L'EFFET CASINO

 

Nos vies et nos carrières sont de grands paris. Nous misons sur nos dons, nos talents, un programme d'éducation, une formation, nos efforts, un employeur plutôt qu'un autre, la tentation d'aller travailler ailleurs, etc. Tous ces derniers sont fort louables. Incontournables et relativement sécuritaires, vous en conviendrez.


LA DÉPENDANCE AU TÉLÉPHONE INTELLIGENT

Cependant, nous jouons littéralement au casino avec nos vies et notre santé - physique et mentale - de plus en plus. Et c'est loin d'en valoir la chandelle. Prenez l'exemple du téléphone intelligent. Pas besoin de faire de dessins à ce sujet, chaque jour nous sommes témoins d'employés, d'ados ou de gens d'affaires incapables de faire un pas sans l'appareil en main, telle leur « mamelle cellulaire ». Avec sa décharge de nouveaux courriels, de messages Facebook et mises à jour du fil Twitter, l'être humain moderne est devenu tel un enfant avec sa « doudou ».



Aux pauses publicitaires télé, si ce n'est pas la nature qui nous appelle, ce sont nos doigts que nous devons compulsivement faire glisser sur la face de notre engin chéri. Que nous ayons quelque chose à vérifier ou non, cela est devenu un automatisme. Cela est devenu une dépendance, une forte dépendance. En plus de la perte de productivité associée à ces sollicitations impulsives, la perte de concentration lors de réunions, le visionnement d'un film ou d'une conversation avec un ami ou un de nos enfants, cette dépendance tue de plus en plus. Les catastrophes sur les routes s'accumulent. La vidéo suivante est très éloquente. Cliquez ici ou sur le logo YouTube pour visionner la vidéo.

LA DÉPENDANCE À LA RÊVERIE

Selon La Presse, « les actuaires d'Erie Insurance, ont épluché les données versées par les corps policiers dans le Registre des analyses de morts tenu par la National Highway Traffic Safety Administration. Ils ont pu constater qu'être plongé dans ses rêveries cause plus de collisions mortelles que les appels sur le cellulaire, les textos, le café bouillant, les maringouins sur le pare-brise et toutes les autres causes de distraction réunies. C'est ce que révèle une étude de données compilées dans des milliers de rapports de police rédigés en 2010 et en 2011 à la suite d'accidents mortels partout aux États-Unis. »



« Dans 62 % des collisions mortelles où la distraction avait un rôle, les conducteurs ont dit à la police qu'ils étaient plongés dans des rêveries ou «perdus dans leurs pensées» au moment de l'accident ». Une chose est certaine, cela nous ramène au point que j'ai mentionné plusieurs fois lors de chroniques précédentes - et en conférence pour plusieurs d'entre vous -, soit le retrait psychologique. C'est-à-dire la capacité de se détacher de notre mental et être totalement dans le moment. Il n'y a pas un job, une liste d'épicerie ou un prochain voyage aux Antilles qui méritent de jouer à la roulette russe ainsi.

LA DÉPENDANCE AU « TRAVAIL »

Parlant de job, en plus de la technologie et de nos images mentales qui circulent en boucle, sachez que le travail peut devenir un troisième effet casino. Ce que l'on appelle communément « workaholic » est faux par définition. On ne devient pas dépendant au travail. Voici ce qui se passe lorsque nous fonçons tête baissée dans un projet (du boulot à la rénovation de notre maison par exemple) et que l'on exagère notre quantité d'heures et d'énergie dans cette tâche :

1. Perturbation des cycles du sommeil et de l'alimentation - nous commençons par avoir de la difficulté à s'endormir et/ou on se réveille souvent ou en plein milieu de la nuit. Notre appétit est souvent moindre et la digestion titube.
2. Adrénaline - bien qu'essentielle en épisode de crise ou d'urgence, laisser notre corps sécréter cette substance nocive pendant une longue période est suicidaire, même si ce sera grâce à elle que nous pourrons garder le rythme. L'adrénaline pourrait gruger nos organes internes si notre corps ne se défendait pas en ajoutant de la masse adipeuse autour de la ceinture.
3. Endorphine - sentiment d'accomplissement oblige, la subtile euphorie ressentie lors de l'aboutissement d'une étape ou du projet, est due à cette drogue toute naturelle déployée par le corps humain.
4. Dépendance - c'est à cette sensation grisante que nous devenons (inconsciemment) dépendants, pas au travail. Mais bel et bien à la sensation (drogue) que nous procure le sentiment d'accomplissement.
5. Isolement - un travailleur en proie à ce cycle développera un comportement inhabituel, se mettant à l'écart de ses collègues (activités, sorties, travail d'équipe) et souvent devenant irritable ou à pic.

Comme nous le répète Loto-Québec, tu ne battras jamais la machine. À nous de choisir.

Pas de textos en auto!

MARC ANDRÉ MOREL