Lundi, 3 décembre 2012

NE TOUCHEZ PAS AUX BELLES HISTOIRES

J’ai sursauté quand j’ai lu que le producteur François Rozon envisage de faire une adaptation de la célèbre série culte du petit écran. Un vrai manque d’imagination.

 

Rozon a acheté les droits des épisodes du téléroman pour en faire un « remake ». Pas que je veuille faire mon conservateur plus qu’il ne faut, mais il me semble qu’il y a des choses qui doivent être sacralisées dans ce bas monde. Quand il y a eu la version au cinéma ça m’avait moins heurté, car c’était pour le grand écran et c’était donc un autre support. Puis la musique thème était tellement belle. Mais de vouloir vampiriser la télé avec une version des Belles Histoires, ça non.

Pour la raison suivante. Si cette série est rediffusée à l’infini depuis sa création, c’est pour deux raisons : des textes indémodables qui soulignent les forces et les faiblesses des hommes et des femmes et un casting d’enfer. Le premier Séraphin de l’histoire, Hector Charland, était pas mal. Mais Jean-Pierre Masson est inégalable. Et à une copie on préférera toujours l’original. Ce Séraphin était davantage que son célèbre « viande à chien ». C’était une palette infinie de nuances au niveau émotionnel. Même que par moments, on s’imaginait presque qu’il allait avoir des accents de bonté, pour se rendre compte qu’il demeurait toujours fidèle à son avarice légendaire. Je ne passerai pas en revue tous les personnages, mais vous voudriez qu’on trouve un remplaçant à René Caron dans le rôle de Todore Bouchonneau?


PERSONNE N’EST IRREMPLAÇABLE

François Rozon, en voulant s’approprier les Belles Histoires et ajouter une paire de cuisses en porte-jarretelles comme élément de nouveauté, sous prétexte qu’il devait bien y avoir des filles légères à Sainte-Adèle, me fait penser à ces patrons ingrats qui, pour ne pas valoriser à leur juste valeur leurs employés, leurs disent : « Personne n’est irremplaçable ». Bien je m’excuse, ti-gars, mais en chanson, Charles Trenet, Léo Ferré, Brel, Félix Leclerc et Barbara, pour ne nommer qu’eux, ne seront jamais remplacés. Et qui vous verriez pour faire Séraphin? Guillaume Lemay-Thivierge et Mariloup Wolfe en Donalda? Puis la cocotte du village serait jouée, j’imagine, par Mahée Paiement? Tiens, pourquoi pas le père Ovide par Guy A. Lepage. On ne le voit jamais assez.

Et Joël Legendre en Alexis? Au lieu d’emprunter des sentiers foulés par des dinosaures de la télévision, pourquoi ne pas aller tout droit vers la création? Lorsque les séries l’Héritage, Cormoran et Le Temps d’une paix ont été mises à l’antenne, elles ont su trouver tout de suite leurs auditoires. Rozon, vous cédez à la facilité car vous pensez que du simple fait que ce seront d’autres Belles Histoires, les gens vont se précipiter. Je pense qu’ils vont plutôt demeurer fidèles à la série d’origine. C’étaient de fabuleux comédiens. Je dis ça au passé, car ils sont presque tous morts. Vous essayez ici de faire du neuf avec du neuf, car je le répète, la première mouture surfe sur toutes les époques, car Claude-Henri Grignon portraiturait la nature humaine comme peu ont su faire avant et après lui. De grâce, François Rozon, allez jouer ailleurs et laissez l’âme des personnages en paix.

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