EN POLITIQUE, FERME TA GUEULE

 

Le député péquiste Daniel Breton, et très brièvement ancien ministre de l’Environnement, a commis des gaffes à ses premiers pas en politique qui lui ont fait perdre son ministère. Mais le gars est, comme qui dirait, un « naturel » et il n’essaie pas de jouer. Partout où il débarque il aime faire entendre son point de vue, que ça plaise ou non. Et il ne s’est pas gêné encore une fois, la semaine dernière. Ce qui lui a valu de se faire taper dessus à bras raccourci par ses collègues ministres et on suppose par madame Marois.

INAUGURATION PERTURBÉE

C’était l’inauguration, près d’Amqui, du plus grand parc éolien au Québec, propriété conjointe d’Enbridge, compagnie albertaine, et Électricité de France. Un parc d’éoliennes qui fournit 300 mégawatts et qui a coûté 700 M$. Durant la construction de ces gigantesques éventails, il y a eu une contribution directe de 400 emplois et des retombées de 100 M$. Chaque année qui suivra, le gouvernement du Québec retirera 750 000$ en redevances. De ridicules pinottes, quand on sait que pour le seul mois de juillet dernier, le gouvernement a versé 238 M$ en prestations pour le fameux BS.



Et le jour du lancement officiel des opérations, avec la haute gomme des invités et surtout en présence des investisseurs, Daniel Breton est allé d’une petite déclaration qui n’aurait pas fait plus d’effet que de lancer une allumette sur une nappe de kérosène :  « On veut travailler avec les entreprises de partout dans le monde, mais je veux m’assurer qu’on soit maître chez nous, c’est-à-dire maître de notre développement, qu’on soit maître de notre expertise. On peut travailler avec des entreprises étrangères, mais quand on parle que tous les profits, toute la propriété est étrangère, moi, je ne suis pas à l’aise avec ça du tout ».

« Ce contrat-là appartient à 50% à une compagnie pétrolière albertaine, Enbridge, et à 50% à Électricité de France (EDF). Je comprends qu’il y a des emplois en jeu et que les emplois sont importants pour cette région. Mais moi, je veux beaucoup plus que ça, le Parti Québécois veut beaucoup plus que ça. Ce qu’on veut, c’est les profits ici, et la propriété ici. C’est ça, être maître chez nous. Je ne suis pas très content que le Parti libéral envoie les profits à l’étranger. Qu’une compagnie pétrolière albertaine et EDF, qui n’a pas d’expérience en éolien, viennent faire ce projet-là, je trouve que ça n’a aucun sens », a-t-il ajouté.

LE MAIRE D’AMQUI LUI-MÊME EST CONTRE

Et le député Breton n’est pas le seul à penser comme ça. Même le maire d’Amqui, Gaétan Ruest, est contre. « C’est une insulte à l’intelligence et à la capacité des Québécois, alors que nous avons une Caisse de dépôt qui cherche des placements stables alors que les parcs éoliens génèrent au minimum entre 12 à 15% des revenus et des profits nets par année. Là, EDF va chercher un partenaire dans le pétrole de l’Ouest canadien. La filière énergétique devrait être réservée à l’enrichissement collectif des Québécois. Les profits s’en vont en France et dans l’Ouest ».

LES INTÉRÊTS DES QUÉBÉCOIS EN PREMIER

En politique, ce n’est pas la place pour les fortes personnalités. Il faut que tu te fondes dans la masse de ton parti. C’est la solidarité partisane. Car ton parti est une équipe qui, comme pour n’importe quel sport, va disputer un match politique avec un ou des adversaires. Ce n’est absolument pas admissible de jouer les trouble-fêtes au sein même de ton parti. Et c’est pourquoi l’idée qu’on ait encore des députés associés à un parti politique ne correspond plus aux besoins du monde moderne. C’est un reliquat du parlementarisme britannique. Dans son dernier livre « Désobéissez » Victor-Lévy Beaulieu considère que les politiciens n’ont jamais été au service de ceux qui les ont portés au pouvoir. Une fois élus, les députés et les ministres pigent dans le buffet des privilèges consentis par la fonction, et ne rêvent que d’empocher pensions et primes de départ.

C’est pourquoi la sortie de Daniel Breton, si elle est une entorse aux usages, est surtout une démonstration que toute vérité n’est pas bonne à dire en politique et que l’on préférera de beaucoup de beaux mensonges bien enrobés. Autrement dit, ferme ta gueule! Si j’étais à la place de ce dernier et que je n’en pourrais plus de jouer des comédies partisanes, le mieux à faire serait de démissionner du Parti Québécois et de siéger comme indépendant. Il pourrait alors avoir le loisir de réellement servir les préoccupations des citoyens à l’Assemblée nationale. Il serait comme la mouche qui vient nous agacer perpétuellement, mais dont on ne parvient plus à se débarrasser. La liberté est à ce prix.

LE DÉPUTÉ PÉQUISTE DANIEL BRETON EXPULSÉ D’UN CAFÉ DÉPÔT

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