Et n’allez pas croire que j’entends vous entretenir d’un machin faceboukien ou iphonesque. Que nenni ! Je vais plutôt vous parler d’un système d’exploitation solide et éprouvé grâce auquel des tas d’humains sur notre malheureuse planète utilisent un ordinateur à leur apparente satisfaction. Vous me lisez encore ? Vous avez raison, car je vais vous parler d’un très beau produit appelé «Ocelot onirique», alias «Gros minet de mes rêves» (1), soit la version 11.10 d’Ubuntu, l’essence la plus populaire du savorama Linux.

Évidemment, je n’en dirai pas que du bien tout ouaté et bonbon. Il m’arrivera de pointer sur certains aspects qui le rendent un peu moins « cool » que Windows 7 ou Mac OS X.



Mais, à me lire, vous verrez que je l’ai aimé. Le plus beau c’est que moyennant certains prérequis, vous pourrez l’installer vous-même et commencer à vous en servir pour aller sur Internet, pour vous adonner à la bureautique ou pour vous amuser en mode multimédia.

DES PRÉREQUIS ? VOICI LES PRINCIPAUX :

- savoir comment télécharger un logiciel à partir d’un Mac ou d’un PC;
- savoir comment graver ce logiciel sur un CD ou une clé USB, ce qui revient au même;
- savoir ne pas suer ni capoter en suivant des instructions d’installation très simples;
- savoir d’avance qu’une fois tout en place, tout ne vous apparaîtra pas des plus fluide;
- savoir qu’il faudra possiblement rechercher de l’aide dans les forums spécialisés;
- avoir le goût de découvrir autre chose que Windows ou Mac OS X;
- ne pas imaginer que tout baignera dans l’huile au bout de trois heures,
- ne pas haïr le journaliste qui vous a incité à vous embarquer dans cette aventure.

Quand je me suis décidé à vous produire cette chronique, il était 8 h 30 ce matin. J’ai commencé par télécharger Ubutu 11.10 et je l’ai ensuite gravé sur un disque, une procédure qui a nécessité, au total, 25 minutes. À 9 h, précise, j’ai commencé l’installation dans un PC articulé par deux processeurs Opteron 242 (AMD) et soutenu par une RAM de 2 Go. Je sais, je sais, c’est là une vieille bécane poussive. Mais elle cavale à file épouvante sous Win 7 Intégrale 64 et est amplement musclée pour Ubuntu. L’idée était de l’installer dans une machine où il y avait déjà Windows 7. C’est généralement une opération très simple. AU terme, quand on allume son PC on a a choisir quel SE on veut utiliser, Win 7 ou Ubuntu (illustration ci-après). Pour ce faire, j’ai simplement redémarré le PC avec le CD d’Ubuntu dans le lecteur.



Une vingtaine de secondes plus tard, le système était chargé et il m’offrait soit d’en faire le tour, soit de l’installer. J’ai batifolé dans les merveilles de la première option pendant un bon 15 minutes, question de vérifier si certaines incompatibilités avec ma machine me créeraient des ennuis. Puis j’ai procédé à l’installation.

CE QUE VOYANT, LE CD M’A OFFERT 3 POSSIBILITÉS:

 - «Installer Ubuntu à côté des autres»: il a vu que Windows était présent dans ce PC et il a voulu savoir si j’entendais installer Ubuntu à côté.
- «Effacer le disque et installer Ubuntu»: il a voulu savoir si je voulais me débarrasser de Windows, de tout reformater et de me remonter une belle machine propre propre propre.
- «Autre chose»: il m’a fait cette offre au cas où je serais connaissant en partitionnement de disque.

J’ai choisi la première option même si, naturellement, j’aurais été enclin à prendre la troisième.L’autre jour, lors de mes essais avec la dernière version de Linux Mint, plusieurs lecteurs m’avaient reproché d’avoir inutilement compliqué les choses en ne choisissant pas la première option. Cette fois, j’ai décidé de leur faire plaisir (même si je demeure convaincu que ma méthode est de loin supérieure).

Fait amusant, l’installateur du minet éthéré a constaté qu’il y avait Windows XP Pro dans l’ordi et qu’il allait, de ce pas, s’étendre à ses côtés. Voyant que le malheureux confondait Win XP et Win 7, je l’ai laissé à ses illusions et je l’ai autorisé à continuer. Pourquoi lui faire des histoires pour si peu…


Il s’est alors mis à redimensionner le disque et il a commencé à installer Ubuntu. Il m’a fait valider le fait que j’habitais bien la région de Montréal et que mon clavier utilisait une version patrimoniale du français canadien. Il a pris mon nom, m’a fait définir un mot de passe et m’a fait choisir un avatar. J’ai pris le pingouin. Comme je lui ai dit que je n’avais pas de comptes utilisateurs à importer, il a continué l’installation sans ne plus me déranger.

À 9 h 47, il redémarrait et la méchanceté cybernétique me frappait pour la première fois de la journée: le menu de redémarrage n’y était pas. J’avais oublié que Windows 7 était une bête sournoise pour qui l’utilisation d’un produit concurrent est un acte abominable. Il m’a donc fallu laisser le PC se déployer sous Win 7 et aller me télécharger EasyBCD.

