J'AURAIS VOULU ÊTRE UN DESMARAIS

Il faut aller voir plus bas cette vidéo intégrale qui, plus que tout, exprime la richesse de cette famille. Et pour vous donner la mesure de la valeur de ce document, il faut savoir que la famille québécoise la plus riche de la province a toujours tenu secrète ce qui se passe entre les murs de leur propriété du domaine Sagard dans Charlevoix. Il y a quelques années, une de mes connaissances avait été embauchée par un traiteur pour aller faire du service au domaine Sagard.

Et au retour il m’avait dit à quel point les consignes étaient sévères côté discrétion. En aucun cas il ne devait révéler ce qu’il avait vu. Et si ma mémoire est bonne, il devait se soumettre au préalable à une enquête de sécurité. Et même à propos de ce domaine, qui compte seulement 32 lacs, il a fallu attendre des années pour voir enfin des photos du mythique château aussi gros que le Musée des beaux-arts de Montréal. Et ce n’est rien, il y a autant de résidences secondaires pour accueillir les invités.

UN SACRÉ CAMÉRAMAN

Donc vous voyez que ce document mis en ligne par Anonymous est une véritable bombe qui nous fait découvrir LE RÉEL POUVOIR. Et que voit-on? Lucien Bouchard, rappelons-le jadis premier ministre indépendantiste, venir faire la bise à Jackie. C’est surréaliste. Il est devenu quoi, le Bouchard? Croit-il toujours en l’indépendance du Québec? Si oui, il vient de nous faire un baiser de Judas. Car cette fête haute en couleurs marquait l’anniversaire de naissance de l’épouse du fondateur de Power Corporation, le milliardaire Paul Desmarais. Et bingo, notre Jean Charest qui est là, à gauche de Jackie à la table d’honneur et qui est à droite? George Bush père.

Vous ne pouvez pas avoir plus fréquentation de droite que ça. Qu’on ne s’étonne pas qu’il ait instauré la loi 78. Pire que ça, tu bombardes l’Irak comme l’a fait George Bush fils en imaginant des armes de destruction massive. Et puis il y a Robert Charlebois, toujours ambigu, partisan d’un Québec fort dans un Canada uni. Ça lui permet d’aller chercher un chèque à la Saint-Jean et à la Fête du Canada sans déchirement intérieur.

LE TOP DU TOP

En quarante ans de vie journalistique j’en ai vu des partys, mais comme ça, jamais. Depuis Jacques Cartier en 1534, on n’a jamais fêté chez nous de façon si grandiose. Pour la circonstance, on avait érigé une sorte de chapiteau gigantesque. Rien à voir avec un abri Tempo. Du méga, mes amis, et décoré à l’intérieur comme un palais. Même les invités ont les yeux grands ouverts, tellement ça en jetait plein la vue. On voit des richards, appareils photos en main, qui conservent ces instants de vie luxueux. Et Mme Desmarais, passionnée d’art lyrique, s’est payé le top. Vous savez qui est la soprano qui chante sur ce visuel? Renée Fleming, la plus grande soprano dans le monde. Ça mon ami, avant de pousser un do, ça vient de vous coûter au bas mot entre 25 000 et 30 000 $.

Puis ils ont retenu les services d’un orchestre symphonique. Et la belle fille aux allures de playmate qui chante du jazz de façon si sensuelle, c’est Sophie Desmarais. Oui, oui la fille de… Mais elle est-tu belle celle-là? Et super chanteuse à part ça. C’est bourré de talent, ce monde là. Et c’est ici que je fais une parenthèse pour dire que ces images, au fond, ne me choquent pas. Que voulez-vous, les Desmarais sont quand même partis de rien. Le père a démarré avec une flotte d’autobus à Sudbury. Puis des combines en affaires, ce ne sont pas eux qui ont inventé la méthode. Par contre ils peuvent en remontrer, côté réseautage. Tout ce qui compte de grosses pointures ici et dans le monde était là. Ce qui m’écoeure, par contre, c’est l’attitude de Jean Charest.

OH NON! JUSTE POUR LE FUN

Que Jean Charest et Michael Sabia se rendent à Sagard est inadmissible au plan de l’éthique. Si c’est le gouvernement qui organisait une réception et qu’on inviterait les Desmarais, ça irait. Mais dans le cas contraire, ça devient une fête privée et ça chicote du côté de la morale. Le message que ça nous lance, c’est que si j’y suis, moi, Jean Charest, c’est que je copine avec des gens d’affaires. Et il essaie de faire croire qu’il se contente de goûter aux canapés. Tout prof de management vous dira que c’est lors de ces occasions que l’on se tisse un réseau de relations.

Paul Desmarais peut, par exemple, présenter à Charest un multimillionnaire du Texas. Charest lui serre la pince en ajoutant au passage : « Ça vous tenterait pas le Plan Nord? ». Notre premier ministre lui fait en même temps un pont d’or, toujours en bouffant des canapés bien entendu (puisque c’est pour ça qu’il est venu) et une lampée de Dom Pérignon. Il y a un beau risque que le texan en question s’en souvienne et que lorsque Charest retournera à la vie civile, qu’il lui offre un poste d’administrateur dans une de ses sociétés. En politique ce n’est jamais payant sur le coup, c’est ce qui vient après. Et c’est pour ça que la population descend dans la rue.

Pas contre les Desmarais nécessairement. Ils sont bien allés perturber la dernière séance du conseil d’administration de Power, mais cela avait plutôt valeur de symbole. Ce qu’il y a eu d’amusant, par contre, c’est lorsque les deux fils de Paul Desmarais ont tenté de minimiser leur influence en affaire. Disons que ça a fait sourire. Quand tu es en business, tu pousses surtout à devenir un incontournable. Tu assures ainsi ta puissance.

Chapeau à Anonymous. Et comme me le faisait remarquer avec justesse notre éditeur Stéphane Maestro, qui a pu filmer le tout à l’insu des convives? Vous remarquerez que personne ne semble voir la présence d’une caméra. La qualité de l’image nous montre bien que ça ne provient pas d’un cellulaire. Du travail de pro digne des romans d’espionnage. Jean Charest, si tu vas là juste pour les canapés, va les manger ailleurs. c’est moins compromettant. Il y en a des succulents dans les restos à pitounes du boulevard Saint-Laurent.

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