SUGAR SAMMY VIT SUR UNE AUTRE PLANÈTE

 

Je vais d’abord reproduire sa déclaration. Comme ça il ne pourra pas dire qu’il a été mal cité: « Le français est surprotégé. Ce n’est pas en surprotégeant la langue française qu’on peut en faire la meilleure promotion. La bonne façon de promouvoir le français, c’est en créant des produits culturels qui vont attirer les anglophones. »  Non mais vraiment, il s’illusionne. C’est quoi créer un produit culturel francophone qui va attirer les anglophones? Nous on écoute bien un Leonard Cohen ou des films en anglais, mais eux ils ne se donnent pas la curiosité d’entendre un Jean-Pierre Ferland.

Des anglophones peuvent vivre à Montréal depuis vingt-cinq ans et n’avoir aucune idée de la culture francophone. Il faut le faire. Heureusement que beaucoup d’anglophones de la jeune génération sont souvent parfaitement bilingues, et mieux même que l’inverse chez les Québécois francophones, qui peinent à maîtriser l’anglais. Mais même bilingue, les anglophones se coupent de notre réalité. Et c’est dommage car nous nous cantonnons dans nos deux solitudes.

MONTRÉAL GLISSE VERS L’ANGLICISATION

Cher Sugar Sammy, si tu crois que l’on surprotège le français, c’est que tu ne vis pas sur la même planète que nous. Maintenant, sur la rue Sainte-Catherine, du fait des nombreuses raisons sociales américaines ou canadiennes anglaises qui ont pignon dans la métropole, on croit revivre les années 50 où tout l’affichage n’était qu’en langue anglaise. Et même dans certains commerces on peine à vous servir en français.

L’originalité de Montréal doit tenir au fait d’être la seule ville francophone en Amérique du Nord. C’est ça qui va attirer l’attention sur nous et non des projets de fous comme les dénonce si souvent notre confrère Daniel Rolland. Le soir de sa défaite, rappelez-vous du dernier souhait de Pauline Marois, à savoir que le français soit préservé. Si elle l’a mentionné, c’est que c’est une grave préoccupation. Et ça va au-delà des questions politiques. Un partisan libéral devrait s’inquiéter du glissement marqué vers l’anglais. C’est toute notre identité qui prend le bord.

SUGAR SAMMY MÉLANGE TOUT

«J’aime être Québécois, poursuit Sugar Sammy. Je veux un Québec fort dans un Canada uni. Ma ville préférée c’est Montréal, ma province préférée, c’est le Québec, et mon pays préféré, c’est le Canada. Pour certaines personnes, c’est une trahison juste de penser ça. »  Mais mon cher Sammy. Tu as parfaitement le droit d’aimer le Canada. Mais tu es au Québec, faut pas tout mélanger. Et en passant, c’est Robert Bourassa qui a décrété, et non René Lévesque, que la langue officielle au Québec était le français. Peut-on vivre en français à Montréal, alors que partout ailleurs au Québec c’est francophone et ça ne cause pas de guerre avec les anglophones? Mais à Montréal, on dirait que c’est un champ de bataille miné. Non Sugar, je vais te casser du sucre sur le dos, mais le français à Montréal est bien loin d’être surprotégé. Il est même menacé de finir comme une langue minoritaire.



Et les shows en franglais, ça me laisse un goût amer. Simplifie-toi la vie en faisant tantôt des spectacles en français pour les Québécois francophones et en anglais pour les autres. N’essaie plus de mélanger les genres, ça irrite plus qu’autre chose les deux camps. On n’est quand même pas à Ottawa, qui même si elle est la capitale du pays, et donc théoriquement bilingue, vit son quotidien surtout en anglais. Un show franglais, c’est aussi fade que d’écouter de la musique semi-classique (classique ou pas?) ou bouffer un semi-steak.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LAMETROPOLE.COM

LES PHARMAS CONTRÔLENT L’INFORMATION...