Lundi, 11 février 2013

PRENDRE UNE DÉBARQUE

la reussite

L’expression québécoise populaire « prendre une débarque » crée une image parfaite comme métaphore à coller à la saga Lance Armstrong.

 

 

Bien que nous ayons tous préféré ne jamais être témoin d’une chute pareille, la réalité est que la tricherie fait partie de notre quotidien et des gargantuesques « réussites » financières et d’estime partout à travers le globe. Franchement pas mon thème favori mais force est de constater qu’il fallait un jour ou l’autre saisir ce sujet de société, morel express étant une vitrine des réalisations, de la performance et du meilleur de soi.

Dans le but de mieux comprendre l’humain et les faces de la réussite, je vous propose aujourd’hui de nous pencher sur quelques détails de cette débâcle annoncée afin d’en tirer des leçons pour nous lors de nos engagements. Depuis les premières rumeurs, jusqu’à l’entrevue télé hautement médiatisée et manipulée avec Oprah sur OWN, les questions que je me pose sont principalement les suivantes :

  • Qu’est-ce qui s’est réellement passé?
  • Qu’est-ce qu’il l’a motivé à débuter et poursuivre cette odieuse trahison?
  • Qui est responsable?
  • Quelles leçons en tirer sur la réalisation de soi et la réussite?

Bien que je ne crois pas pouvoir répondre à ces questions en une chronique, encore moins par moi-même, sachez d’emblée que lors de mes conférences et mes périodes de rédaction, je ne me drogue pas, qu’aucun médecin ou mentor ne m’ont incités à le faire et que même les boissons énergisantes ne font pas partie de ma diète (…). Blagues à part, sachez que malheureusement, il y a plusieurs années, un expert en motivation américain à la réputation mondiale et extrêmement prolifique, s’était vu retirer un honneur et fut banni de l’association américaine des conférenciers pour plagiat. À chaque discipline son vice de supercherie.

QU’EST-CE QUI S’EST RÉELLEMENT PASSÉ?

Revenons à notre super athlète, Lance Armstrong. Parce que c’est un super athlète. Dès son adolescence, en tant que triathlète, il était imbattable partout au pays de l’oncle Sam. C’est un surdoué dans ces disciplines. Il s’est rapidement fait repéré par des commanditaires, équipes professionnelles cyclistes et le reste est de l’histoire. Mais c’était aussi selon moi le début de la roulette russe. À chacun son idée de scénario, mais voilà près de vingt ans qu’il se dope pour augmenter - ou maintenir – ses performances. Avec le budget du gouvernement américain (son équipe US Postal), on lui a probablement promis qu’il ne se ferait jamais prendre… sur le plan médical.

QU’EST-CE QU’IL L’A MOTIVÉ À DÉBUTER ET POURSUIVRE CETTE ODIEUSE TRAHISON?

Il a dit oui. Mais pourquoi? Pour gagner tout simplement? Pour dominer? Pour la célébrité? Pour l’argent (il a empoché des dizaines et des dizaines de millions de dollars)? Pour la postérité? Chose certaine, avec le temps, cet athlète qui a inspiré des millions à travers le monde : sédentaires, sportifs, cyclistes et victimes du cancer, s’est retrouvé pratiquement incapable de cacher sa vraie nature, ses intentions, son cœur, son âme. Dominateur, menteur, tricheur, manipulateur, Lance Armstrong, lors de ses plus récentes apparitions publiques – surtout la dernière avec Oprah – donne tous les signes d’un sociopathe (aucun regard pour les sentiments des autres / une personne sur 25). 

Probablement craint au début au sein de son équipe, la force du nombre au consensus invariable sur leur « écoeurantite aïgue », ses co-équipiers – tous aussi tricheurs! - ont profité de sa retraite pour le rouler dans la farine. On avait sous-estimé la force de ce qui a motivé le premier et tous les autres tricheurs de la planète, l’ego. Cette fois, ce fut l’ego de ses co-équipiers qui l’ont dénoncé et étaient tous prêts à témoigner devant grand jury pour voir leur leader d’hier mordre la poussière, l’asphalte et tous les autres débris que l’on peut retrouver sous ce tapis de bitume crasseux.

QUI EST RESPONSABLE?

Quelle question celle-là! Ce serait trop facile de pointer l’athlète du doigt. Mais le médecin? Les coachs et chefs d’équipe? Le reste des coureurs? Les infirmiers dans la tente? Ceux qui transportaient les substances? La compagnie pharmaceutique? Les chimistes? Le commanditaire? La roue est grande! Et cela me ramène une fois de plus au Dr Edwards Deming qui a réussit à démontrer après vingt-cinq and de recherche que les processus (l’organisation) sont responsables de 80% des problèmes, tandis que 20% de la responsabilité vient des employés. Mon point est qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Il faut être deux pour danser. Mettre la tête du tricheur sur le bloc, c’est se retrouver à l’époque d’Henri VI qui guillotinait tous ceux qui se pointaient en haut de l’arbre. Le peuple avait soif de sang, on leur en donnait et tout le monde allait dormir paisiblement. Ce serait une grave erreur dans ce cas-ci.

QUELLES LEÇONS EN TIRER SUR LA RÉALISATION DE SOI ET LA RÉUSSITE?

Si votre meilleur vendeur est reconnu coupable d’avoir trafiqué certains contrats au même titre que ses collègues, le condamner sans rien changer ne fera qu’assouvir ses détracteurs et le problème reste non seulement entier, il se décuple. À titre d’exemple, un de mes amis a été mandaté comme vice-président des ventes pour L’Oréal Professionnel au Mexique. Après avoir rencontré tous ses représentants, il a finalement décidé de tous les congédier! Quelques mois plus tard, les revenus de l’entreprise partout au pays avaient plus que triplés. Parfois, il faut faire table rase, surtout pas l’autruche.

Il y a une dizaine d’années, essoufflée d’avoir à garnir ses chambres pour gens d’affaires d’un système internet haute vitesse et d’un (immense) fax haute vitesse, la chaîne d’hôtels Westin s’est questionnée sur cette démarche et la réponse que ses dirigeants et experts donnaient à la haute direction était : « …mais tout le monde le fait ». Après un vaste sondage, il s’est avéré que les motivations du voyageur étaient simple : une bonne nuit de sommeil! En plus des ventes de nuitées, l’entreprise a désormais une deuxième source de revenus, des lits! Apprenez à connaître les motivations de vos gens. Et les vôtres.

EN RÉSUMÉ :

  1. Ne sous-estimez jamais le pouvoir destructeur de l’ego
  2. Connaissez les motivations profondes de vos gens
  3. Arrachez les racines des mauvaises herbes, pas seulement ce qui saute aux yeux
  4. Attardez-vous surtout aux processus, pas seulement
  5. Gardez l’œil sur la balle, persévérez et indignez-vous!

Que vous soyez parent, tuteur, ami, patron, sportif ou travailleur autonome, sachez que tout part de vos valeurs et ce sont celles-là que vous allez inculquer à la génération qui vous regarde tout en haut. La victoire propre, l’esprit sportif, c’est la lumière. La tricherie, c’est l’ombre, la tache qui demeure sur notre âme et dans le regard de tous ceux qui nous ont jadis admirés ou crus. Le prix à payer pour soi est immense, mais il n’est rien à comparer à la déception et au heurt que nous rendons violemment dans le cœur de nos proches, amis et clients.

De toute façon, comme le disait tout haut ce jeune garçon dans cette publicité télévisée de biscuits Christie dans les années soixante dix : « Les bons gagnent tout l’temps! »

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