Mardi, 3 mai 2011

MASSAYA, LE RAISIN DE LA BIBLE

Massaya

La vigne a des racines très anciennes au Liban. Les vins sont bons, mais il est assez rare de recevoir la visite d’un vigneron libanais.

 

J’ai donc été doublement heureux de rencontrer Sami Ghosn, du vignoble Massaya.  Son domaine est situé sur le plateau de la Bekaa, dans le nord-est du Liban, à une altitude moyenne de 900 mètres au-dessus de la mer;  il est entouré de deux chaînes de montages, qui sont le Mont Liban et l’Anti-Liban. C’est une vallée fertile qui a été le grenier du Moyen-Orient depuis l’antiquité.

RH – Votre aventure commence avec vos parents Michel et Amal, lorsqu’ils achètent le domaine Tanaïl, en 1970. Ils veulent avoir une propriété de campagne pour y passer les vacances.  À ce moment-là, à vous étiez âgé de six ans, votre sœur Ghada en avait dix et votre frère Ramsil cinq. Est-ce que Tanaïl était autre chose qu’une propriété de loisir pour la famille?

SG – C’était tout mon souvenir d’enfance. C’était nos jeux, le potager organique de ma maman, c’était les chevaux, les chiens, des arbres fruitiers et quelques vignes pour des raisins de table. C’était superbe!

RH – Le conflit libanais survient en 1975, et il y a un véritable bouleversement dans la vie de votre famille.

SG – Étant chrétiens catholiques, nous avons eu de gros soucis avec la présence militaire à ce moment-là. Nous avons dû évacuer Massaya. Autrement dit, nous avons dû fuir dans la voiture de ma mère.

RH – Vos parents vous envoient à l’étranger avec votre frère pour faire des études.  

SG – J’ai fait l’architecture à Paris, ensuite je suis allé aux États-Unis où j’ai travaillé dans le « Construction management ». C’était un passage de ma vie qui m’a enrichi, mais je n’ai pu oublier le Liban, ni changer ma peau. J’étais au Liban dans tout mon esprit et mon âme.

RH – Un jour, votre père vous annonce qu’il a décidé de vendre le domaine du Tanaïl.   

SG – Étant partis à l’étranger et étant chrétiens, il y avait beaucoup de pression sur nous et sur les autres catholiques pour que nous vendions nos propriétés. On voulait vider le Liban de la présence chrétienne. Notre propriété a été occupée de force par des gens qui ont commencé à nous envoyer des messages, eux et d’autres, affirmant que nous n’y retournerions jamais. Mon père me transmettait les messages.

RH –  Vous décidez de rentrer au Liban, vous quittez les États-Unis, vous rendez même votre carte verte, et lorsque vous retournez à votre domaine, parce que vous ne voulez pas que votre père vende, qu’est-ce que vous y trouvez?

SG – Mon père m’a dit qu’étant l’ainé des garçons, je devais décider de ce qu’on faisait de tout cela. J’ai pris le taureau par les cornes, et je suis monté au Tanaïl pour rencontrer ces gens-là. À ce moment-là j’étais armé, comme eux, d’ailleurs. J’ai fait une hutte sur le toit de la maison et j’y ai campé. Je leur ai dit : « Il faudra faire votre choix. Soit vous me tuez, soit vous quittez les lieux ».  Cela a duré quelque temps. Ils ont bien compris que j’étais décidé et ils ont dû évacuer. La maison était méconnaissable, le terrain aussi, mais l’appel de la terre était là. Une fois sur la propriété, je devais décider que faire pour faire renaître la ferme et en vivre.  

RH – Pour rendre votre propriété viable, vous décidez de produire de l’Arak, cette eau de vie anisée qui est appréciée dans la région.

SG – J’ai rencontré un vieux monsieur qui avait été déplacé de la montagne et qui avait un superbe potager. Il avait des abeilles et élevait des poules. Moi, j’aime beaucoup la campagne, donc nous avons pas mal parlé. Je lui ai dit que je voulais qu’il m’aide à donner de nouveau vie au domaine. Il m’a dit pourquoi ne pas faire l’Arak. Je n’avais aucune idée de ce que c’était. Il m’a conseillé de faire venir du raisin, des tonnes de raisin. Nous avons loué un alambic et j’ai beaucoup aimé tout ce qui a suivi.  

RH – Au début, vous fabriquez l’Arak à partir de raisins qui viennent d’autres propriétés?

