On nous avait prévenu, vous allez voir, c’est un décor comme on en voit dans les bistros très branchés de la Californie, genre Rodéo Drive. Effectivement le décor est clinquant mais avec un très bon goût et où la luminosité est exploitée judicieusement, tamisée juste ce qu’il faut en salle. C’est toujours la famille Ragueneau qui en est propriétaire. Et c’est justement Torrance, qui a succédé à son père Bernard et qui préside à la destinée de l’établissement qui nous reçoit.



Il est là tous les soirs et veille à personnaliser l’accueil aux clients. « C’est absolument normal de voir à bien recevoir la clientèle. D’ailleurs ça toujours été comme ça chez nous. »



Vous avez le club, le bar et le bistro. Après avoir pris le cocktail au bar, nous grimpons à l’étage du bistro. Une belle carte nous est présentée avec une calligraphie à l’ancienne qui rappelle le début du dernier siècle. Le menu a été élaboré par Jean-François Vachon qui a fait ses classes à l’Express et chez Ferreira.

Une grande avec des classiques mais dont chacun a une touche d’originalité. Voici ce que nous avons commandé et qui donne une idée même imparfaite des merveilles qu’on y trouve : six huîtres Rockefeller, salade tiède de gésiers de canard confit (avec pommes de terre jaune, laitue frisée, lardons et vinaigrette à l’échalote); foie de veau de lait rôti (accompagné d’un écrasé de pommes de terre Gabrielle à l’ail rose confit, champignons boutons et sauce lyonnaise) en passant d’une tendreté confondante. Puis ce fut une cuisse de canard confite (topinambours et champignons, jus au cidre, échalote).

La tarte au chocolat est unique sur le continent. Imaginez cette pointe où trône un chocolat Alpaco à 66% avec des pépites, tenez-vous bien, de feuilles d’or comestibles…Il y n’y a bien qu’au Thursday’s pour voir et goûter pareille folie.

On avait été tenté au départ par le gratin de macaronis à la Paul Bocuse, mais c’est la tristesse de notre métier, l’estomac a une limite qu’il ne faut pas dépasser. Et cette cérémonie des sens a été arrosé par les meilleurs cépages qui soit. C’était émouvant de revoir la place renaître ainsi de ses cendres. Il évoque des souvenirs pour bien des générations et parti comme c’est là, il s’assure d’autres belles décennies devant lui.

A l’heure où la restauration montréalaise est en crise et que bien des établissements classiques ferment, le Thursday’s s’est donné de grands moyens pour faire face aux défis nouveaux qui les attendent. Le passé ici est vraiment garant de l’avenir.

THURSDAY’S

1449 rue Crescent, Montréal H3G 2B2   

Tél. (514) 288 5656

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