La police qui enquête sur la police, il y a trop longtemps que ça dure. Comprenez bien ici que je ne remets pas en doute le professionnalisme des enquêteurs.
Je suis certain qu’ils effectuent leur travail en âme et conscience. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il y a apparence de conflit d’intérêts. Comment croire qu’un policier de la Sûreté du Québec pourrait faire preuve d’une totale impartialité à l’endroit d’un ami et collègue de la SPVM qu’il connaît de longue date, soupçonné d’avoir utilisé son arme à feu un peu trop vite? Ce service de police indépendant, que le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, devrait mettre sur pied au plus tôt, devrait être composé d’experts reconnus en techniques policières,
de citoyens et d’ex-policiers d’une juridiction extérieure à la scène du crime. De cette façon, nous n’aurions plus de doutes sur les conclusions des rapports. Les corps policiers ont tout intérêt à se mettre d’accord sur un tel projet. Après tout, s’ils n’ont rien à cacher, c’est dans leur intérêt. Ils n’en sortiront que plus blanchis et le doute dans la population s’estompera. Au lieu de cela, l’image de la protection entre policiers persiste et cela ne fait qu’envenimer l’animosité entre eux et les citoyens.
Après la fusillade du centre-ville de Montréal, voilà qu’on apprend qu’un deuxième événement du genre est survenu à Rawdon, mercredi soir. Deux policières de la SQ ont dégainé leur arme face à un individu qui s’en est pris à un huissier victime de voies de fait. Selon un porte-parole de la Sûreté du Québec, une dispute a éclaté entre les deux agentes de la paix et l’individu qui démontrait de l’agressivité. Vers 18 h 30, les deux policières ont jugé nécessaire d'utiliser leur arme à feu pour assurer leur sécurité, toujours d'après la SQ.
Encore là , un autre corps policier va enquêter sur ses pairs. Cette fois-ci, il s’agit du service de police de Québec. Va-t-on assister à une exonération de tout blâme à l’endroit des deux policières? Il est réellement trop tôt pour se prononcer. Laissons l’enquête faire son travail. On ne sait pas encore ce qui s’est réellement passé. Mais parions qu’elles ont agi en toute légitime défense. Et dans ce cas, pourquoi ne pas utiliser plutôt le teaser ou le bâton télescopique? Faut-il réviser les techniques de formation? Je ne sais pas, mais la création d’un service de police indépendant viendrait jeter un regard et un jugement nettement plus éclairé et impartial, dans le cas d’une mort d’homme mettant en cause un service de police.