SG – Nous avons dû acheter dix tonnes d’un raisin blanc libanais qui s’appelle Obeidi et j’ai surtout voulu faire l’Arak de façon artisanale, à l’ancienne.  Par la suite, je suis allé à Cognac, une autre fois en Charente, pour perfectionner ce que j’avais appris. Mais ce sont les Arabes qui ont découvert la distillation. Nous avons donc fait des alambics qui s’appellent à tête de mort, et qui sont l’ancêtre de l’alambic charentais avec lequel le cognac est produit. Le résultat a été magnifique.  J’ai apporté des échantillons en France et on m’a dit que la qualité organoleptique était excellente.  Nous avons pris de l’anis vert au Mont Elmont, en Syrie, et j’ai fait vieillir cela dans des jarres. Je vendais mon Arak comme produit organique dans les pharmacies de ma mère. Au début,  je faisais les étiquettes à la main. Les gens le trouvaient excellent et en redemandaient. J’ai produit ma bouteille bleue.

RH – Qui caractérise votre production.

SG – Elle symbolise l’Arak Massai, en effet. Le bleu, pour moi, symbolise l’Orient, les Mille et une nuits, Fayruz la chanteuse, la turquoise. Je trouvais que c’était la couleur pour l’Arak. Cette bouteille bleue a été un franc succès.

RH – À quel moment décidez-vous de produire du vin?

SG – Je suis revenu à la propriété au début des années 90. La première bouteille d’Arak est sortie en 95. La proximité avec les vignobles nous a amenés naturellement vers le vin en 97. Nous avons commencé par arracher les vignes de raisin de table et nos avons planté des cépages qui venaient de France : le Grenache, la Syrah et le Cabernet Sauvignon. Il y a une grande affinité entre le Liban et la France.

RH – Ne connaissant rien à la production de vin, vous prenez la sage décision de vous associer avec des vignerons français. Les Hébrard de Saint-Émilion et les Brunier de la région de Château-neuf-du-pape. Comment avez-vous trouvé ces producteurs?  

SG – Quand nous avons pensé à faire du vin, je me suis dit que je ne pouvais pas compter avec les connaissances d’un vieux monsieur de la montagne libanaise. Le défi allait bien au-delà du Liban et il fallait trouver la connaissance technique à la fine pointe. Nous, Libanais, nous descendons des Phéniciens et nous voyageons, nous rencontrons et nous faisons des échanges. J’avais rencontré un monsieur à Bordeaux, qui m’avait vendu des bouchons. Je l’ai appelé et lui ait dit ce que je cherchais. Il m’a présenté des gens.

La première cave que j’ai visité à Bordeaux, si vous voulez me croire, c’était le Cheval Blanc. Je ne savais rien de Cheval Blanc et voilà que j’ai rencontré Dominique Hébrard. Notre échange s’est très bien passé. Mon CV était la bouteille bleue d’Arak. Il a voulu visiter le Liban. Il a voulu aller vers les origines du vin. Le Liban est un pays très attachant. C’est ainsi que Dominique est devenu de la partie. Un peu plus tard, je me suis dit que pour les cépages plus méditerranéens plus proches de nous, il fallait faire une sorte d’escale entre Bordeaux et la Bekaa et c’est ainsi que j’ai eu la chance de rencontrer les Brunier.

Nous étions au Vieux Télégraphe et ils m’ont dit « donne-nous quelques jours de réflexion ».  Ils m’ont appelé une semaine plus tard pour me dire qu’ils étaient partants. J’ai dit à tous les deux que je voulais des gens qui investissent et non des consultants qui nous quittent au premier problème au Liban. Ils ont mis de l’argent et depuis ils ont investi cinquante fois la mise initiale.

Le Liban offre un superbe héritage vitivinicole pour des gens de cette qualité qui veulent aller vers les sources.  

RH – Vous et vos associés y croyez tellement que votre vignoble passe de 5 à 40 hectares et vous accumulez les prix et les médailles pour vos vins.

SG – Nous y croyons et nous travaillons. L’appel du vin du Liban est fantastique, parce que le vin est un domaine positif qui rapproche les gens. Il y a une histoire grandiose du vin, chez nous. Les Romains ont bâti  le temple de Bacchus dans la plaine de la Bekaa,  à quelques kilomètres de notre propriété de Massaya. Nous avons un climat parfait pour produire des vins de bonne qualité. Le Liban, c’est biblique et même prébiblique. Le premier miracle du Christ, quand il a changé l’eau en vin, c’était à Cana, au sud du Liban.

