DANS LE MÉTRO COMME AU MUSÉE

Mardi matin, 7 h 45. Des milliers de citadins foncent, tête baissée, dans les dédales du métro. C’est chacun pour soi et on n’y voit que du pavé. Et pourtant! Les 68 stations du réseau montréalais recèlent plus d’une centaine d’œuvres d’artistes de renom. Une véritable galerie d’art public à admirer, pressé par le temps ou non. Voici trois œuvres parmi les plus surprenantes, qui sauront égayer de futures promenades souterraines.

VERRIÈRE DE MARCELLE FERRON, STATION CHAMP-DE-MARS

Ses vitraux colorés, dont les reflets vifs suivent les usagers jusque sur les quais, ont valu à Champ-de-Mars le titre de la plus belle station de métro du monde, un honneur décerné en 2011 par le guide de voyage américain Bootnall. Difficile de croire que l’artiste automatiste Marcelle Ferron, signataire du Refus global de Paul-Émile Borduas, a dû se battre pour la réalisation de cette fresque abstraite. À l’époque, le peintre et caricaturiste Robert LaPalme, alors directeur artistique du métro de Montréal, souhaitait plutôt se servir de l’art figuratif pour illustrer l’histoire de la ville comme dans un « livre d’images ». Une vision qui avait provoqué une levée de boucliers parmi les artistes québécois. Verrière fut finalement inaugurée en 1968, au terme d’une longue bataille entre le maire Jean Drapeau et Robert LaPalme.

SYSTÈME DE PIERRE GRANCHE, STATION NAMUR

Vingt-huit polyèdres en aluminium illuminés par des néons triomphent au-dessus de la mezzanine de la station, formant autant de molécules imaginées par l’artiste Pierre Granche. Sa sculpture, qui semble tout droit sortie d’un film de science-fiction, a été édifiée en 1984 au coût de 86 000$, ce qui en fait l’œuvre la plus dispendieuse du réseau. Un pari qui fut en somme payant puisqu’en 2013, Système a permis à la station Namur d’être identifiée comme la plus originale au monde par le guide de voyage Lonely Planet.

CALCITE DE MAURICE LEMIEUX, STATION DE LA SAVANE

Une énorme sculpture en acier inoxydable signée Maurice Lemieux place sans contredit la station De la Savane parmi les plus spectaculaires du réseau. Un puits de lumière éclaire l’installation aux allures futuristes, qui reflète ainsi les rayons du soleil jusqu’aux extrémités de la mezzanine. Le soir ou par temps gris, ce sont plutôt des lumières multicolores qui donnent du relief à cette sculpture insolite, inspirée par le minerai trouvé lors de la construction de la station, au début des années 1980. En continuité avec ce cristal de calcite qui perce le plafond de la mezzanine, les architectes Guy de Varennes et Almas Mathieu ont imaginé des murs de béton brut taillé en angles aigus et irréguliers d’où jaillissent des luminaires sphériques, amplifiant l’atmosphère surréelle de la station.

ÉCHOS MONTRÉAL