LA NOUVELLE PESTE, LES TÉLÉPHONES INTELLIGENTS

Ils ont gangrené le tissu social de manière dangereuse et… irréversible. Je considère rétrospectivement qu’il y a eu trois grands moments dans l’histoire de l’humanité, D’abord Dieu et la création des humains. Ensuite l’avènement d’Hitler, sorte d’Antéchrist qui a révélé la part de diabolique en nous. Et le coup de massue, ce collectif de bollés de la techno qui ont mis au point le téléphone intelligent. Il n’y a que l’appareil qui l’est, Parce que pour ce qui est de ceux qui s’en servent, on ne dira pas la même chose.

COMME DES MUTANTS

Voyez-les dans les lieux publics, ignorants ceux qui les entourent, la main constamment prête à se saisir du Ipad à chaque instant. Je vois régulièrement des filles sortir leur Iphone de leur sac à main et l’y ranger une dizaine de fois en quelques minutes. C’est dément. Sur la rue, les gens sont rivés sur leur écran, fonçant droit devant vous, sans même s’excuser. Et il faut entendre ce qu’ils ont à dire. Qu’un ensemble d’insipidités qu’ils font partager à haute voix à tous ceux qui les entourent. Combien de fois chaque semaine je suis obligé de faire la police et intervenir dans le métro ou les autobus pour qu’on parle moins fort au téléphone. Et je me fais souvent rabrouer, genre : « Vous pourriez être plus tolérant » ou encore : « Si t’es pas content, vas t’en en avant ». Des têtes de linotte.

UN DÉRÈGLEMENT TOTAL

Le philosophe de Montréal, à qui je faisais partager mon désarroi, m’a dit que ça se comparait rien de moins qu’à une peste psychologique. Il y a eu au Moyen-Âge la peste bubonique, transmise par les pucerons et véhiculée par les rats. Eh bien nous avons cette technologie de pointe avec ces gadgets techno qui changent année après année et qui en plus polluent l’environnement. Une peste aussi ravageuse. Car tous ces objets qui deviennent rapidement obsolètes poussent à l’achat de nouveaux bidules et les anciens se retrouvent à grossir les sites d’enfouissement. C’est proprement hallucinant.

AUCUN CONTACT PERSONNEL

Dans le premier épisode, très mauvais d’ailleurs des Bobos, avec Marc Labrèche et Anne Dorval, il y a justement un sketch où les deux se disputent la présence de Xavier Dolan pour un souper. Ça finit par une série ininterrompue d’appels au cellulaire entre les trois. À devenir fou. Juste pour savoir qui va finalement inviter l’autre. On en est là, et c’est à peine une caricature. Je me rappelle d’une jeune fille assise à mes côtés dans un autobus me ramenant du Salon du livre de Rimouski. Durant cinq heures ininterrompues, me croirez-vous, elle n’a pas cessé de « texter ». Sans compter des épisodes au « laptop ». Elle avait les deux en permanence ouverts. De la folie pure. Pendant ce temps, personne ne se voit. C’est rendu que dans les foyers domestiques, chacun des membres de la famille s’envoie des textos de leur appartement respectif. Débile.

DES NORMES DE SÉCURITÉ

Il y a tellement une inconscience des autres que dans des lieux publics, on a commencé à les interdire. C’est le cas des piscines publiques de la Ville de Montréal. Pas de cellulaire aux abords de celles-ci. C’était rendu que les parents, trop absorbés par leur écran, cessaient de surveiller leurs enfants. À un endroit, deux surveillants, employés de la ville, ont été congédiés car ils étaient sur leur cellulaire en ignorant les nageurs! Et bien que les cellulaires sont interdits au volant, combien vous en voyez qui tiennent le volant d’une main et le « cell » de l’autre, quand ce n’est pas l’oreillette. Autant de façons de perdre des niveaux de concentration et par conséquent, un grand risque d’accidents.

UNE FOLIE INCONTRÔLÉE

J’ai lu une récente étude qui nous apprenait que les gens vérifient leurs textos à une fréquence entre 15 à 40 consultations à l’heure!

Vous avez un qualificatif pour ça? Dans les cinémas, c’est rendu une calamité. Vous voyez plein de petits écrans bleus qui fendent l’obscurité de la salle. Au point que dans certaines chaînes aux États-Unis, on embauche des surveillants qui patrouillent pour exiger que les spectateurs ferment leur appareil. Imaginez. Ils vont au cinéma, paient une admission et ne s’intéressent même pas sur ce qui se passe au grand écran. C’est le petit qui les intéresse. Et je suis toujours surpris de voir aux latrines des hommes tenir leur quéquette d’une main, tout en continuant de parler au cellulaire. Quand ils ne sont pas carrément en train de chier tout en parlant.  Vous verrez, ça va générer des grands cas de psychiatrie. Je suis loin d’être optimiste pour la suite des choses. Déjà, il y a plusieurs années, je m’en plaignais à Michèle Viroly, l’ancienne chef d’antenne de Radio-Canada. Elle m’avait dit : « Daniel, cesse de te rebeller contre ça, c’est comme ça qu’on commence à voir qu'on est vieux. »  Bien ma belle Michèle, le « vieillard » de 57 ans que je suis ne s’y fait toujours pas. Et je considère que le monde bascule dans la folie pure.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L'AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DE  LaMetropole.com