Par la suite Robert Logan, en 2000, avait publié sur le 6^ième langage ce qui lui a permis d’avoir le prix de l’association d’écologie des médias pour un résultat hors de l’ordinaire au sujet de l’écologie dans sa forme symbolique.  Dans son dernier livre Logan met à jour le travail de Marshall McLuhan en appliquant ses idées à la révolution de la communication due à l’information digitale.  Le travail de Logan touche au langage à l’éducation, au travail, aux classes sociales, à la technologie de l’information et même à une théorie de l’administration.  Mais pour l’instant, concentrons-nous sur les cinq langages dont le dernier est l’informatique.

Le langage sert aux êtres humains de communication.  Cette communication donne de l’information mais elle est également relationnelle c'est-à-dire que cette communication influence la personne qui la reçoit.  De plus, le langage verbal a permis d’enregistrer le savoir par la mémoire.  La voix a permis de garder les souvenirs d’une civilisation grâce à des refrains et à un rythme particulier le plus souvent chanté par un groupe au complet ce qui permettait à celui qui en avait oublié une partie de se retrouver et de continuer jusqu’à ce qu’il sache l’hymne par cœur.  Un bon exemple de ces souvenirs auditifs c’est l’épopée de la Guerre de Troie qui est remplie de fioritures extraordinaires et incroyables pour nous mais qui, néanmoins, nous relatait une guerre qui avait existé et qui a permis qu’on retrouve la ville de Troie.

Mais ces chansons et ces hymnes s’étaient transformés avec le temps pour parfois avoir très peu de relations avec la réalité.  Il fallait donc une espèce de codage beaucoup plus sophistiqué et plus objectif et moins déformé que la voix humaine pour écrire l’histroire.

L’écriture permet un codage qui dépasse le groupe, qui dépasse le temps, qui ne dépend pas du rythme et peu à peu l’écriture en vers a perdu de sa valeur puisque c’était surtout une valeur de mémorisation.  Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est la nécessicité qui a poussé à tous les langages. Les mathématiques ont été un langage qui a eu préséance sur la littérature.  Les mathématiques permettent de coder d’une manière adéquate. En effet, il était plus facile de représenter symboliquement 1000 grains de riz que de les représenter visuellement.  Déjà, les sumériens qui levaient leur impôt en échange d’une irrigation, utilisait des codes mathématiques.  Après les mathématiques l’écriture a codifié les lois, l’histoire, les coutumes et les manières de trouver de la nourriture.

Mais tous ces éléments devenaient de plus en plus complexe, surtout dans le domaine de l’observation des astres et fallait classifier le tout d’une manière plus efficace. La science, est alors apparue par nécessité : elle permet de cataloguer, de classifier en familles différentes, de répertorier ce qu’on trouve. Par exemple, cela a permis de reconstruire les dinosaures morceau par morceau.  Cela nous permet de réaliser que la baleine n’est pas un poisson mais un mammifère marin et la science nous permet de mettre de l’ordre dans nos connaissances. 

Mais la science amenant beaucoup de connaissances surtout au 18^ème siècle il fallait trouver un moyen de mettre de l’ordre et de tout trouver plus facilement .L’informatique qui, en français, porte justement le nom de « ordinateur ».  Ça nous permet de classifier des données qui seraient trop difficiles à trouver ailleurs.  C’est l’outil le plus efficace pour retrouver une information. 

1- LA VOIX

Il est clair que les épopées qui chantent des héros telle que la légende de Merlin ou des légendes de La Valkyries ou de Roncevaux où le neveu de Charlemagne se serait fortement distingué ont l’inconvénient d’avoir changé plusieurs vérités historique par des légendes peu crédibles. Mais de même que cet allemand qui a pris au sérieux l’Iliade et l’Odyssée et qui a fini par retrouver la ville de Troie, il faut comprendre que ces légendes contiennent toute une partie de vérité.  Comme elles nous viennent des siècles et des siècles antérieurs, parfois elles peuvent porter une certaine vérité qui dépasse de loin les exagérations de la légende. 

Savoir par cœur était possible à cette époque. On a trouvé en Europe de l’Est des populations qui continuent à pouvoir réciter 5000 vers sans pratiquement d’erreurs ce qui nous fait comprendre qu’au temps des grecs on pouvait réciter l’Iliade ou l’Odyssée presqu’en entier avec peu d’erreurs puisque ces populations étaient beaucoup plus auditives que visuelles et des populations d’écriture.  De plus, dans les débuts de l’humanité le langage était plus répandu que l’écriture.  Un exemple typique c’est que les grecs après la guerre de Troie, malgré le fait qu’antérieurement ils étaient riches et puissantes et dirigés par le roi Agamemnon, ont tellement sombré dans des difficultés qu’ils en sont arrivés à perdre complètement leur écriture.  Mais par contre les paroles sont restées et ils ont pu continuer à parler grec et, quand les phéniciens sont arrivés, ils ont utilisé le style d’alphabet des phéniciens pour reprendre leur écriture qui d’après Marshall McLuhan et Robert Logan ont permis un changement radical.

