PAUL GREENGRASS ET MATT DAMON S'ATTAQUENT À L'IRAK

En présentant La zone verte aux médias, Paul Greengrass s’est défendu d’avoir voulu faire un film sur la guerre en Irak, préférant jouer sur l’aspect de thriller de sa nouvelle production. C’est que le tandem Greengrass-Damon a déjà fait ses preuves au box-office avec les deux derniers films de la franchise des Jason Bourne. Souhaitant surfer sur cette vague commerciale, les deux hommes ont, durant la promotion du film, insisté sur les éléments de suspense et de film d’action de La zone verte, délaissant l’intrigue politique. Et c’est une erreur d’importance, dans la mesure où le scénario du film repose essentiellement sur la seule question des ADM en Irak, les 115 minutes du long métrage nous entraînent à la suite de Roy Miller et des découvertes qu’il fera en souhaitant servir au mieux son pays.

Le suspense est essentiellement artificiel, créé de toutes pièces par Paul Greengras,s en utilisant des procédés cinématographiques maintes fois employés. Caméra à l’épaule et musique suivant des soldats courant dans tous les sens ne nous font pas oublier qu’on connaît déjà les grandes lignes de la fin du long métrage : non, il n’y a pas d’armes de destruction massive en Irak. Oui, le soldat en question finira par voir qu’il ne s’agit que d’un prétexte. Par contre, le fait de voir les luttes de pouvoir entre l’armée américaine et la CIA n’est pas dénué d’intérêt. Il est dommage, en revanche, que les producteurs et le réalisateur aient senti le besoin de camoufler le tout - sans doute pour mieux faire passer la pilule auprès d’un public américain frileux à l’idée d’effectuer un mea culpa sur la question irakienne - sous une apparence de film d’action.

Il y a, malgré tout, de bons éléments à cette zone verte, qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le Body of Lies de Ridley Scott, avec Leonardo DiCaprio et Russell Crowe. Au chapitre de la distribution du film, Matt Damon porte la production sur ses épaules, aidé efficacement par Greg Kinnear, Brendan Gleeson et Amy Ryan, bien que leurs rôles ne soient que très secondaires. Quant au scénario et aux dialogues, ils ne sont pas mauvais - on y trouve quelques répliques cinglantes anti-américaines - mais ne passeront pas à l’histoire. Si l’on se sort pas franchement déçu de la projection de La zone verte, on n’en sort pas enthousiaste, loin s’en faut. Et on se prend à espérer qu’un cinéaste (Oliver Stone était brillamment parvenu à montrer les intérêts économiques du gouvernement américain dans son W.) trouve, un jour, la manière adéquate de s’intéresser à ce pan de l’histoire mondiale.

Source : Canoë