Jeudi, 21 juin 2012

« MAMAN, JE PRENDS UN APPART! »

par

Juin, juillet, saison des déménagements. Dans les derniers mois, de nombreux parents ont entendu leurs enfants leur lancer la nouvelle.

 

Lorsqu’on fonde une famille, on rêve du meilleur pour nos petits.  On se plait à les imaginer dans les meilleures perspectives. Plus tard, alors qu’ils termineront leurs études auprès de nous, aussitôt engagés dans une carrière « payante », gratifiante, ils prendront leur envol à l’abri des difficultés auprès de la personne idéale pour construire une vie merveilleuse.

(Soupir)… Dieu que la réalité nous rattrape! Les scénarios sont nombreux. Alors, je vais vous parler du mien.

Qu’arrive-t-il quand on ne se sent pas prêt pour leur départ, qu’il se pointe plus tôt que prévu? C’est exactement ce que j’ai vécu. Je croyais que ma fille unique allait tranquillement traverser son secondaire pour entrer en soins infirmiers, qu'elle finirait son cours pour se dénicher l’emploi dont elle me parle depuis toute petite puis, qu'elle volerait de ses propres ailes. Elle m’a joué un de ces tours. Elle a échappé à la polyvalente, a été acceptée en soins comme prévu, mais je n’ai jamais anticipé le reste.

Son copain — un peu plus âgé qu'elle — vivait en appart. Certaine que vous voyez le scénario. Vous le visualisez même très bien et sans doute mieux que je ne l’ai senti venir. Ma coquine a commencé par me dire qu’elle passerait l’été chez son amoureux et qu’au début des classes, elle reviendrait à la maison. Arrive le son de la cloche et mademoiselle amorce ses études, mais elle brille toujours par son absence. Le temps s'écoule et finalement, je me retrouve devant le scénario que je craignais de traverser : je dois me rendre à l’évidence, mon bébé veut quitter le nid définitivement.


Lorsqu’elle m’a lancé : « Maman, je me prends un appart! », j’ai manqué d’air, puis  j’ai respiré un bon coup. Avait-elle vraiment prononcé ces paroles? Eh oui! Ma fille m’explique que l’appartement de son chum ne convenait pas à leur vie de couple, qu’elle cherchait quelque chose de plus spacieux pour construire leur avenir. Cette fois, j’ai été contrainte d’avaler ma pilule. De travers, je l’avoue. Elle est majeure. C’est son droit. Alors pourquoi paniquer? Parce que je suis mère poule. Et si elle manquait de bouffe, qu’elle n’arrivait pas à subvenir à ses besoins, qu’elle gelait l’hiver prochain… qu’elle… Foutu instinct maternel!

Non que l'amoureux n’est pas quelqu'un de bien avec ma puce. Au contraire! Jamais il n'ambitionne. Il travaille, subvient à leurs besoins. Tout de même, elle n’a que 19 ans. Rien ne presse!!!!!!!!!!! Parents des deux clans, nous nous sommes épaulés pour les installer convenablement. J’avoue que nous avons également mis la main au portefeuille. C’était à prévoir. Mais bon, je n’ai qu’un seul enfant et je refuse que ma fille vive dans la misère. À présent autonome, dès la reprise de son cours, ma fille composera avec son emploi et sa vie d’étudiante. Comme des centaines le font.  Je l’ai fait et j’ai survécu.  À moi de la laisser voler de ses propres ailes. Mais elle sait que sa chambre demeure disponible.

CEPENDANT, AILLEURS, IL EXISTE DES SCÉNARIOS DIFFÉRENTS, MOINS ROSES, QUI PRENNENT DE PLUS EN PLUS D’AMPLEUR.

Combien se plaignent que leurs jeunes collent!? Qu’ils ont hâte de retrouver leur vie de couple ou juste leur liberté financière! D’autres en ont assez des allers-retours incessants. Une amie dit que nos petits anges ne naissent plus avec un cordon ombilical, mais avec un élastique. L’image colle parfaitement à la réalité. Plus l’élastique s’étire et plus la douleur est cinglante lorsqu’il rebondit. Combien partent pour revenir au bercail une fois, deux fois… de nombreuses fois? C’est peu dire, les géniteurs souffrent autant que leurs progénitures.

L’expérience a été déplorable. L’échec est lourd, si ce n’est de l’état psychologique du jeune adulte. Le rapatriement ne se fait pas dans la sérénité et la joie. Plusieurs parents sortent leur marmaille en catastrophe de leur supposée vie de rêve. En fait, leur quotidien ressemblait plus à un cauchemar qu’à un conte de fée. L’autre ne payait rien, les exploitait,  les trompait, les malmenait, traînait des problèmes de consommation… enfin bref… parfois aussi, et c’est ce qui émiette l’illusion, les tribulations proviennent justement de leur propre enfant qui refuse de l’admettre.

Comme parent, on les aime. Leur éducation découle de notre vécu et de notre héritage familial. On leur enseigne nos valeurs en faisant pour le mieux. Leur sécurité et leur bonheur restent en haut de la liste, tellement que l’on s’oublie. On investit du temps, de l’argent, de grands espoirs et surtout, de nos conseils afin de les mettre sur la bonne voie. Mais peut-on leur éviter de se planter? Je ne crois pas, hélas! Ils doivent apprendre à encaisser les coups durs et à se relever. Comme nous l’avons expérimenté et l'affrontons tous les jours.

Quand ma fille me dit : « Dieu que c’était le fun d’arriver et de ne pas avoir à me soucier du repas après le boulot », ça me fait un petit velours. Je faisais le même commentaire à ma mère au début de mon mariage. Nos jeunes sont bien dans leur foyer, mais ne le savent pas. Ils ignorent que la route est loin d’être un chemin tranquille. Ils oublient combien ils sont gâtés et aimés. Ils finissent par le réaliser. Certains… trop tard; d’autres, un jour ou l’autre. Je leur souhaite de s’accomplir en trouvant un bel équilibre. Le bonheur est un sentiment essentiel à l’existence. S’il l’invite dans leur foyer et qu’il s’y installe, nous, en tant que parents, pourrons poursuivre nos vies avec les épaules plus légères.

SI VOUS AVEZ DES THÈMES SUR LESQUELS VOUS SOUHAITEZ VOUS EXPRIMER, AUTRES QUE CELUI D'AUJOURD'HUI, N'HÉSITEZ PAS.

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