Lundi, 23 novembre 2015

TUNISIE : SÉCURITÉ RENFORCÉE

Photos: Bernard Gauthier

Après les attentats du musée du Bardo à Tunis le 18 mars et ceux de Sousse le 26 juin qui ont fait 38 morts, les autorités du pays ont adopté une série de mesures pour monter d’un cran la sécurité du territoire et rassurer les touristes que la vie se poursuit normalement.

 

Dès notre arrivée à Tozeur, dans le sud de la Tunisie, non loin de la frontière algéro-libyenne, la ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, a expliqué que des accords ont été conclus avec l’Union européenne et les États-Unis pour l’échange de renseignements. « Nous avons établi un référentiel de sécurité obligeant toutes les institutions, hôtels et lieux touristiques à respecter les normes de sécurité internationale. La mise en application est en cours et les équipes de sécurité ont été renforcées après les événements de Sousse. »

Depuis le 1er juillet, la Tunisie a embauché au-delà de 1 000 agents de sécurité et oblige la police touristique d’être armée en tout temps. « Il y a un grand travail qui a été fait pour renforcer la sécurité dans les aéroports et les foules lors d’événements festifs. C’est maintenant un travail structurel qui doit se mettre en place. »

Pendant notre voyage, nous avons aussi appris que les guides touristiques ont l’obligation de se rapporter régulièrement aux autorités policières au cours des circuits. Simple question de sécurité. La Tunisie va même encore plus loin : très bientôt, la ville de Tozeur sera entièrement contrôlée par vidéosurveillance. Une caméra vidéo sera installée dans toutes les rues pour assurer une sécurité maximale.

« Ce sera la première ville de Tunisie entièrement sécurisée. Et pourquoi Tozeur? Parce que c’est un modèle plus facile à réaliser, il n’y a jamais eu d’attentats. En 2015, nous avons élu un Parlement et un président pour un mandat de cinq ans, donc nous sommes entrés dans une phase de stabilité. C’est le premier gouvernement de la deuxième République et ça ne plaît pas à tout le monde. Or, ceux qui publient des interdictions sur la Tunisie jouent le rôle des terroristes qui recherchent à faire tomber notre démocratie », conclut la ministre du Tourisme.

RÉACTIONS DU CANADA

À l’ambassade du Canada à Tunis, l’ambassadrice qui est en poste depuis trois semaines, Carol McQueen, se défend bien de faire le jeu des terroristes, mais veut plutôt assurer la sécurité des Canadiens, dont les décisions d’émettre un avis d’avertissement relèvent sur des faits fondés et concrets. « Nous espérons réellement que la Tunisie réussisse et que la situation va s’améliorer, c’est très important. Mais ce qui prime pour nous est d’abord la sécurité de nos ressortissants », indique Carol McQueen.

Ainsi, sur le site du ministère des Affaires étrangères du Canada, seuls deux avertissements régionaux sont toujours en vigueur :

- région du parc national Mont Chaambi, y compris la ville de Kasserine, en raison des opérations continues des forces de sécurité tunisiennes;

- régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d’El Borma, qui est une zone militarisée ;

- près des frontières avec l’Algérie, dans les gouvernorats de Kasserine (à l’exception de la ville de Kasserine, où nous recommandons d’éviter tout voyage), de Kef et de Jendouba;

- le Grand Sud de la Tunisie, dans les villes de Nefta, Douz, Médenine et Zarzis, et dans toutes les régions au sud de celles-ci, y compris près des frontières avec l’Algérie et la Libye (à l’exception du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d’El Borma, où nous recommandons d’éviter tout voyage).

ALLER OU PAS

Voilà la question. D’entrée de jeu, il est important de savoir que les circuits touristiques ne vont pas dans les régions désignées comme à risques par le gouvernement du Canada. Et ailleurs dans le pays, la sécurité est omniprésente. Certes, le risque zéro n’existe nulle part sur la planète, pas plus qu’en Tunisie. Est-ce que cela signifie que le touriste doit reporter son voyage à plus tard ? Non. Tout dépend de votre tolérance à la menace.

Les événements de Paris sont un bel exemple. Une semaine après les attentats, les citoyens fêtaient dans les rues là même où se sont déroulées les attaques.

À l’Association Canadienne des Agences de Voyages (ACTA), on estime qu’il ne faut pas céder au chantage des terroristes. « Depuis le printemps arabe, nous savons que le tourisme en Tunisie a fortement baissé et l’objectif de notre visite est d’expliquer aux agents et aux voyageurs que le pays peut être parcouru en toute sécurité », soutient Manon Martel, directrice de l'Association canadienne des agences de voyages. « En Tunisie, il y a plein de choses à voir, une histoire extraordinaire à découvrir et un peuple extrêmement accueillant. »

À Tozeur, une journée de formation a été consacrée aux agents de voyages locaux et québécois pour leur permettre d’échanger et de tisser des liens en vue d’organiser des groupes de touristes prêts à explorer ce magnifique pays. Un protocole d’accord a été signé entre la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme (FTAV) et l’Association Canadienne des Agences de Voyages (ACTA) en vue d’établir une étroite collaboration entre les deux associations pour l’échange de renseignements, documents et statistiques en matière de gestion, de gouvernance et de système d’information dans le secteur du tourisme.

À l’Office National du Tourisme Tunisien du Canada, on se réjouit d’un tel protocole. « Notre tâche est de rassurer les Québécois en leur disant comment les choses ont évolué depuis les derniers attentats. Nous sommes présents sur tous les fronts, nous voulons démontrer comment le quotidien se déroule en Tunisie et que la situation est en train de s’améliorer lentement mais sûrement », raconte Issam Khereddine, directeur de l’Office à Montréal.

Depuis l’embauche d’agents de la sécurité intérieure, toujours est-il que la police a démantelé une cellule djihadiste regroupant 17 terroristes le 17 novembre dernier. Selon la BBC, cette cellule s’apprêtait à mener des attaques d’envergure contre des établissements hôteliers.

La semaine prochaine, je vous invite à lire la seconde partie du reportage consacré sur la Tunisie et son désert, ses palmeraies, ses médinas et son histoire.

OFFICE NATIONAL DU TOURISME TUNISIEN

MINISTÈRE CANADIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

ACTA

AIR FRANCE

AIR TUNIS

BERNARD GAUTHIER

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