PAUVRE PATRON

 

Précisons dès le départ que la loi numéro 3 ratisse large et ne tient pas compte d’ententes signées récemment par des municipalités qui se disent satisfaites de leur convention collective quant à la portion sur la retraite, mais qui par solidarité, approuvent la loi 3 proposée par le gouvernement Couillard et défendue par le ministre Moreau. Précisons aussi que certaines municipalités ont accepté par le passé des conventions collectives qu’elles n’ont pas les moyens de payer, tout simplement pour acheter la paix avec leurs employés.

D’ailleurs, il faut admettre qu’au cours de dernières années, les policiers, pompiers et cols bleus n’ont pas négocié uniquement à la table de négociation, mais aussi dans la rue et pas en donnant dans la dentelle. Un revolver sur la tempe pour signer et cela, ce n’était pas très différent. Qui va leur reprocher cette tactique qui avait aussi fonctionné pour les Mohawks masqués signant une entente avec un ministre?

Or, un grand nombre de Québécois a souvent une image erronée du patron. Est-ce à cause des affirmations des syndicats? Pour beaucoup, un patron est riche, ne travaille pas fort et exploite ses employés. La Commission Charbonneau nous a aussi fait constater qu’il y en a parmi eux qui étaient malhonnêtes. Il ne faut pas généraliser.



Cependant, quand on vérifie vraiment, un tout autre portrait apparaît. Le patron d’entreprise qui gère seul sa jeune entreprise doit beaucoup à son banquier et fait de nombreuses heures de travail pour essayer de réduire les frais que représenterait l’embauche de personnel additionnel. De plus, les ventes de son entreprise reposent uniquement sur lui, ce qui explique qu’il doit passer beaucoup de temps hors de l’entreprise pour rencontrer et solliciter les clients. En retour, il limite son salaire pour ne pas nuire à la compagnie et son entreprise ne fera pas de profits appréciables avant quelques années.

C’est loin de la perception du patron. Peu de gens réalisent que le banquier à titre de premier créancier peut faire et fait pression sur le patron pour assurer la continuité du remboursement de son emprunt. Il arrive même que le banquier exige un plan de redressement quand il sent que l’entreprise ne roule pas à plein régime. Il fait aussi pression sur le « patron » pour qu’il réduise les dépenses, voire l’embauche, ou bien réclame le remboursement de son prêt avant échéance.



La famille, l’entourage, la parenté de l’employeur et même les employés ne voient pas cela et ne réalise pas que le patron plus haut décrit comme gras dur travaille pour le banquier, celui qui a le plus de pouvoirs en dernier recours. Tout cela parce que les gens ne réalisent pas que le banquier ne prend pas de risques, il prête si l’entreprise peut garantir les sommes prêtées, souvent en exigeant une mise de fonds importante et un endossement du propriétaire. D’où l’expression, un banquier vous prête un parapluie quand il fait beau et le reprend quand la température change. D’autres préfèrent dire que le banquier a besoin de bretelles et d’une ceinture pour soutenir la même paire de pantalon. C’est de cette façon que nos banques font des milliards de dollars de profits par année.

La famille souffre souvent de l’absence du parent-propriétaire de l’entreprise et ne comprend pas que le titre de patron ne donne pas plus de liberté pour s’absenter du travail et pour passer plus de temps avec le conjoint et les enfants. Après tout, la conciliation travail-famille, ça existe et les politiciens se targuent de contribuer à ce que les gens en bénéficient.



La parenté s’imagine aussi très souvent qu’en étant propriétaire de son entreprise, leur frère, cousin ou oncle fait beaucoup d’argent et qu’il devrait se montrer plus généreux lors des rencontres familiales, ou même plus porté à recruter un parent même éloigné qui devient disponible sur le marché du travail. Cependant, s’il engageait le beau-frère mis à pied par son patron pour des raisons nébuleuses, plutôt qu’une personne avec expérience dans son secteur d’activités, se rendrait-il vraiment service sur le plan professionnel et familial? Non, parce que la journée qu’il devient évident que le beau-frère n’est pas fait pour cet emploi et qu’il devrait à son tour le remercier de ses services, il deviendrait pour la parenté le chien sale de patron profiteur. Pouvez-vous imaginer le party de Noël avec la grande famille? C’est pourquoi on enseigne souvent en « Lancement d’une entreprise » de ne pas engager quelqu’un que l’on ne pourrait pas congédier.

Les amis vont aussi à l’occasion passer le commentaire laissant entendre que leur ex-ami préfère empiler les gros revenus plutôt que de continuer à participer aux activités du groupe, en prétextant le manque de disponibilité.



La diminution de temps consacré à la pratique de sports et de loisirs aussi par manque de temps entraîne souvent l’apparition de douleurs inconnues, de petits problèmes de santé qui devront attendre avant que le patron s’en occupe, parfois trop tard alors qu’ils seront devenus de gros problèmes de santé qui exigeront de diminuer son ardeur ou son retrait complet du travail.

Lorsque les syndiqués crient leurs slogans, qui se demande où sont les vrais patrons? Qu’ils soient banquiers, actionnaires ou électeurs ayant attribué le pouvoir à leurs représentants élus pour bien gérer les fonds publics et faire cesser la collusion et la corruption, nous payons tous des taxes pour les employés du secteur public. Veut-on et peut-on vraiment en payer plus?

TECHNOLOGIQUEMENT OU STRATÉGIQUEMENT?