BOURGOGNE, AIMER SA COMPLEXITÉ

Avec Derrière chez Édouard, Sous le dos d’Âne, Tonton Marcel, Les Joyeuses ou encore L’homme mort, c’est facile de se laisser porter par la complexité et l’unicité de ce vignoble au centre-est de la France.  Le 24 mars, vignerons, œnologues et négociants de la Bourgogne étaient à Montréal pour faire découvrir leurs vins. Plus de 35 bourguignons ont rencontré les 600 visiteurs qui ont franchi les portes du Loft Hotel de la rue Sherbrooke. La Bourgogne, avec ses milliers de « climats » (climat en Bourgogne fait référence à un terroir,

une parcelle classée en premier cru) et ses lieux-dits, est pour moi la plus complexe des régions vinicoles au monde. Retenir tous ces noms de parcelles et de villages évocateurs est un travail de moine. Et pourtant, chaque « climat » possède son terroir spécifique avec une origine géologique qui lui est propre. On peut se retrouver avec deux terroirs différents, à l’intérieur d’un même vignoble. C’est pourquoi on parle de « mosaïque de terroirs ». On parle également en termes d’ares plutôt que d’hectares en Bourgogne, puisque les climats (parcelles) sont de petite dimension. Par exemple, la Romanée est la plus petite appellation avec ses 0,8 hectares.

DEUX CÉPAGES ET UNE HISTOIRE

Ici, les principaux cépages, le Pinot Noir et le Chardonnay bénéficie des facteurs naturels mais également de l’homme et de la femme. Une influence qui nous ramène dès le 1er siècle, quand le vignoble s’implante sous l’influence Gallo-Romaine. Les premiers écrits qui signalent le vignoble de Bourgogne sont ceux du discours d’Eumène en 312. Puis les moines de Cluny, en Mâconnais et Chalonnais, et les Moines de Citeaux en Côte-d’Or, Chablisien et Chalonnais, formalisent le travail de la vigne. On doit aux moines de Citeaux la construction du célèbre château du Clos de Vougeot au début du 12e siècle.

Aujourd’hui, ces noms de vins Clos de Tart, Clos de Vougeot, Clos de Bèze, sont souvent l’héritage des communautés religieuses fondées avant la fin du 12e siècle. Le Clos, en Bourgogne, entoure la parcelle (climat) classée. Ce qui caractérise les vins de Bourgogne, au delà de la richesse de cette mosaïque de terroirs, c’est la puissance combinée à l’élégance des vins et leur capacité à se magnifier dans le temps. Voici quelques coups de cœur de ce salon qui ne représentent qu’un échantillon de l’offre bourguignonne.

QUELQUES COUPS DE CŒUR :

Château de Béru – Chablis 1^er Cru Vaucoupin 2009

Sur la commune de Chichée, le premier cru Vaucoupin exprime toute la délicatesse octroyée par un terroir argilo-calcaire et rocailleux, en conversion bio depuis 2006. Dans le verre, le Chardonnay est tout en finesse avec des notes de pomme jaune de poire et en bouche, c’est signé d’élégance et de longueur.

Ps : Le site Internet du Château de Béru vaut la peine d’y jeter un coup d’œil !

Domaine Taupenot-Merme – Morey-Saint-Denis Premier Cru La Riotte 2008

De la commune Morey-Saint-Denis en Côte de Nuits, il y a ce climat classé de La Riotte où les vignes les plus anciennes datent de 1937. Le vin de Virginie Taupenot est puissant et délicat à la fois. Les notes d’épices côtoient la cerise et la bouche est satinée et tendue à la fois.

Pascal Marchand – Morey-Saint-Denis Premier Cru Clos des Ormes 2008

Le climat Clos des Ormes, dans le millésime 2008, est vraiment intéressant dans ce vin aux allures modernes avec des notes plus poivrées puis une bouche épicée avec un trait de cerise. Charmeur… et d’un autre style si l’on compare au Taupenot-Merme du même millésime.

Vincent Girardin – Saint-Aubin 1^er Cru Murgers des Dents de Chien 2008

Assurément ma découverte du salon. Le nez exprime la minéralité en même temps que des notes toastées. En bouche, il a de la rondeur, de la texture, de la fraicheur. Élégance et opulence sont les mots qui désignent ce vin.

Samy Rabbat

CHÂTEAU DE BÉRU