VIVRE SANS VALENTIN

Autrefois, quand vous franchissiez les vingt-six ans sans être encore mariée, on vous cataloguait vieille fille et vous aviez les honneurs de la Sainte-Catherine. Heureusement, cette époque est révolue. Ce qui n’a pas changé, hélas, chez nous les femmes, c’est cette idée qu’une vie ne peut être faite de plénitude s’il n’y a pas un homme dans nos vies. Je déplore que beaucoup d’entre nous vivent trop encore dans le regard de l’homme. Car ce qui arrive, pour ne pas vivre seule, on se met en couple avec le premier venu.

Des associations rapides qui se défont aussi vite. De ne pas avoir de mâle dans son quotidien, je vous assure, n’est pas si dramatique. Il faut profiter de cette période pour prendre le temps de mieux se connaître soi-même, évaluer ses propres besoins, de sorte de faire le bon choix. Et en voyant des couples, ne vous mettez surtout pas en mode envie. Bien des gens que vous voyez bras dessus bras dessous affichent peut-être une harmonie apparente, mais je dis bien apparente. Abandonnez les images toutes faites du bonheur en couple. Vivre à deux est tout un défi.

Les gens, malgré tout, et c’est bien, espèrent un amour durable. Mais pour que ça dure, il faut une bonne préparation psychologique. C’est pourquoi c’est au moment où nous sommes seules qu’il faut faire l’inventaire de ses aptitudes à vivre à deux. Avoir un homme pour épater la galerie, c’est à la portée de toutes. Mais que cette relation soit enrichissante mutuellement exige une très bonne connaissance de soi. Et la règle première pour bien s’épanouir à deux, c’est d’abord de beaucoup s’aimer soi-même. L’autre n’apportera pas la confiance que vous ne possédez pas. L’autre jour, une amie me disait à quel point elle aime les hommes et désespérait de ne pas encore avoir trouvé le bon.

LA BARRE TROP HAUTE

Le gros défaut que nous avons est de placer la barre trop haute. Il faut que le Roméo potentiel ne soit pas trop gros, qu’il ait une bonne situation, qu’il nous gâte à plein, etc. La liste de demandes est longue. Et il faut être modeste vis-à-vis la vie. Un ami à moi me racontait récemment avoir invité une de ses copines à un weekend dans un grand hôtel montréalais, question de faire comme des touristes dans leur ville. Tout était parfait, grand souper monté dans la salle à manger de la suite, une nuit réparatrice et un superbe petit déjeuner buffet. Et c’est alors que madame lui sort l’appréciation suivante : « Tu sais, Charles, mon copain dont je t’ai parlé qui m’a amenée dans un cinq étoiles au Mexique. T’aurais dû voir la suite. Ici, à l’hôtel, il y a du marbre dans les salles de bains, oui. Mais on voit bien que c’est de seconde zone. Tandis que là-bas, tu as du marbre superbe comme on n’en voit pas ici, mur à mur ».

Le gars qui m’a rapporté l’anecdote m’a dit qu’un peu plus et il aurait eu le goût de la gifler. Et pourtant, il ajouta : « C’est une fille qui, au quotidien, n’a pas l’ombre d’une méchanceté ». Et pourtant, cela ne l’a pas empêchée de pousser cette appréciation très désobligeante. Comme si elle se mettait aux enchères et c’est à qui lui en ferait découvrir davantage. J’appelle cela le syndrome de la princesse, dont trop parmi nous souffrons. De la modestie, donc. Votre Valentin idéal, il ne faut pas l’envisager comme un pourvoyeur, mais comme un partenaire de vie, à égalité. Vous aurez ainsi de meilleures chances de vivre un amour durable. Je vous le souhaite de tout cœur.

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