, il n’y en a pas eu du tout. Les gens ont dit des choses importantes. On en prend note. Je n’ai pas entendu de grogne, j’ai entendu des gens qui voulaient améliorer les choses au Parti québécois », a dit M. Archambault.

« Au contraire, cette séance a servi à réaffirmer l’unité du parti », a conclu Raymond Archambault.

Le plus gros bilan de la campagne aura lieu probablement au début de juin, lors de la conférence nationale des présidents. Tous les candidats seront alors présents. Il faudra toutefois attendre à l’automne avant de connaître les paramètres de la course à la succession de Pauline Marois. 

Source: Radio-Canada