C’est ainsi qu’il est possible que des informations sur les civilisations avant Sumer qui serait une des premières civilisations de 5 mille ans avant Jésus-Christ nous sont parvenues par des légendes qui peuvent porter une partie de vérité.  J’ai moi-même étudié l’histoire égyptienne qui a l’avantage de nous laisser des traces pendant 3000 ans et j’ai été étonné de voir que dans la bible, à côté d’histoires fantastiques, il y avait des points de repère assez précis qui nous permettaient de remonter très loin dans le temps. 

La bible ferait partie d’un historique très ancien. Mais ce que nous avons est fragmentaire et incomplet. La bible que nous avons actuellement a été fortement épurée par l’empereur romain Constantin au 4^ème siècle puisqu’il était lui-même chrétien.  Il avait décidé de mettre dans la bible ce qu’il jugeait bon et d’enlever le reste. 

Par contre les manuscrits de la Mer Morte nous ont présenté des extraits qui ajoutent un grand nombre d’éléments qui peuvent avoir une certaine vérité historique et qui d’ailleurs semble avoir été protégée par les esséniens

Les Esséniens sont la troisième « secte » de la société juive de Palestine, derrière les pharisiens et les sadducéens.  Les Esséniens vivaient dans des villes différentes, mais rassemblés dans la vie communale consacrée à l'ascèse, volontairement pauvres, pratiquant l'immersion quotidienne et l'abstinence des plaisirs du monde. Les Esséniens ont acquis une renommée dans les temps modernes à la suite de la découverte à partir de 1947, d'un vaste groupe de documents religieux connus sous le nom de Manuscrits de la mer Morte, dont une centaine (sur 900) pourraient être Esséniens.

Il se peut que ces textes nous révèlent une histoire oubliée ou une vision du monde plus pure des origines que la bible actuelle.

2- L’ÉCRITURE COMMENCE PAR

             L'ÉCRITURE MATHÉMATIQUE

D’abord, il faut comprendre que les mathématiques ont commencé à symboliser un certain nombre par des moulures en argile qui ressemblaient à un bâton.  Ceci a donné lieu par la suite aux chiffres grecs où deux bâtons côte à côte II signifient 2; III=3 S’ils sont rejoints par le bord inférieur « V » signifie 5.  Si on ajoute un bâton à droite de ce schéma-là soit VI on obtient 6 et quand deux bâtons sont croisés X cela signifie 10 et s’il y a deux bâtons croisés XX, ça signifie 20.  Donc, on voit que même les chiffres grecs, qui étaient assez sophistiqués et qui ont permis une science importante, ont commencé par des chiffres. 

D’ailleurs il ne fait pas oublier que dans la majorité des langues, en tout cas en français et en anglais certainement, un conteur peut signifier quelqu’un qui raconte des histoires et des épopées ou ça peut être quelqu’un qui compte comme un comptable.  De même en anglais, un « teller » c’est quelqu’un qui raconte des histoires, mais ça peut aussi être quelqu’un qui est à la banque à un guichet et qui gère l’argent. 

Donc il est fort probable que le tout a commencé par la comptabilité et cela s’est transformé peu à peu en écriture.  Les premières écritures ont été trouvées à Sumer, le berceau de la civilisation, qui utilisait des dessins d’objets ou des monosyllabes pour référer à un son.  Par exemple un dessin de chat pouvait correspondre à un son qui était « ch » ou chat.  Puis il y a eu une évolution.  Quand ils ont été conquis par les Arkadiens, qui étaient de langue sémitique et qui n’avaient pas de représentation pour les sons, ils ont fini par emprunter l’alphabet sumérien. 

Mais environ 2300 avant Jésus-Christ, les Arkadiens qui étaient sémitiques, ont commencé à séparer les sons des dessins ou des mots originels dont ils ne comprenaient pas le langage.  Et, finalement, sur le plan de l’écriture, Sumer en 1750 avant Jésus-Christ nous a laissé un des premiers codes écrit.  Ce code d’Hammourabi était fait avec un alphabet réduit à 60 lettres, les poids et les mesures étaient légalisés, il y avait un code légal.  L’avantage du code d’Hammourabi qu’on peut trouver très sévère de nos jours, car on pouvait décider de couper la main de quelqu’un qui avait volé avec cette main avait néanmoins un avantage c’est que tous les citoyens étaient sujets à la même loi, que le code était sur toutes les places publiques et tout le monde pouvait y avoir accès.