RH – Quel type de terroir vous avez?

SG – Massaya, c’est argilo-calcaire. Nous sommes à mille mètres d’altitude, nous avons des montagnes enneigées et nous n’avons pas à irriguer. Entre avril et septembre, nous n’avons pas une goutte d’eau, donc pas de problème de vers et de champignons. Les vins de Massaya sont organiques et c’est presque par défaut; il est facile de faire des bons vins à Massaya, le terroir est sublime et le raisin magnifique.

RH – Vous faites du vin rouge, du blanc et du rosé?

SG – Nous faisons un rosé, un blanc et trois rouges.

Sami Ghosn avait apporté trois bouteilles à déguster. Le Massaya classique rouge 2008 (Cinsault 60 %, Cabernet Sauvignon 20 % et Syrah 20 %) , le Massaya argent 2005 (Grenache noir 40 %, Cinsault 30 %, Cabernet Sauvignon 15 % et Mourvèdre 15 %) et le Massaya Gold Réserve 2008 (Cabernet Sauvignon 50 %, Mourvèdre 40 % et Syrah 10 %). Les trois vins signés par Sami et par ses associés français.
Nous avons commencé la dégustation par le Massaya classique rouge 2008.

RH – Très belle couleur cerise, des arômes très fruités.

SG – C’est un vin vinifié en cuve inox. Il a un côté poivré qui est un exemple de ce que nous faisons à Massaya. Il est frais, fruité, facile à boire. C’est le seul de nos vins rouges qui a une capsule à vis.

RH – En bouche une belle fraicheur, avec des tanins bien présents mais veloutés.

SG – C’est un vin que je recommande avec des salades, des tapas, des pâtes; le côté poivré et épicé relève bien l’huile d’olive et le citron.

RH – Quel est le deuxième vin?

SG – C’est le Massaya sélection, étiquette argent, qui a forgé notre réputation.  

RH – Une belle couleur rouge tirant vers le violet. Des arômes plus complexes.

SG – Cette complexité est obtenue à travers le Grenache, le Cabernet Sauvignon, le Mourvèdre et le Sanson. C’est un vin qui est vinifié en cuve de chaîne français.

RH – C’est pourquoi il a une présence boisée, un peu de vanille, beaucoup d’épices, aussi des fleurs, violettes. En bouche, il est aussi beaucoup plus complexe que le premier.

SG – Le 2005 est bien patiné. Il accompagne très bien des repas festifs comme l’agneau et la viande en sauce.

RH – Quel est le troisième vin?

SG – C’est le Gold Réserve 2008, Massaya 50 % Cabernet Sauvignon et on le voit à travers la couleur.

RH – C’est une couleur très foncée, très belle. Les arômes sont toutes en nuances, rien ne dépasse. C’est un vin incroyable. Du poivre, beaucoup de fleurs, de fruits. En bouche, il est velouté et très élégant.

SG – Il appelle un steak au poivre bien saignant ou du gibier. C’est un vin que nous vinifions dans des fûts de chêne français.

RH – Les tanins sont présents mais très nobles, et il a une longueur en bouche qui est remarquable.

Sami Ghosn est reparti ver ses terres du Liban mais nous a laissé sa magie. Ses vins sont délicieux!

MASSAYA
Sami Ghosn
P.O. Box 33 Chtaura
Bekaa Valley, Liban
www.massaya.com
Sami.ghosn@massaya.com

REPRÉSENTANT AU QUÉBEC
André Dagenais Vins Larochelle André Dagenais
Les Vins La Rochelle
Tél. : 514 769-1990  # 0
Tél. : 450 462-9038
andre-dagenais@sympatico.ca


VINS DISPONIBLES AU QUÉBEC

Massaya Sélection de Tanail de Bekaa 2005, # 904102, 19,90 $
Massaya Classic Vallée de Bekaa 2008, # 10700764, 16,10 $  
Arak El Massaya Alcool Anisé (500 ml), # 0761348, 31,50 $
Massaya Gold Reserve Vallée de Bekaa 2005, # 10856929, 41 $
Massaya Blanc Vallée de Bekaa 2008, # 11213773, 20 $

Samy Rabbat
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