MAXIME BERNIER PERD-T-IL LA BOULE ?

 

La dernière fois, c’était au sujet de sa liaison avec Julie Couillard et les fameux documents top secret gouvernementaux qu’il avait laissés chez elle. Cette fois, c’est sa déclaration intempestive au sujet de la loi 101, qu'il considère qu’elle n’a plus sa place, le français se défendant par lui-même. Mon pauvre petit Maxime, va-t-il falloir que le whip du parti conservateur te donne la fessée, sinon Stephen Harper lui-même? Parce que continue comme ça, tu vas entraîner le gouvernement à sa perte, du moins au Québec. Parce que tu ne réalises pas encore que la loi 101, c’est devenu une vache sacrée.

On ne touche pas à ça. Tu l’as vu, même Christine Saint-Pierre, qui pourtant est membre d’un gouvernement qui ne protège pas tellement notre langue, s’est quand même portée à la défense de cette fameuse loi votée en 1977 et qui est intouchable.

ON S'ANGLICISE MON VIEUX

Probablement, Maxime, que tu ne connais que deux régions, la Beauce et la capitale fédérale. Dans la première, on parle majoritairement encore français, tandis que dans la seconde, c’est méli melo. Mais si tu as la chance de déambuler sur Sainte-Catherine, passé Bleury, en direction ouest, du français, tu n’en entends plus beaucoup parler parmi les passants. Écoute, même sur le Plateau-Mont-Royal, Shakespeare fait une percée. Si ça continue à ce rythme, dans vingt ans on va nous ramener à l’époque des années cinquante où on te disait : « Sorry I don’t speak French ». La législation est absolument nécessaire pour nous protéger. Comme « t’es dur de comprenure » .

LE FRANÇAIS EST MENACÉ

Je vais utiliser une parabole. Quand on te disait jeune de ne pas mettre tes doigts dans ta bouche, c’était pour te protéger des saletés. Il fallait donc sévir, faire des règlements. Le français est menacé, comprends-le une fois pour toutes. Il faut une loi solide pour le protéger. Parce qu’à la limite, l’indépendance du Québec, c’est pas tellement pour des questions économiques, puisque l’argent traverse les frontières. C’est surtout pour protéger notre identité culturelle. Quelque part tu mentionnes « qu’une importante population anglophone vit au Québec depuis 250 ans et qu’en ce sens, l’anglais fait partie de l’identité québécoise ». Je veux bien, sauf que les anglos sont arrivés en second et ont tout fait pour nous assimiler.

L’Église qu’on critique tant a eu au moins ça de bon, qu’elle s’est interposée pour qu’on puisse encore parler notre langue, sinon on aurait passé au cash.  Mais le pire, là-dedans, c’est que nous nous offrons nous-mêmes en pâture aux anglais, parce qu’on est tellement séduit par la langue de l’argent et de la communication globale. Je n’ai rien contre le fait qu’on apprenne l’anglais comme langue seconde, mais je souligne « comme langue seconde ». Si on n’est pas vigilant, et avec de surcroît avec des déclarations comme la tienne, c’est l’anglais qui risque de devenir notre langue principale.

Même les anglos intelligents n’en reviennent pas de nous voir si serviles devant l’anglais. J’en connais qui  parlent gentiment en français et à leur étonnement, ils se font répondre par les nôtres en anglais. Nous avons un problème de fierté avec la langue française. On a honte d’être francophone, comme si ce n’était pas une langue rentable. Et j’ai l’impression que toi-même, mon cher Maxime, tu n’es pas plus fier que ça de la tienne. Tu t’étonnes du tollé soulevé par tes déclarations? C’est que tu ne te rends même pas compte de la gravité du propos. Nous sommes dans une mer anglophone. C’est un défi au quotidien de préserver la langue de nos ancêtres.

La loi 101, heureusement, est irréversible. Même ton ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, s’est porté à son secours. C’est dire. Fais attention, parce que Stephen Harper, qui souhaite s’enraciner au Québec, risque de tout perdre ici par ta faute, ta très grande faute. Roule désormais sept fois ta langue française avant de parler.