Vendredi, 11 juillet 2014

DOCTEUR YVES BOLDUC, LUCIDE

par

Il y a quelques années, l’ex-premier ministre Lucien Bouchard avait signé avec quelques autres sommités de la société québécoise une lettre ouverte publiée par les médias où il faisait état de l’urgence pour les Québécois de devenir productifs. Monsieur Bouchard mentionnait que les Québécois en général ne travaillaient pas assez.

 

Nous constatons maintenant que le docteur Yves Bolduc aurait possiblement adhéré à ce message de monsieur Bouchard et qu’au moment où il était député dans l’opposition, il considérait avoir suffisamment de temps libre pour se permettre d’avoir un deuxième emploi. Cependant, il est difficile de croire que c’est par lucidité et acceptation du message de monsieur Bouchard que le docteur Bolduc soit retourné alors à la pratique de la médecine.

Comme ministre de la Santé, il avait instauré un programme pour inciter les médecins en cliniques privées à traiter plus de patients et comme simple député, il aurait décidé de faire profiter environ 1500 personnes de ses temps libres pour les soigner et ainsi recevoir une prime incitative de plus de 200 000 $. Là où le tout devient difficile à croire, c’est que tout le monde sait qu’un député dévoué aux gens qu’il représente n’a pas de moments libres, sauf peut-être pour sa famille et sa vie privée, mais encore là, pas beaucoup de temps libre.



En effet, le député est normalement occupé à temps plein par son rôle de représentation à l‘Assemblée nationale où les débats se tiennent le jour et aussi le soir. Le jour, il peut aussi être appelé à siéger en commission parlementaire ou à se documenter sur les dossiers et projets de loi qu’il doit critiquer en chambre. Mais, ce qui rend le rôle d’un député accaparant et peu attirant pour plusieurs personnes, c’est qu’il doit participer aux activités de son parti et aussi de son comté, les soirs, samedis et dimanches puisque ses commettants qui pour la plupart occupent un emploi à temps plein le jour sont libres à ces moments-là seulement pour ce type de rencontres.

Alors quand le docteur Bolduc explique aujourd’hui qu’il pratiquait la médecine en clinique les soirs et fins de semaine, nous devons comprendre quelques soirs, samedis et dimanches où son rôle de député ne l’accaparait pas, à moins qu’il ne s’y soit pas consacré à temps plein tout en recevant sa rémunération de député à temps plein.



Là où le bât blesse, c’est qu’Yves Bolduc est le ministre en poste lorsque ces primes incitatives ont été créées et mises en vigueur et que lorsqu’il a vu une opportunité d’en profiter personnellement, il est sauté dans l’assiette au beurre et sans retenue. À ma clinique médicale, les médecins qui travaillent pourtant tous à temps plein en étant disponibles pour leur clientèle jour et soir traitent entre 700 et 1000 personnes. Yves Bolduc, lui qui était député en a inscrit 1500 sur sa liste de clients, ce qui explique la généreuse prime qu’il a touchée.

Il est d’abord questionnable que les médecins qui ne sont pas les professionnels loin d’être les moins bien payés dans notre société, reçoivent une prime incitative pour accepter des clients. Ce type de prime n’existe pour aucune autre catégorie de travailleur autonome. Bien des esthéticiennes, traducteurs, avocats ou gens d’affaires se démènent pour attirer une nouvelle clientèle et n’en tireront qu’un revenu supplémentaire une fois le travail accompli contrairement au médecin, qui a maintenant droit en plus à une prime incitative. Nous sommes en période de demande dépassant largement l’offre, les médecins ne manqueront pas de clients. Trouvons d’autres solutions.

Si ces primes ont été conçues pour permettre à plus de Québécois d’avoir un médecin de famille, c’est une stratégie questionnable. Ce budget aurait plutôt dû être attribué aux universités pour qu’elles forment plus de médecins après les avoir obligées à revoir leurs critères d’admission en médecine, puisque ces critères basés sur les résultats scolaires font que les universités n’accueillent actuellement en majorité que des femmes et des Vietnamiens.



Or, notre société se retrouve avec de nombreux médecins vietnamiens très dévoués et qui n’ont pas peur de consacrer beaucoup de temps à leur clientèle, ce qui est avantageux pour nous, mais aussi avec de nombreuses jeunes femmes qui, une fois entrées sur le marché du travail veulent aussi avoir des enfants et consacrer du temps à leurs familles, ce qui est normal et louable. Cependant, elles ne travaillent donc pas à temps plein et nous manquons de médecins. 

Les universités devraient admettre plus de candidats à la médecine non pas en risquant de former des gens moins compétents, mais en appliquant des critères moins restrictifs tout en étant sélectives pour identifier les gens qui auraient le talent et la volonté de se dévouer à la santé de leurs patients.

Quel que soit le sort réservé au docteur Bolduc au sortir de cette tempête, je demeure convaincu qu’il serait plus utile comme médecin puisque nous en manquons et que son gouvernement vient de réaliser qu’un médecin ne peut pas occuper un double emploi. Le docteur Barette, ministre de la Santé en ayant informé les Directeurs régionaux de la santé publique.

Comme ministre de l’Éducation, Yves Bolduc n’est pas le modèle que nous voudrions que nos jeunes retiennent au moment de se diriger sur le marché du travail en recherchant les opportunités ou failles du système permettant de profiter d’avantages financiers.

Ras-le-bol du conflit d’intérêts apparent que l’on décrit ensuite comme légal sans excuser son manque d’éthique. Nous sommes lucides.

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- 19 janvier 2020
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