Attention les novices: NE PRENEZ PAS PEUR. Ce dont je vais vous parler maintenant est facile facile. Je vous jure ! Pour télécharger et installer EasyBCD, j’ai eu besoin d’un peu plus de dix minutes. De plus, ce programme Windows s’utilise sans avoir besoin de connaissances dites poussées.



On l’ouvre et la fenêtre ci-haut apparaît. Au centre, on constate que Windows 7 est le système d’exploitation numéro 1 (Entry #1). Afin de pouvoir ajouter Ubuntu (Entry #2), on appuie sur le bouton «Add New Entry», à gauche. Dans la fenêtre de droite, on clique sur l’onglet Linux/BSD. À côté de «Type», on choisit «GRUB 2» et à côté de «Name», on tape Ubuntu 11.10.



Cela fait, on clique UNE SEULE FOIS sur le bouton «Add Entry» …



… et on titille le bouton «View Settings». Normalement, on voit exactement ce qu’on peut voir sur l’illustration suivante. Auquel cas, on a bien travaillé et, dans la joie, on appuie sur le bouton «Save Setting». Au redémarrage du PC, le menu GRUB 2 est là (illustration, un peu plus haut).



Tant et si bien qu’à 10 h moins des poussières, je commençais à m’amuser. Truc à savoir, depuis la version du printemps dernier, la 11.04, alias le Chic narval (Natty Narwhal), l’interface n’est plus celle de Gnome, une allure dont la logique rappelait vaguement Windows ou Mac OS X. Désormais, c’est Unity, une approche nouvelle à base de petits pavés en couleur.

Les vieux habitués de Gnome râlent, les novices n’en ont rien à cirer. Pour eux, c’est pas plus, pas moins de trouble qu’avant. Unity, c’est un peu la transition entre Ubuntu pour «PC-clavier-souris» et Ubuntu pour «machines-tactiles-sauce tablette», une disposition ergonomique qui s’est valu l’ire de bien du monde compte tenu de son instabilité. Mais Canonical, la firme sud-africaine qui fabrique Ubuntu, semble avoir compris le message et le produit est désormais au point. Tellement que vous souffrirez si vous vous obstinez à vouloir utiliser Gnome 2.X ou 3.X. Il vous faudra l’installer en mode connaisseur.





Autre truc qui m’est apparu important, c’est que le mode infonuagique (Cloud) a été bien intégré dans le système. C’est un des petits pavés et il fait un peu ce qu’entend faire iCloud chez Apple. Laissez-vous tenter. Avant que l’aventure ne vous coûte des sous, vous aurez amplement le temps d’en saisir l’utilité. Vous pourrez même disposer de 5 Go de stockage gratos.



En faisant le tour du propriétaire, j’ai constaté qu’Internet était accessible, que mon réseau local avait été détecté, c’est-à-dire que j’avais accès à d’autres ordi (première image, ci-après; c’est un film dans un PC éloigné), que le son fonctionnait, la caméra Web itou (bien qu’avec des couleurs « phoquées »), que mon iPhone y était reconnu, et que ses photos étaient prises en charge. Par contre, je ne suis pas arrivé à lui faire reconnaître et utiliser l’imprimante Brother, une MFC-6490CW (deuxième illustration). J’ai carrément manqué de temps. C’est là une des choses sur lesquelles je reviendrai plus tard.





J’ai ensuite procédé à installer de logiciels dont j’aurais besoin, par exemple Cheese pour la caméra Web, VLC pour la vidéo et Amarok pour la musique. En plus des applications qu’il configure d’entrée de jeu (p. ex. LibreOffice, un coffret bureautique complet, ou Thunderbird, un logiciel de courrier électronique), Ubuntu en a toute une réserve dans laquelle on peut puiser généralement sans frais. Il est en effet devenu possible pour des développeurs externes d’y vendre leurs produits beaux bons pas chers.





Vous me lisez encore ? Je vous félicite. Cela signifie que vous êtes de la graine à tenter votre chance et à probablement ne pas le regretter. Il est bien évident que dans les premiers temps, vous aurez de la difficulté à dépasser le seuil moyen de ce que font les gens normaux, ceux qui ne sont ni des geeks, ni des nerds, avec un ordinateur. Après, au fil des semaines, ça viendra, croyez-en mon expérience. De toute façon, tant qu’à apprendre à utiliser Ubuntu, tant qu’à s’ouvrir à l’univers alternatif de Linux, pourquoi ne pas le faire à partir d’une version facile et ergonomique ?

Bonne chance !

(1) Ceux qui ne sont pas familiers avec Ubuntu doivent savoir que le fabricant s’amuse depuis les débuts à trouver des noms d’animaux aux versions de produits. Ces animaux sont toujours associés à une qualité « pas rapport » dont la première lettre correspond à celle de l’animal, p. ex. «Karmic Koala», «Natty Narwhal» ou «Hardy Heron» (lisez cette chronique)

UBUNTU