Lundi, 31 mars 2014

FRANCISER OU PRIVILÉGIER LA CULTURE POP?

la reussite

Au Québec comme dans le reste de la francophonie, on a encore largement tendance à faire usage d’anglicismes plutôt que d’avoir recours aux termes français lorsque ceux-ci existent. Ce phénomène est particulièrement répandu dans certains secteurs d’activités comme l’informatique, l’industrie du jeu vidéo, la mécanique et le domaine de la construction.

 

L’utilisation d’anglicismes et de calques de l’anglais est beaucoup plus fréquente dans des pays où il existe une plus grande proximité avec la langue anglaise. Malgré le combat mené par l’Office québécois de la langue française et la création de néologismes encourageant l’usage de termes français plutôt qu’anglais, certains secteurs persistent à user d’anglicismes possiblement en raison de l’habitude, mais aussi en raison de la symbolique qui se cache derrière ces termes.

Prenons par exemple le terme anglais à la mode dont on fait largement usage dans les médias sociaux : selfie (élu mot de l’année 2013 par les Dictionnaires d’Oxford). Ce mot emprunté à l’anglais, qui pourrait très bien se traduire par autoportrait, continue pourtant à être largement utilisé dans sa forme anglaise. D’autres mots comme feedback, wireless, web, hacker, firewall, cloud computing, mag, tire, e-commerce, hashtag, freeware, sont autant d’anglicismes que nous utilisons au quotidien.

Dans certains milieux, l’utilisation de certains termes anglais spécifiques est ancrée si fortement qu’il est difficile de proposer leur équivalent français. Que faire dans un tel contexte? Persister à vouloir franciser à tout prix en contrant l’utilisation de mots anglais ou étrangers ou privilégier l’usage de termes qui ont la faveur populaire? Sur quoi le communicant doit-il baser sa décision : la culture populaire ou le bon usage de la langue?

Les puristes vous diront qu’il faut d’abord favoriser la langue d’usage. D’autres s’opposeront et encourageront plutôt l’utilisation de termes qui répond à l’imagerie populaire ou à l’emploi courant même s’ils sont empruntés à l’anglais ou à une langue étrangère. Un magazine, un journal ou un guide technique ont toutes les raisons d’opter pour le bon usage de la langue, mais qu’en est-il de la publicité, du marketing ou de la communication?

Pour atteindre leurs objectifs, les spécialistes de ces disciplines doivent utiliser un langage qui fait écho chez leurs cibles et le bon usage d’un mot ne sera pas nécessairement ce qui les rejoindra justement. Pour faire passer leur message, pour vendre, amener une cible à adopter une idée ou modifier un comportement, il faut adopter un langage qu’il comprend.

Le bon usage ne reflète pas toujours la réalité et la culture populaire des groupes cibles. En conclusion, la prudence est de mise dans le recours trop fréquent aux anglicismes, mais une réflexion mérite d’être faite : est-il possible qu’il faille parfois opter pour la culture populaire plutôt que pour le bon usage sans pour autant tourner le dos à la langue française?

ok