Lundi, 7 décembre 2015

TARA GHOLAMI, 1ère RÉCIPIENDAIRE DE L’ORDRE DE LA ROSE BLANCHE

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En hommage aux victimes du 6 décembre 1989, Polytechnique Montréal dévoile la première récipiendaire de l’Ordre de la rose blanche.

 
C’est avec un immense plaisir que la direction de Polytechnique Montréal a remis la semaine dernière la première bourse de l’Ordre de la rose blanche à Tara Gholami, diplômée en génie mécanique de l’Université de Calgary. Cette bourse de 30 000 $ créée l’an dernier sera désormais décernée annuellement à une étudiante canadienne en génie qui désire poursuivre ses études en génie au niveau de la maîtrise ou du doctorat au Canada ou ailleurs dans le monde.

Christophe Guy, directeur général de Polytechnique, accompagné de Michèle Thibodeau-DeGuire, principale et présidente du Conseil d'administration de la Corporation de l’École Polytechnique de Montréal, et Nathalie Provost, diplômée de Polytechnique et blessée lors des tristes événements, saluent avec enthousiasme le parcours scolaire et personnel exceptionnel de Tara Gholami. Cette première boursière poursuit actuellement ses études en génie mécanique à l’Université Stanford, en Californie.

« C’est dans le cadre des activités de commémoration des 25 ans de la tragédie du 6 décembre 1989 à Polytechnique que l’Ordre de la rose blanche a vu le jour, dans le but de rendre hommage aux victimes de ce drame, rappelle Christophe Guy. Cette bourse reconnaît non seulement l’importance que Polytechnique accorde à la contribution des femmes au génie, mais elle incarne aussi cette part du rêve que toutes les jeunes femmes désireuses d’embrasser une carrière en ingénierie portent en elles. Tara Gholami, à l’instar de toutes les récipiendaires qui lui succéderont au fil des ans, est une source d’inspiration pour ces jeunes filles. »



« Je suis très heureuse de recevoir l’Ordre de la rose blanche et remercie Polytechnique Montréal d’avoir accueilli et retenu ma candidature avec autant de bienveillance, soutient Tara Gholami. Jusqu’à l’âge de 11 ans, j’ai grandi en Iran dans un milieu où j’ai été exposée à des modèles féminins forts qui ont encouragé mes réalisations. Cette proximité avec ces femmes m’a permis de croire en moi et en mes capacités, et de devenir qui je voulais du moment que j’y mettais les efforts. Je récolte aujourd’hui le fruit de ces efforts et j’espère que mon parcours saura inspirer d’autres jeunes filles passionnées par une carrière scientifique. »

« En tant que présidente du comité de sélection, j’avoue que l’excellente qualité des candidatures a rendu notre tâche ardue », rapporte Michèle Thibodeau-DeGuire, qui a été la première diplômée en génie civil de Polytechnique en 1963. « Le choix de Tara Gholami a toutefois fait l’unanimité parce que nous voyons en elle, d’une part, une femme au portfolio impressionnant et, d’autre part, une femme de coeur et d’engagement qui jette les premiers jalons d’une longue lignée de récipiendaires qui serviront de modèles aux autres jeunes filles qui s’intéressent aux sciences. »



« Je suis fière d’être marraine de l’Ordre de la rose blanche, car cette initiative maintient vivante la mémoire de mes compagnes de classe, affirme Nathalie Provost. Cette bourse constitue par ailleurs un apport financier significatif qui permet à une future ingénieure de réaliser un rêve qui semble parfois inaccessible et qui ressemble, à plusieurs égards, à celui que caressaient celles qui sont disparues. »

Le comité de sélection de l’Ordre de la rose blanche a été présidé par Michèle Thibodeau-DeGuire. Il réunissait également des personnalités remarquables du monde de l’éducation supérieure canadien, à savoir Elizabeth Cannon, présidente et vice-chancelière, Université de Calgary Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière, Université McGill Cristina Amon, doyenne de la Faculté de science appliquée et de génie, Université de Toronto Patrik Doucet, doyen de la Faculté de génie, Université de Sherbrooke Joshua Leon, doyen de la Faculté de génie, Université Dalhousie Pearl Sullivan, doyenne de la Faculté de génie, Université de Waterloo Kimberly A. Woodhouse, doyenne de la Faculté de génie et de science appliquée, Université Queen's.

