Lundi, 16 août 2010

TOUT QUITTER POUR TOUT RETROUVER

Donnons à « Mange prie aime » le mérite qui lui revient : il fait oublier les stéréotypes « masculinistes » (un mec perd sa blonde et fait tout pour la reconquérir) pour plutôt nous proposer l’histoire d’une femme qui perd tout, incluant son goût de vivre, et qui part à l’aventure pour se retrouver elle-même.

 
Ça ne peut pas nuire lorsque cette fille est l’auteure à succès Elizabeth Gilbert et qu’elle est interprétée par la non moins talentueuse Julia Roberts. Liz est malheureuse : elle est coincée dans un mariage sans issue avec Stephen (joué par un Billy Crudup hilarant). Elle veut voyager et vivre des aventures, lui veut des enfants et une maison. Il ne faudra pas beaucoup de temps avant qu’elle ne le quitte pour un acteur (David, interprété par James Franco), mais cette relation ne sera qu’un feu de paille. Après s’être procuré un dictionnaire italien-anglais...

... avoir vu une photo du gourou de David et s’être fait lire les lignes de la main par un guérisseur balinais ressemblant étrangement à Yoda, elle entreprend ce que toute héroïne de film de filles aurait entrepris : elle laisse tout tomber et part à l’aventure pendant une année en Italie, en Inde et en Indonésie. L’histoire des six gazillions de femmes (et des quelques hommes) qui ont lu le best-seller d’Elizabeth Gilbert est bien connue. Mais même si le film est fidèle au livre qui l’a inspiré; la scénariste Jennifer Salt et le réalisateur Ryan Murphy sont parvenus à s’approprier le texte original pour en faire un film d’une très belle facture visuelle.

QUELQUES DÉFAUTS

Malgré tout, le film a ses défauts. De un, il est difficile de compatir pour une jeune femme dans la trentaine qui possède tout, simplement parce qu’elle est « malheureuse ». Si la même histoire mettait en scène un homme, on le traiterait d’idiot égocentrique. De deux, Julia Roberts pleure pendant la moitié du film, et comme elle est dans toutes les scènes du film, ça fait beaucoup de braillage. Ne vous trompez pas : elle est très crédible et touchante. Mais soyons sérieux : toute sa carrière est basée sur son sourire à un million de dollars, alors la voir pleurer pendant la moitié d’un film est plutôt... étrange.

De trois : 133 minutes pour ce film, c’est tout simplement trop long. Même si ça fait changement des orgies d’effets spéciaux de films de superhéros, Mange prie aime n’est rien d’autre qu’un film trop long, sur des gens plus beaux que vous, dont la vie est transformée par des voyages que vous n’aurez jamais les moyens de vous payer. Voilà de quoi être bien plus déprimés que Liz Gilbert, et pour de bien meilleures raisons.

ok