
Certains en ont entendu parler, d’autres ont vécu cet état incontrôlable et un nombre vit avec des personnes qui leur en font voir de toutes les couleurs.
Ma mère m’a raconté quelques-unes de mes mésaventures de somnambulisme de mon enfance. Elle a oublié le nombre de fois où, à la dernière seconde, elle m’empêchait de commettre des folies, car j’errais dans mon monde onirique en me promenant dans la maison. J’en ai bien ri et je sais qu’une fois adulte, tout est rentré dans l’ordre.
COMMENT EXPLIQUER LE PHÉNOMÈNE?
Lors de son sommeil profond, la personne aux prises avec le problème déambule en étant inconsciente. Elle peut tout aussi bien s’asseoir, prendre un verre de lait ou simplement se mettre à déblatérer des trucs insensés. En général, il n’y aucune raison de s’inquiéter, le dormeur retourne de lui-même dans son lit et le lendemain ne se souvient de rien. Il ignore avoir traversé une quelconque réalité.
Des gens plus atteints posent des gestes insensés ou parlent de manière incohérente. Une femme prétendait avoir des relations sexuelles avec des inconnus la nuit. Un rapport qu’a rédigé des professionnels en étude du sommeil. D’autres personnes se sont réveillées dans des endroits insensés et même il arrive que certains changent de personnalité pour devenir violents.
Lors d’un camp d'été, ma nièce a vécu une expérience traumatisante en présence d’un somnambule qui hurlait et se débattait. Pour elle, dormir devenait un véritable cauchemar tant elle craignait les réactions de son compagnon qui dormait dans le lit sous le sien. Les surveillants l’ont rassuré en lui disant qu’un somnambule cherche à descendre, jamais à montrer. Je crois que cela l’a momentanément apaisé. Â
L’intensité de phénomène peut faire frémir ou fait rire. Le côté agréable fait partie des privilèges que me fait souvent vivre mon conjoint. Cet état d’automatiste en sommeil revient chez lui lorsqu’il traverse des périodes de stress ou qu’il tombe de fatigue.
Avant tout, je dois vous dépeindre le personnage. Mon chum est une personne plutôt réservée. Il n’aime pas être le centre d’intérêt, fait son travail avec professionnalisme (il est contremaître dans une carrière de granite), ne parle jamais à la légère et a un esprit d’analyse assez surprenant. Au premier abord, les inconnus sont intimidés par son air sérieux… Pour être poli, on lui trouve un air sévère. Mais c’est une façade. Lorsqu’on découvre son côté pince-sans-rire et son humour sarcastique, on l’adopte. Mais ne gagne pas sa confiance qui le veut. Donc les esclandres et les numéros pour attirer l'attention ne font pas partie de sa nature.
Au début de notre relation, souvent, il se levait en panique, convaincu de ne pas avoir fait son dîner, ouvrant et refermant sa boîte à lunch. Il jurait avoir omis de verrouiller la porte et la barricadait à répétition.
Jusque-là , rien d’extravagant. Pas de quoi écrire un texte sur le sujet.
Alors, imaginez ma réaction, un soir, je suis enchâssée dans mon fauteuil devant la télé pendant que mon homme doit se bercer dans les bras de Morphée depuis deux bonnes heures. Qui vois-je arriver d’une démarche dès plus inhabituelle : MON CHUM! En slip, il se dandine, fait des tourniquets, tend une jambe et une autre, soulève une épaule et se pavane d'un port altier que je ne lui connais pas. Je lui demande ce qu’il fait. Étonné de ma question, il me répond : « Ben quoi, je fais une parade de mode. Tu ne vois pas que tu me déranges! »Â
Je me cache derrière un coussinet j’éclate de rire. Je ne veux surtout pas le réveiller. Autant profiter du spectacle au maximum, je suis assise à la première place. Pour ce qui me captivait à la télé… rien à faire. Le meilleur se déroule devant moi et je me bidonne comme cela n'est pas permis.
Après quelques allers-retours stylés, le dormeur s’en retourne comme si de rien n'était. Mais moi, j’ai tout vu. Imaginez lorsque je lui déballe sa prestation le lendemain. Au début, il prétend que je fabule et refuse de me croire. Il me connaît bien… il a fini par accepter. J’aurais tellement aimé avoir un appareil photo sous la main.
Nous avons déménagé. Dans notre nouvelle maison, nous avons installé provisoirement un coin avec un lit au sous-sol pour la visite, mais aussi pour profiter de la fraîcheur lors des nuits où la chaleur devient insupportable. Toutefois, notre nid étant disposé différemment de notre chambre et n’ayant pas de téléphone sans fil, la circulation dans le noir peut porter à confusion. Surtout chez un somnambule tel que lui.
Depuis une semaine, on peine à respirer tant la température nous assomme. On n’arrive plus à récupérer tellement nos nuits sont courtes. Quelle chance! Le sous-sol devient une oasis de choix. Le sommeil nous avait tapissé tous les deux sous nos draps. Soudain, une sonnerie au loin. Je dors dur parfois alors, je n’ai pas réagi sur le coup. Puis, je sens les couvertes qui se relèvent et là , une voix dit : « Où est la sortie? Je ne trouve plus la porte. »
J’ouvre les yeux. Mon dormeur a la tête appuyée contre un mur, il court comme un malade en faisant du sur place. Et l’appel persiste à l'étage. Constamment, j’entends  mon chum qui demande par où passer. Moi, je suis pliée en deux et incapable de m’éjecter de mon lit. Les larmes jaillissent partout sur mon visage tellement c’est ridicule et insensé. Foutue sonnerie! Je finis par foncer et une fois en haut, le silence m'accueille. L’indésirable a lâché prise, personne au bout du fil. Je me ressaisis un peu avant de descendre, le temps d’une gorgée d’eau, et je retourne rejoindre mon clown.
Non!!! Vous ne me croirez pas, mais… Oui!!!
Il sprinte toujours, cette fois, je raille si fort que je le réveille, et là , il réalise et se souvient. À deux, on ajoute à l’hilarité et c’est reparti pour une tournée de fous rires. Les couvertures sautent tellement qu'on ne se peut plus. On s'épuise à force de rigoler. J’ai mal aux joues, aux côtes, et mon chum me dit qu’il a la mâchoire qui craque de partout.
Impossible de nous calmer en présence de l’autre. Je dois fuir si je veux me reposer. N’importe où… mais loin de lui.  Dès qu’on tente un moment de silence, on pouffe de plus belle. Mon oreiller est imbibé de larmes. Mon visage, autant ne pas vous le décrire.
Ceux qui craignent les mésaventures en présence d'un zombie de la nuit, je vous plains. Moi je partage la vie d’un chevalier, d’un mannequin, d’un humoriste, d’un coureur professionnel. Lorsqu’il dort, il pratique tous les métiers du monde et il me fait rire comme personne. Parfois, je lui dis combien il m’amuse et en fait, je réalise qu’il est véritablement ma muse!
SI VOUS AVEZ DES THÈMES SUR LESQUELS VOUS SOUHAITEZ VOUS EXPRIMER, AUTRES QUE CELUI D'AUJOURD'HUI, N'HÉSITEZ PAS.