Donc, c’était un pas vers la civilisation quel que soient les contenus très sévères qui étaient dans ce code là.  Par la suite à Canaan, qui étaient des protophéniciens, l’alphabet était phonétique de 20 lettres, chaque lettre représentant un son et non une chose ou un animal ce qui était déjà un progrès immense.  Puis les grecs qui étaient souvent en affaire avec les phéniciens qui étaient d’excellents navigateurs et d’excellents marchands également.  

Quant à l’alphabet grec emprunté des phéniciens de 20 lettres auquels ils ont ajouté les voyelles c’était logique, transportable et abstrait, cela a permis la déduction, la logique et la science.  L’alphabet grec a permis d’organiser et de conserver l’information bien différemment que la parole.  L’ordre est plus strict, les vers ne sont plus nécessaires puisqu’on n’a plus à le retenir par cœur.  Il y a un début et une fin.  Et, une fois qu’une chose a été dite, ce n’est plus nécessaire de la répéter comme dans les chansons d’épopées.  Pour l’école de Marshall McLuhan, l’écriture alphabétique a permis l’abstraction, l’objectivation, la classification, la codification et l’analyse scientifique.  Pour cet auteur, les grecs ont donc eu une logique déductive, une science abstraite, une philosophie rationnelle et une histoire objective.  

3-LES MATHÉMATIQUES

              AU DÉBUT DE L'ÉCRITURE

Un autre gros changement dans les mathématiques a été le zéro.  En effet, les grecs refusaient le vide et donc ils n’avaient pas de zéro.

Par contre, les hindous acceptaient le zéro et ce vide portait le nom de sunya qui veut dire laisser une place.  Par exemple si on avait 5 plus sunya et 1, cela voulait dire 501.  Quant aux arabes le nom sifr vient du mot hindou sunya et les latins l’ont transformé en zépharino qui a finit par donner zéro.  Donc, les mathématiques ont permis des calculs qui auraient été impossibles de faire dans sa tête.  Il y a eu le signe négatif qui a permis l’algèbre.  La notion de vide et d’infini était née et permettait à l’esprit de s’élever au-dessus de la nécessité et des objets.    

4-LA SCIENCE ABSTRAITE

La science permet des classifications mais surtout de prévoir l’avenir ce qui était extrêmement important pour les premières civilisations.  Il fallait connaître les saisons.  Les égyptiens avaient besoin de connaître quand le Nil allait déborder donc il fallait connaitre les saisons et les prévoir.  Il était très important de calculer la surface des terrains, et cela a créé la géométrie.  Puis, la science abstraite a permis de s’éloigner des théories mythologiques, de classer des données d’une manière logique et cela à permis de découvrir des similitudes qu’on n’aurait pas trouvées autrement.  Comme par exemple, la similitude de tous les animaux mammifères qui vivent dans l’eau et qui ne sont pas des poissons. 

5- L’ORDINATEUR : LE 5ième LANGAGE

Et, finalement, Logan considère que l’ordinateur est le 5^ième langage.  La question qui se pose de nos jours pour plusieurs personnes, ils se disent

 « Est-ce que je ne peux pas me permettre de ne rien comprendre à l’ordinateur, ce n’est pas tellement important ».

La réponse est que cela devient de plus en plus difficile de pouvoir fonctionner sans ordinateur qui peut bien classer ce que l’on veut classer, qui permet de le retrouver facilement et qui fait des calculs qui seraient quasiment impossible de faire dans sa tête. Puis cela a donné lieu à la révolution de l’information. Alors que l’argent et le capital étaient très importants, au 19^ème siècle, par la suite, c’est l’information qui devenait la plus importante.  On sait que les médias ont du pouvoir dans la mesure où ils ont de l’information. 

6-L’INTERNET LE 6ième LANGAGE

Mais le tout ne s’arrête pas là et à l’aire de l’Internet, Logan est allé beaucoup plus loin et il a écrit son livre sur le 6^ième langage.  Pour Logan, ce 6^ième langage n’est pas rien qu’un système de communication mais c’est aussi un outil pour arriver à trier l’information.  Logan revient sur le fait, comme nous l’avons dit, la parole, l’écriture, les mathématiques, la science et l’informatique étaient les premiers langages et que l’Internet est un sixième langage.  Il considère qu’il y a une chaîne évolutionnaire à partir du langage verbal. 