2e ÉDITION DE LA SEMAINE DE LA ROSE BLANCHE POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Offrir des roses virtuelles pour provoquer l’éclosion de talents prometteurs et éveiller des intérêts qui n’auraient pu émerger autrement, voilà la mission que Polytechnique Montréal donnait à la Semaine de la rose blanche en la créant l’an dernier. En faisant coïncider les activités de commémoration des 25 ans de la sombre tragédie qui a marqué l’établissement avec la création d’un événement annuel lumineux, Polytechnique réitérait qu’elle n’oublierait jamais, mais posait son regard sur l’avenir.



Polytechnique Montréal lance à nouveau un appel à toute sa communauté et au grand public pour qu’ils achètent des roses blanches virtuelles. Cette collecte de fonds permet d’offrir à des jeunes filles issues de milieux défavorisés et pluriethniques la possibilité de développer une attitude positive à l’égard des sciences et du génie.

Bien que les activités culminent chaque année autour du 6 décembre, le site transactionnel demeure toujours ouvert. Il est donc possible d’offrir des roses blanches en tout temps.

UNE PREMIÈRE ÉDITION COURONNÉE DE SUCCÈS: 2 700 ÉLÈVES REJOINTES!

À l’occasion de sa première édition en 2014, la Semaine de la rose blanche a amassé quelque 25 000$ qui ont permis d’accorder des bourses à une vingtaine de jeunes écolières pour participer au camp scientifique Folie Technique. Ce sont encore 70 autres jeunes filles qui ont participé à l’activité Codemakers en partenariat avec Google afin d’en apprendre davantage sur la programmation, 1500 écolières du primaire qui ont suivi des ateliers scientifiques en classe et plus de 1000 étudiantes du secondaire qui ont participé à des ateliers interactifs sur les mathématiques. La Semaine de la rose blanche a également permis la tenue d’un club de science parascolaire et sept classes du primaire situées en milieu défavorisé ont eu la chance d’accueillir un club de robotique.


Photo : Google

« Deux de mes élèves de cinquième année ont remporté une bourse pour le camp Folie Technique cette année, grâce au projet d’Expo-sciences qu’elles avaient réalisé », explique Julia Laporta, enseignante au primaire à Montréal. « Les dons faits à la Semaine de la rose blanche ont concrètement servi à leur faire découvrir le milieu de la science, à s’épanouir, à développer des intérêts, à être en contact avec un milieu universitaire – mais surtout à savoir qu’il leur est accessible – et à en apprendre davantage sur les différents secteurs du génie et les qualités requises pour devenir ingénieure. »

À l’approche du temps des fêtes, les entreprises sont également sollicitées pour offrir des roses blanches à titre de cadeau d’entreprise. L’an dernier, une société québécoise a remplacé l’envoi de son traditionnel calendrier du nouvel an par un don de 2000$ à la Semaine de la rose blanche. Les clients de l’entreprise ont salué le geste et l’initiative a permis à plusieurs jeunes filles de participer à des activités scientifiques au cours de l’année.

La Semaine de la rose blanche est l’occasion de s’accorder collectivement un moment de réflexion, de recueillement et de souvenir qui permet de repartir de plus belle et d’insuffler l’énergie et la force nécessaires aux générations d’ingénieures de la relève.



À PROPOS DE POLYTECHNIQUE MONTRÉAL

Fondée en 1873, Polytechnique Montréal est l’un des plus importants établissements d’enseignement et de recherche en génie au Canada. Polytechnique occupe le premier rang au Québec pour le nombre de ses étudiants aux cycles supérieurs et l’ampleur de ses activités de recherche. Avec plus de 43 000 diplômés, Polytechnique Montréal a formé près du quart des membres actuels de l’Ordre des ingénieurs du Québec. L’institution donne son enseignement dans 15 disciplines du génie. Polytechnique compte 265 professeurs et plus de 8 000 étudiants. Son budget annuel de fonctionnement s’élève à plus de 200 M$, dont un budget de recherche de 80 M$.



