LÂCHEZ FACEBOOK

J’ai une dame parmi mes proches qui me disait, et elle est très âgée, que si tout le monde pensait comme tout le monde, personne ne penserait par lui-même. Pourquoi je vous rapporte ce commentaire, c’est que c’est très dans l’air du temps d’être inscrit sur Facebook, Twitter et combien d’autres médias sociaux. Même Google est entré dans la ronde. C’est bien beau, mais ce sont des présences virtuelles. Rien ne vaudra le contact direct. Il y a un paradoxe. En même temps que vous avez 500 « amis », pour reprendre la formule consacrée,

vous n’avez plus personne dans votre vie réelle de tous les jours. Je le sais. J’essaie parfois d’organiser un souper, une sortie. Que c’est devenu complexe. Mais je sais fort bien que vous allez passer au moins trois heures par jour à envoyer vos missives sur ordinateur.

DES DOMMAGES COLLATÉRAUX

Il n’y a jamais eu autant de solitude que maintenant. C’est curieux. C’est que l’Homme est un animal social. Nous avons besoin de serrer la main, de s’étreindre, de se toucher, de se voir, bref de socialiser. Le Web nous donne l’apparence de la vie en société, mais ce n’en est pas. Mes vrais amis se comptent sur les doigts d’une demi-main. Je n’en ai pas besoin davantage. Ce sont trois personnes sur qui je peux compter et à qui, au besoin, je pourrai téléphoner à une heure même tardive pour confier mon petit désarroi. Au besoin, ils n’hésiteront pas à se déplacer si c’est nécessaire. Essayez de faire la même chose avec les amis de l’Internet.

LA CONVIVIALITÉ NÉCESSAIRE

C’est toute une différence que de prendre un bon verre entre amis, de partager un bon repas. L’autre jour, j’étais chez des connaissances du milieu créole. Alors que nous, dès que 20 heures sonne, on se met à bailler, leurs invités arrivaient passé 23 h 30 ! Chacun apportait une contribution au repas qui, au final, a été gargantuesque. Nous étions une trentaine de personnes. Et pas une fois on a sorti son cellulaire. Ces gens avaient sincèrement besoin de se voir. Les gens ont dansé collés collés sur des musiques des Caraïbes. C’était chaud, je vous en passe un papier. Et tout le monde a bu raisonnablement. Même pas un joint à l’horizon.

C’était parfait à tous points de vue. Je n’en revenais pas. C’est pourquoi il faudrait vous inspirer de telles soirées pour que vous puissiez les reproduire. Et ne m’opposez pas l’argument de l’argent. Eddie Barclay, le grand impresario français, disait que lorsqu’on est bien entre amis, un bout de saucisson et une bière vous démarrent l’affaire. L’autre jour, j’appelle une amie pour lui suggérer de se voir; sa réponse a été : « Je suis chez mon chum;  on peut-tu se rappeler un autre jour?» Le grand homme de théâtre Sacha Guitry a écrit un jour : « Avec de tels amis, je n’ai pas besoin d’ennemis ».

Pour le moment, je vous adresse de bons baisers virtuels. Mais ce n’est jamais comme si je vous les offrais en direct sur vos deux joues.