ÉVOLUTION DU LANGAGE

         D'APRÈS ROBERT K LOGAN

Il a une théorie de l’évolution du langage.  Il est d’accord avec le linguiste Chomsky que le langage ne peut exister sans une organisation cérébrale spécifique au départ. Cette organisation cérébrale est la propriété de l’humain actuel. Par contre il diffère de Chomsky car il considère que le langage a évolué avec la nécessité.  Au début dans de petites communautés des cris comme Hoo-Hiisse pour scander un effort était suffisant.

Puis dans des régions bien irriguées particulièrement entre l’Euphrate et le Tigre la société est devenue plus nombreuse et plus complexe.  La nécessité a poussé à un langage perceptuel.  Un Percept est une représentation identique à nos sens : le lion qu’on vient de voir.  Mais répertorier tous les animaux tels qu’ils ont été vus est lourd. Pour Logan une révolution du langage a été de passer au Concept. Un concept est une représentation générale et abstraite de la réalité d'un objet.

Le langage devient plus concis le concept de lion en général n’a pas besoin de s’occuper de sa taille, de sa couleur ou autre.  Mais surtout le langage introduit une notion d’abstraction qui va faire évoluer beaucoup les humains. Mais plus les sociétés devenaient complexes plus le langage était détaillé.  Au long des siècles le cerveau humain a augmenté de volume. Mais le volume de la boite crânienne avait des limites.  La spécialisation des femmes à accoucher a permis qu’elles aient un basin plus grand que celui de l’homme.  Mais cela a eu des limites.  Le cerveau humain ne trouvant pas assez de place a commencé à se plisser en circonvolutions donnant plus de surface au cortex cérébral.

La nature ne pouvant plus augmenter le volume du Hardware a donc développé un software plus efficace : le langage symbolique. Mais cela n’a pas suffi devant la complexité de la vie moderne.  C’est travaillant avec McLuhan que Logan a entendu la phrase

« La roue est l’extension de la jambe, l’ordinateur est l’extension du cerveau ». 

Donc l’homme après avoir épuisé toutes les possibilités du langage oral puis écrit a utilisé un langage externe à lui l’ordinateur. Mais l’ordinateur ayant rétréci le monde a un village global, les individus ont eu des contacts entre eux et ont voulu mieux se connaitre : on arrive alors à la révolution de l’internet et des réseaux sociaux : le 6^ème langage.

CONSÉQUENCES SOCIALES

Mais ce qui est important pour Logan, cela veut dire que cela demande une nouvelle éducation, des conditions sociales différentes, des institutions politiques et économiques qui naissent alors que cela n’existait pas avant.  Par exemple, pour l’éducation, Logan montre que l’évolution du langage mène à l’évolution de l’éducation.  Il explique que la raison pour laquelle les écoles sont hors de contact c’est que ces organismes ont été faits à l’ère industrielle et qu’ils ne remplissent pas le besoin de l’âge de l’Internet ou de l’âge de la connaissance. 

Donc, Logan suggère un moyen radical de remédier à ce malaise d’éducation et propose que le curriculum de base soit ciblé sur les habiletés associées aux 6 langages c'est-à-dire, la parole, l’écriture, les mathématiques, la science, l’informatique et l’Internet.  Il dit que les sujets qui sont étudiés à l’école actuellement ne sont pas importants et ne soutiennent pas l’intérêt de l’étudiant. 

Puis Logan considère qu’une fois que les étudiants ont maîtrisé les 6 langages, ils sont alors en position pour apprendre des sujets particuliers ou du matériel dont ils besoin pour leur travail ou pour leurs intérêts personnels.   Il propose également de repenser d’une manière totalement radicale l’entraînement et l’éducation au niveau du travail.  Finalement, il considère que l’Internet a remis en place une civilisation orale, de la parole, qui avait été un peu oubliée dans l’ère industrielle.  Son livre démontre que le nouveau niveau de relations entre les personnes demande beaucoup plus que simplement un engineering du processus d’affaires tels que le marqueting, la publicité, les ventes, le support aux clients ou des recherches de marché.

Il considère que tous ces domaines devraient être alignés ensemble puisque, d’une certaine manière, ils sont tous intégrés dans l’Internet.  Il dit que l’Internet est présent à nous mais qu’il y a plusieurs compagnies qui ne comprennent pas le concept d’apprendre en même temps qu’on vit. 

DR ÉDOUARD BELTRAMI