ROMAN POLANSKI EN PLEINE FORME

Comme Clint Eastwood, Roman Polanski est un réalisateur aguerri, qui n’a plus à démontrer son talent. L’écrivain fantôme est donc un thriller politique bien ficelé qui n’a besoin d’aucun artifice moderne pour séduire. Pas d’effets spéciaux à grand déploiement, pas de scènes d’action, mais un scénario serré - coécrit par Polanski lui-même et Robert Harris, auteur du roman dont est tiré le film - et cohérent. Dans cette ambiance volontairement froide et où tout est anguleux - des décors aux costumes, en passant par la coiffure de Kim Cattrall - on retrouve des thèmes chers au réalisateur, aujourd’hui assigné à résidence en Suisse et qui a terminé le montage de L’écrivain fantôme alors qu’il était incarcéré : l’exil involontaire et le goût des médias pour le scandale.

Même si personne n’est ce qu’il semble être dans ce long métrage qui ressemble à une toile d’araignée savamment tissée, le cinéaste ne livre pas un film torturé, dans la veine de Lunes de fiel ou de La neuvième porte. L’écrivain fantôme est un digne héritier de La jeune fille et la mort, c’est un savant huis-clos où les personnages se dévoilent un à un, sans qu’on sache exactement où se situe la vérité. Et Roman Polanski prouve ici qu’il est encore possible de livrer une œuvre pour le simple plaisir de raconter une histoire, sans recourir à d’inutiles ficelles pour accrocher le spectateur.