Dimanche, 14 février 2010

LE RETOUR DE JEAN-MICHEL ANCTIL

Ce devait être la fin des spectacles d'humour pour Jean-Michel Anctil. En 2003, il a annoncé son retrait de la scène pour se consacrer au cinéma, à la radio et à d'autres facettes du show-business. Mais le naturel est reconnu pour sa tendance à revenir... « Tel quel », son troisième spectacle, sera présenté au Centre Bell la semaine prochaine.

 
Ce soir-là, Jean-Michel Anctil tremblait dans les coulisses. Il venait d'offrir un court spectacle à La Baie, un des huit d'une mini-tournée organisée l'hiver dernier à la demande de ses auditeurs de Rock Détente. En sortant de la scène, il a « craqué ». « J'ai eu une crise d'angoisse, se souvient-il. Ma blonde me disait : « Je pense que t'as quelque chose de brisé en dedans. Va voir quelqu'un ». » Il appelle alors Danie Beaulieu, psy et conférencière qu'il avait déjà invitée à son émission de radio. Anctil suivra avec elle une thérapie d'intégration par mouvements oculaires.

Sur son site, la psy décrit ainsi le processus : « Un traitement dont la rapidité honore le plein potentiel d'autoguérison de l'être humain ». « Elle pose des questions et on répond en essayant en même temps de suivre ses doigts des yeux, précise l'humoriste. Quand on ment, le regard a tendance à fuir, alors on ne peut pas mentir. Ça aide à reconnecter les zones du cerveau. Ça brasse quand elle met le doigt sur ton piton. J'en ai braillé une shot ». Ce « piton », dit Anctil, était son épuisement. Dans sa précédente tournée, il avait vendu 500 000 billets - un record - et donné pas moins de 734 spectacles en quatre ans. C'est l'équivalent d'un spectacle aux deux jours, avec les déplacements, la préparation et le stress que cela suppose. « C'est pour cela que je voulais abandonner la scène, poursuit-il. Et il y avait aussi une autre raison. À l'époque, le métier d'humoriste était de plus en plus dénigré. Moi, je voulais montrer que je pouvais faire autre chose. Je voulais jouer, explorer mon côté dramatique ».

En plus de l'entendre à la radio, on l'a notamment vu dans le film De père en flic, dans les séries Lance et compte : le grand duel et 450, chemin du Golf, ainsi que dans la pièce Tout Shakespeare pour les nuls. Mais, guidé par sa psy, il commence à penser qu'il est en train de s'égarer de son « essence », celle d'humoriste. Vers la fin de l'hiver 2009, il recommence donc à écrire. « Dès la première journée, ça fonctionnait super bien, rien n'était douloureux. Puis, le lendemain, je me suis réveillé avec une belle image en tête. Je voyais un érable entaillé avec la sève qui coulait. J'ai appelé Danie et elle m'a dit : « On a débouché ton tuyau, je te laisse, amuse-toi ». »

Préscilla, Râteau et Cie

Cette histoire, c'est Anctil qui choisit de nous la raconter en détail, sans gêne. Il ne touchera presque pas à ses crêpes pendant les 20 premières minutes de l'entretien. Il en parle pour justifier son retour et aussi pour expliquer la trame de fond de son nouveau spectacle : « la quête ». C'est la crainte, dit-il, de ne pas se trouver au bon endroit, de ne pas s'accomplir dans son travail et de ne pas profiter de sa famille. Ce thème traverse Tel quel, mais il ne l'alourdit pas, assure Anctil. Certains numéros s'annoncent très légers. « Je ne suis vraiment pas un gars manuel, lance-t-il. Tellement que ça peut être dangereux. J'ai déjà failli me planter un clou dans le front. Alors il y aura un numéro là-dessus ».

On entendra aussi des gags sur son côté hypocondriaque, sur sa crainte de voir ses filles déménager pour de bon en Chine et sur le malaise qu'il a éprouvé lors de son premier massage. La première partie du spectacle permet selon lui de mieux le découvrir. La deuxième se consacre à ses personnages. Il jouera trois clochards dans un numéro sur les sans-abri. Et il déterrera aussi ses vieux personnages Râteau, l'homme infidèle et Préscilla. A-t-il l'impression de se répéter ou d'écrire pour les nostalgiques? « Non, répond-il. En fait, j'ai voulu faire évoluer mes personnages. Par exemple, Préscilla se trouve un amoureux, mais ça ne finira pas nécessairement bien. L'infidèle, lui, devient l'avocat qui plaide la cause de l'homme devant les femmes. Et Râteau? Disons que c'est avec lui qu'on bouclera la boucle. On va le découvrir tel quel ».

Tel quel de Jean-Michel Anctil, les 19 et 20 février, au Théâtre du Centre Bell.

Source : Paul Journet

Jean-Michel Anctil
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