MARC HERVIEUX, LE DELICATESSEN VOCAL

 

TOUTE VÉRITÉ EST BONNE À DIRE

Je qualifierais sa démarche artistique de véritable delicatessen vocal. Pourquoi un delicatessen? C’est que dans ce genre d’établissement, vous trouverez toutes les spécialités, des mets grecs, continentaux, chinois, italiens, etc. Il y en a pour tous les goûts. Et ce n’est surtout pas de la grande cuisine. Eh bien chez Hervieux, on trouve aussi de tout. Il chante de l’opéra, du rock, de la balade. Du rap? OK, je vais vous en faire.

L’autre jour, il s’est essayé à chanter, à une émission matinale pour petites madames, Nessun dorma, l’air célébrissime de l’opéra Turandot, de Puccini. Sa voix a détimbré, dans les notes finales. D’abord, tout chanteur d’opéra sérieux s’interdit de chanter le matin. C’est ce qu’a d’ailleurs fait la soprano Marie-Josée Lord, qui a opposé un refus à une animatrice radio du matin, qui voulait qu’elle entonne un petit quelque chose pour les auditeurs. N’importe quel coach vocal vous dira que de chanter comme le fait Hervieux va  le faire courir à sa perte. D’ailleurs, il trône comme « numero uno » au Royaume de la poutine. Comme dirait l’autre, vaut mieux être le premier dans son village que le centième dans le monde. Et ce n’est pas parce que le petit milieu montréalais se pâme, qu’il faut croire qu’Hervieux est fantastique.

Est-ce que parce qu'une multitude de gens mange chez McDonald, que cela en fait de bons aliments? Hervieux doit à Ginette Reno sa notoriété subite. Il débarque depuis dans les studios avec son air débonnaire, sa crinière à la Samson et en fait une tonne. Il épate la galerie par sa bonne humeur. Je comprends, un chanteur lyrique qui fait du cash au Québec demeurera toujours exceptionnel. Ici, seulement Nathalie Choquette a réussi l’exploit, non pas comme chanteuse sérieuse, précisons-le, mais en raison de ses bouffonneries. Le Québec n’a jamais été capable d’écouter un opéra au complet. Pas plus ailleurs dans le monde non plus. Ici, on sert des petits mets faciles à digérer. Et Hervieux devrait abandonner le titre de ténor. Quand tu chantes du rock en t’égosillant à la Éric Lapointe... Je me contenterais du mot chanteur tout court, plus conforme à l’emploi qu’il fait de son talent.


N.D.L.R.:

LES PROPOS TENUS PAR LE CHRONIQUEUR NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT

L`OPINION DE LA DIRECTION DE LAMETROPOLE.COM