MARIE FUGAIN : MOI, ON NE M'A JAMAIS DEMANDÉ COMMENT J'ALLAIS...

La quatrième de couverture nous met tout de suite sur les rails. Le 18 mai 2002, Laurette Fugain, une jeune femme de 22 ans, vient de quitter ce monde et dans les bras de sa grande sœur Marie à la suite d’une leucémie. « La famille est ravagée, les amis arrivent, tous s’apitoient sur la douleur des parents, sur son petit frère Alexis, si jeune pour un tel drame… » J’écris, je ne dis rien, c’est très vendeur peut être, mais le contenu de ce livre est tout autre pour moi. Il ne s’agit pas d’un règlement de compte comme ont pu le dire certains journalistes…

Et puis, on lit la suite de cette quatrième de couverture : « Et Marie, elle n’a pas mal, elle? » Comment va-t-elle d’ailleurs?, me suis-je demandée! Et surtout lire le contenu de cet ouvrage avant de réécouter son interview (enregistrée, que je vous énoncerai dans mon blog), vous laisse sans voix. Marie a crié et très fort dans son franc parlé. Au diable les silences qui en disent parfois trop en sous-entendus et qui oublient que nous sommes vivants!…

Dans les premières pages, la question qu’elle se pose c’est d’abord pourquoi? Demande-t-elle à Dieu? « Pourquoi partir tôt, si tôt trop tôt. Bordel, mais qui s’occupe des plannings là-haut! Une certaine cohérence serait la bienvenue. Malheureusement, la fatalité a l’air d’avoir plus de pouvoir que la cohérence. » D’entrée de jeu on sent Marie comme une femme extrêmement pétillante et pleine d’énergie. J’ai lu son livre, j’ai même pris quelques notes, pour vous donner un aperçu de ce qu’elle nous dit d’une part et d’autre part pour vous donner envie de le lire et parce que ce livre est un vrai message d’espoir. Un cri du cœur, un cri d’amour et enfin, un récit remplit de tendresse.

Elle y écrit des souvenirs : « Les fous rires! Les fêtes de fin d’année avant l’heure! Puis déclarer de plein fouet pour nous rappeler qu’on lui a enlevé sa soeur : « Bonne année salope de Leucémie. » Le crabe, comme elle l’appelle.

« J’ai passé pas mal d’années à me remettre de la disparition de Laurette », écrit–elle encore… comme pour se rappeler qu’elle a encore mal.

Un autre souvenir évoqué, un dîner de gaspacho avec une tarte à la moutarde et à la tomate, un dîner qui devient un vrai souper de rigolades. L’une des meilleures journées de ses souvenirs avec sa soeur. La tarte Laurette restera gravée en ce qui me concerne!

Elle revient également sur l’un des moments les plus angoissants pour sa sœur et pour elle, pour tous ces malades qu’avait été la période du 11 septembre 2001. « Comme le monde entier depuis son lit d’hôpital, ma sœur a vécu comme les autres malades une vraie source de peur, d’incertitude, dit-elle. Et la peur que Paris soit attaquée était omniprésente dans les chambres. Où iraient-ils s’il y avait une alerte à la bombe? »

Elle raconte une famille unie et pleine de bonnes attentions en ces périodes de combat contre la maladie. Ses rôles au cinéma, à la télévision. Des moments inoubliables des périodes si difficiles qu’il faut parfois s’accrocher. Ce livre est un vrai livre de chevet qu’on pourrait lire comme un roman mais les histoires ne sont pas toujours comme on voudrait qu’elles soient, semblables à des histoires d’amour.

Marie nous met toutefois en garde et nous rappelle dans ce récit les choses les plus essentielles de la vie. « Je pense que ce qui est le plus angoissant dans la vie, c’est quand l’ordre établi vacille, vous emporte dans un tsunami de doutes et de craintes. »

Un autre sujet survient dans cette malédiction. L’euthanasie serait-elle la solution lorsque des médecins ne considéraient même pas que le cas de Laurette Fugain soit un cas grave?!? On croit rêver! Mais non, vous ne rêvez pas! C’est une réalité que je m’étonne moi-même de lire.

Malgré cela la famille continue de se battre. Les derniers jours de sa soeur et les inlassables pauses de Piaf avec Laurette qui nous rappellent que la vie, l’amour, sont plus forts que tout.

Au fil du récit et des pages, Marie nous raconte sa vie, ses moments de bonheur, son mariage en Corse, ses souvenir, son journal, sa rencontre avec son mari Richard Charest et la venue de ses enfants, des moments de gaieté et que l’on se le dise, ce livre est très positif. Ce que je retiens pour ma part dans cette histoire est que tout ou presque est à retenir. Absolument tout. On a l’impression que les citations faites sont toutes indispensables à la peine, à la douleur, à la raison, à la famille, au deuil qu’elle ne fera jamais et qu’elle refuse de faire pour garder Laurette auprès d’elle. Pour la garder dans son cœur pour toujours.

Marie, dans son souvenir, veut sa sœur pleine de vie, farceuse, chiante avec ses mots. Du côté de ses parents et de ses grands-parents, c’est un cri d’amour, un appel qui mérite d’être lu et qui mérite réflexion pour chacun de nous. C’est l’amour des siens qui prime avant tout. En tout cas, c’est vraiment réussi!

« Il faut savoir reconnaître son bonheur quand il pointe le bout de son nez », nous déclare-t-elle dans son livre. Un bonheur qui lui sourit parfois et qu’elle attrape au pied levé comme pour nous l’écrire et nous réveiller…