MON CUL EST INTERNATIONAL

 

À la Libération, les forces françaises libres avaient accusé l’actrice Arletty d’avoir couché avec des Allemands durant l’Occupation. Et avec sa gouaille bien à elle, elle leur avait servi cette réponse : « Mon cœur est français, mais mon cul est international ». Je pensais à cette anecdote croustillante au sujet de cette employée qui travaille en administration à l’école secondaire Les Etchemins. à Charny. C’est que sous le nom de Samantha Ardente, la jeune femme, une fois son travail terminé, enlevait son tailleur et même tout, tout, tout pour tourner des films pornos.

Sa double vie aurait pu se poursuivre sans problème, jusqu’à ce qu’un petit coquin de l’école, un élève, se rende la voir pour lui demander un autographe. Par hasard, ce jeune consommateur de porno précoce était tombé sur le site de Pégas Productions quand oh! surprise, il a vu l’employée dans des postures qui n’avaient rien de scolaire. La star Samantha refusa l’autographe demandé, le priant du même coup de garder son secret pour lui. Mais vous connaissez la nature humaine, aller interdire quelque chose, c’est donner le feu vert du contraire. L’adolescent se répandit donc dans toute l’école pour témoigner de ce qu’il vu. Oh! l’affaire! Ç'a été pour l’école ce que le tsunami a été récemment pour les Japonais.

EMPRESSEMENT DE PUNIR

Évidemment, dans un système scolaire résolument arriéré qui refuse aux élèves un enseignement de la sexualité aussi réaliste que possible, vous comprendrez donc que cette révélation de la double vie de l’employée a été toute une onde de choc. Et qu’est-ce qu’elle a fait, la direction de l’établissement… de la suspendre deux semaines avec soldes. C’est  contraire à notre système judiciaire, qui accorde à la accusée la présomption d’innocence. Ici, on s’est empressé de l’écarter du chemin comme une criminelle. Là où ça les embarrasse, c’est que c’est une situation assez inédite. Ce qu’elle a fait n’est pas illégal en soi.

On consultera donc la jurisprudence. La porte-parole de la commission scolaire des Navigateurs, Louise Boisvert, est allée de sa petite morale à cinq cennes. Je la cite : « Ce qu’elle a fait, c’est déplacé, parce qu’elle travaille dans un environnement scolaire. Alors on explique aux élèves que ça n’a pas sa place ici et le reste suit son cours… Une commission scolaire, ça existe parce qu’il y a des enfants qui ont besoin de services éducatifs. Nous sommes tous un peu des agents d’éducation et nous devons servir de modèle. C’est ce qui diffère d’une personne qui travaille en entreprise privée ». Et se servant d’un commentaire d’une jeune élève outrée, elle ajoute : « Mais comme disait une jeune fille hier, ce qui est dommage, c’est que c’est l’école qui se retrouve au cœur de cette tourmente et c’est elle qui est maintenant entachée ».

Ce qui me fait gerber, dans ce commentaire, ce sont ces deux grosses niaiseries. D’abord, elle prétend que la commission scolaire « ça existe parce qu’il y a des enfants qui ont besoin de services éducatifs ». Bien justement, vous ne leur donnez strictement rien et ils ont tous envie de décrocher rendus en secondaire III. Et si vous leur donniez justement la bonne nourriture intellectuelle, dont des cours sur comment on fait l’amour, le jeune n’aurait peut-être pas été obligé d’aller s’exciter la membrane sur des sites pornos. Moi, je me poserais aussi cette question-là. Ensuite, elle se sert lâchement du commentaire de l’élève pour monter sur ses grands chevaux et rapporter l’indignation que ça suscite. Moi, ces administrateurs, je les ai loin… dans le derrière, puisque c’est de ce domaine dont il est question.

LA RÉACTION DE L'INTÉRESSÉE

Samantha Ardente est dépassée par la tournure des événements et regrette. Son syndicat lui a demandé ne pas en dire davantage. Elle se la boucle donc. J’ai lu quelque part que le jeune dénonciateur a été suspendu aussi. Encore là, je n’ai pas les détails en ce qui le concerne, mais on ne va pas stigmatiser un adolescent pour ça. Comme jadis, quand on vous surprenait à vous masturber. Ça, Madame Boisvert, c’est une méthode tellement bien éducative. Il risque d’être traumatisé pour le restant de ses jours. Un groupe de soutien à Samantha a été créé sur Facebook, qui a récolté plus de 4 000 signatures.

LA TRADITION JUDÉO-CHRÉTIENNE
                                  D'OBTRACISER LES FESSES

Il est encore loin, le temps où on ne sursautera pas davantage en voyant un pénis en érection qu’une paire de mains. Le domaine de la pornographie, si nécessaire pour ne pas devenir fou, ça soulage pas mal de pulsions. Demandez aux hommes et aux femmes, aussi, qui vont sur les sites les plus visités sur le Web. Signe qu’on est sous-alimentés. L’autre jour, j’étais à l’hôtel avec une belle avec qui je m’étais entendu pour passer la nuit. « Amène ta brosse à dents », avais-je dit. Au souper, rendus au dessert, elle m’informe soudainement que ça ne peut plus marcher, parce qu’elle avait sans doute oublié de me dire que sa mère était cardiaque et que le vendredi, c’était son tour de garde pour la veiller (voyez la manœuvre pour se défiler de la petite sauterie prévue).

Poli, j’ai joué son jeu. Mais ce que j’étais en c… J’avais deux choix. Convoquer une escorte dans ma chambre. Finalement, je me suis rabattu, faute de budget, sur les chaînes cochonnes que nous dispensent les hôtels, d’ailleurs, car c’est très payant.  Merci aux Samantha Ardente de la Terre de suppléer à nos frustrations. Les femmes, comme la porte-parole de la commission scolaire, font preuves d’hypocrisie éhontée en matière de sexualité. Tout se monnaye en la matière, à défaut d’égalité sincère dans les désirs. À la place de Samantha, je répondrais, comme Arletty, « mon cul est international et tentez, pour voir, de vous en prendre à mon travail de jour et je vous poursuivrai ». Je citerai aussi Cocteau : « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi ».  Les travailleuses du sexe sont pour ma part des bienfaitrices de l’humanité. Lâche pas, Samantha Ardente, tu fais des jalouses...

Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com

Source: Daniel Rolland