À PROPOS DE FOLIE TECHNIQUE

Folie Technique est un organisme à but non lucratif né en 1991 de l’initiative d’étudiants en génie de Polytechnique Montréal. Il offre aux jeunes l’occasion d’explorer l’univers des sciences, des mathématiques, de l’ingénierie et des technologies en réalisant des activités créatives, interactives et accessibles. Les activités de Folie Technique rejoignent chaque année plus de 20 000 jeunes de 7 à 17 ans.

TARA GHOLAMI, LAURÉATE DE L'ORDRE DE LA ROSE BLANCHE

Par Lisa-Marie-Gervais

Petite, comme bien d’autres enfants, Tara Gholami rêvait d’aller sur la lune. « Je voulais être astronaute! En 4e année, j’avais écrit un rapport de 99 pages sur le système solaire », raconte-t-elle en riant. Son rêve ne s’est pas concrétisé, mais la jeune lauréate n’en est pas moins une étoile dans son domaine. Tout au long de ses études, elle brille par un dossier scolaire exemplaire. Ses notes toujours excellentes lui valent de nombreuses bourses et médailles. Parmi les meilleures de sa promotion au baccalauréat en génie chimique, et même après avoir bifurqué vers la mécanique, la jeune femme de 23 ans a obtenu la plus haute distinction de l’école de génie Schulich de l’Université de Calgary. C’est cet étincelant parcours qui l’a propulsée jusqu’aux portes de la prestigieuse Université Stanford en Californie.

Fonceuse et déterminée, Tara Gholami ne s’en laisse pas imposer lorsqu’elle constate que les filles sont peu nombreuses en génie lors de son entrée à l’université. Indignée par les propos d’une amie — une fille! — qui se soumettait à l’idée que les hommes étaient meilleurs que les femmes en sciences et en maths, elle se fait la promesse de ne jamais se laisser abattre pour des questions de genre. Dans son Iran natal, où l’égalité des sexes est loin d’être acquise, elle grandit néanmoins dans une famille ouverte, où garçons et filles jouent indistinctement aux camions et aux poupées. Les classes non mixtes qu’elle fréquente au primaire évitent la compétition entre les sexes. Étrangement, c’est lorsqu’elle arrive au Canada à l’âge de 11 ans qu’elle vit un choc. « Pour les travaux d’équipe, je me suis rendu compte qu’on n’allait pas considérer d’emblée que j’étais l’égale d’un garçon et que je devais prouver que mes idées avaient autant de valeur. »



En ce sens, sa mère, également ingénieure, demeure un phare, un modèle. C’est elle qui a entraîné sa famille en Amérique pour lui donner un meilleur avenir. Avec beaucoup de persévérance, et malgré la barrière de la langue, elle s’est trouvé un emploi dans son domaine. Pour Tara, sa mère incarne parfaitement les valeurs qu’elle souhaite véhiculer, soit qu’on peut avoir du succès dans une profession plus technique encore dominée par la gent masculine tout en faisant preuve d’élégance et de sensibilité. « Si seulement on pouvait montrer aux filles que le génie n’est pas anti-féminin », lance la jeune étudiante.

Ce message, elle l’a amplement véhiculé à des jeunes filles du secondaire alors qu’elle a fait du tutorat en maths et en sciences pour payer une partie de ses études. Elle leur a surtout parlé de l’importance de croire en elles et de ne pas s’imposer des barrières avant même d’avoir essayé. « Je leur dis d’explorer, de laisser aller leur créativité. Et de ne jamais renoncer à une carrière qui les passionne parce qu’on croit qu’on n’y a pas sa place », explique Tara qui s’adonne à la guitare classique dans ses temps libres. Où se voit-elle dans cinq ans? Au doctorat ou en train de travailler dans l’industrie médicale sur des robots-chirurgiens. « Je veux faire une différence dans le monde. Même si je sais qu’il me faudra travailler très fort pour y arriver. »

Une étoile, disions-nous. Mais qui a les deux pieds sur terre.

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