Mercredi, 16 novembre 2016

LE FILET DU BONHEUR !

 


Si tu veux devenir heureux pendant une heure, bois du saké.
Si tu veux devenir heureux pendant trois jours, marie-toi.
Si tu veux devenir heureux pendant huit jours, tue un cochon et mange-le.
Si tu veux devenir heureux pour toujours, apprends la pêche.


Ce proverbe chinois me donne tout de suite envie de pêcher. Moi qui suis paresseuse, plutôt que la canne à pêche, j’opterais pour le filet. Et tant qu’à être paresseuse, pourquoi ne pas aller manger le poisson directement au Filet, ce restaurant auréolé de gloire dans le monde gastronomique montréalais?

Le Filet a vu le jour en février 2011 sur l’avenue du Mont-Royal. Deux des quatre copropriétaires du Filet sont messieurs Claude Pelletier et Hubert Marsolais qui possèdent également deux autres restaurants tout aussi réputés: Le Club Chasse et Pêche et Le Serpent.



À l’entrée se trouve l’emblème du restaurant, un écu avec un filet et un rond. Déjà, on sourit au double sens du nom et du logo. Parce qu’en face, il y a des terrains de tennis, on pense au filet et à la balle de tennis. On pourrait aussi interpréter ce dessin comme l‘œil et les écailles du poisson piégé dans un filet ou même déjà le filet de poisson dans l’assiette.  La table est mise pour une amusante soirée.

Une fois à l’intérieur, on oublie le tennis. Le décor aux bandes verticales métalliques ne se démode pas même après plus de cinq ans. Le restaurant s’étire en longueur et l’ambiance agréable y domine, l’éclairage est tamisé et confortable.  On pourrait se croire dans un sous-marin surtout avec les décorations donnant l’impression de vues sur l’abysse à travers des hublots.

LE BALLET DE L’ÉQUIPAGE DU SOUS-MARIN EST TOUT À FAIT SPLENDIDE

Au service: Efficacité, passion et humour. C’est monsieur Patrick Saint-Vincent, le troisième des quatre copropriétaires du Filet qui en est responsable.
Le personnel peut facilement offrir une description détaillée des ingrédients. J’ai été personnellement touchée par le récit de pêche du délicieux poisson reposant dans mon assiette. Jamais mon verre ne fut laissé vide grâce à la discrète attention du service. J’ai même vu le serveur profiter de l’absence d’un client parti fumer pour replier correctement sa serviette et ranger son couvert.



Aux fourneaux s’alignent les cuisiniers dont le regard sérieux accompagne leur traitement impeccable des ingrédients.  Le quatrième copropriétaire du restaurant, le chef Yasu Okazaki les dirige. C’est un Japonais initié aux secrets de la cuisine française tout en conservant son goût pour la cuisine kaiseki.  Le résultat: des recettes innovantes et à des plats exquis. En tant que Japonaise, qu’un compatriote arrive à de tels résultats en gastronomie française me rend très fière.

Le menu se divise en trois sections: jeu, set et match respectivement pour amuse-gueule, hors-d’œuvre et plats principaux.



1. Huîtres & Garnies selons l’arrivage

Ce jour-là, on nous a servi des huîtres «Raspberry» de l’Île du Prince Edouard assaisonnées de petits morceaux de jalapeno et de sirop d’érable. Une absolue fraicheur salée-sucrée envahie la bouche.
Les huîtres «Wianno» de Cape Cod sont servies chaudes couvertes d’une sauce miso et mayonnaise gratinée. C’est surtout le miso, condiment salé, mais qui procure un délicat goût de soja et un doux parfum floral, qui rend le tout délectable.



2. Rillette de Maquereau fumé, huile citron, tuile

Le maquereau fumé mélangé avec des sésames noirs et blancs grillés exhalent une agréable odeur de noix et de mer. On le mange en canapé sur une tuile. Un Muscadet l’accompagne parfaitement.



3. Ceviche de pétoncles, asperges, bettrave, avocat

On dirait un château couleur arc-en-ciel. La magnifique présentation n’empêche pas l’harmonie des saveurs, c’est délicieux.



4. Tartare de thon, Å“uf confit, nori


Le mélange du thon rouge, de l’œuf et de nori (algue séchée) est la combinaison préférée de la plupart des Japonais. Ici, le nori frit ajoute le plaisir sonore du croquant dans la bouche.



5. Oursin du Québec, sauce calmar, noix de pin, jelée de pomme

Mon coup de coeur! Présenté comme un petit bijou précieux dans une petite boîte. L’oursin fond dans la bouche embaumant un doux parfum de mer. La jelée de pomme y ajoute une harmonie aigre-douce.



6. Tartelette à la tomate, parmesan, pesto, vanille

Comme un panier rempli de petites tomates des champs, on nous présente une tartelette croquante à l’italienne débordante de tomates savoureuses et juteuses avec un pesto de basilic et une purée d’ail. Un vin d’Autriche fruité et biodynamique, Nikolaihof Wachau, l’accompagne parfaitement.



7. Tataki de wagyu, aubergine, pleurote épicé, miso

Voilà le boeuf japonais bien réputé. Brièvement grillé, mariné et assaisonné avec du miso. Quelle tendreté! Quel doux parfum! Quel goût épatant!



8. Linguini à l’encre de seiche, palourdes, crevettes, calmars

Voilà une brillante distribution avec en vedette des fruits de mer. Les linguini noirs de la maison enlacent tous les composantes du plat.



9. Transcience  

Mon dessert préféré: trois élégantes dames cerises en chapeau flottant sur une barque de mousse à la prune accompagnées de yogourt. Le mélange complexe de saveurs accentue la fraîcheur des fruits.



10. Carré au sirop d’érable, crème fouettée, pacanes


Un pur délice québécois accompagné de crème, de pacanes rôties caramélisées. On double le plaisir avec un petit verre de cidre de glace.

Une soirée chez le Filet est un bonheur. Deux soirées seront du bonheur doublé. Et plus de deux soirées vous rapporteront du bonheur presque pour l’éternité! Mesdames et messieurs, je vous souhaite plein de bonheur!

Kuniko (Nico) Fujita
Journaliste / Chroniqueuse 
Association japonaise des critiques gastronomiques
Japan Food Analyst Association
Coco Montréal

LE FILET

219, ave. Mont-Royal Ouest
Montréal, QC, H2T 2T2
+1 (514) 360-6060
NICOFUJITAEnregistrerEnregistrer
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