Lundi, 21 octobre 2013

GÉNÉRATION COMPASSION INC.

Une histoire trop souvent répétée...

 

Un de mes voisins me rappelle un des personnages du film Millenium. Vous savez, celui qui ne parle pas, aux cheveux blancs et à la la force surhumaine? Loin d’être son sosie parfait, mon voisin a néanmoins le même air stoïque et fait dans le mutisme. Sur le coup, comme on dit... «Y fait peur!». Disons que j’ai toujours trouvé qu’il avait l’air bête. Et pourquoi est-ce qu’il ne fait pas un petit effort? Un petit bonjour une fois de temps en temps? Un semblant de sourire...?

Mais voilà que la semaine dernière, après quatre ans à nous croiser, sa conjointe me confie que son chum est un grand brûlé... Rien au visage mais 75% du corps touché. Wouff! Une tonne de brique! Elle m’explique que les marques au corps ne disparaissent pas mieux que celles qui sont invisibles. J’ai automatiquement éprouvé un énorme sentiment de compassion pour cet homme.



Bien sûr, comme vous, j’ai alors compris que le regard qu’il a sur lui-même teinte celui qu’il croit être celui que les autres ont sur lui. Quoi qu’il en soit, il souffre et sa bulle de protection le suit partout. Ce que j’ai fait avec cet homme - comme avec plusieurs autres de mes confrères et consoeurs - je me suis permis de juger, de me faire des scénarios, des histoires. Pour être le genre de personne qui doute de soi et qui se sent trop souvent inadéquat, je croyais qu’il n’aimait pas ma gueule! Et pour me protéger, j’ai eu le réflexe de le consacrer «bête». Et comme c’est presque toujours le cas, je me suis bourré! Par ego, par manque de compassion (même chose!).

LA COMPASSION ET L'HISTOIRE DES RELIGIONS

La «Règle d’Or» enseignée partout dans le monde - «Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse» - et rendue populaire par Dale Carnegie au siècle dernier, fait partie intégrante des trois religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islamisme). C’est Bouddha lui-même qui disait que la compassion menait au Nirvana. Mais impossible d’atteindre cet état en présence de l’ego, l’ennemi de la compassion. Selon l’historienne des religions Karen Armstrong, c’est Confucius qui aurait été le premier à invoquer ce principe, 500 ans avant J.C. Cette règle était le lien commun entre tous les enseignements de Confucius et devait être mise en pratique toute la journée et tous les jours par ses disciples. Pour lui, ceci les amènera à cette valeur transcendante qu’il appelait «Ren» (qui veut dire «humaine bonté»).



«Ayant médité la douceur et la compassion, j’ai oublié la différence entre moi et les autres». - MILARÉPA

Madame Armstrong suggère que la position des enseignements religieux sur le sujet de la compassion, à la base, est que grâce à celle-ci, elle amènera les disciples à se «détrôner» et mettre l’autre à la place. Et non seulement les gens de sa communauté, mais les autres, les inconnus. Les sages chinois parlaient du «Jian ai», qui signifie «au-delà de son propre groupe» («Aime tes ennemis», «Honore l’étranger», «Sollicitude pour chacun»).

Selon moi, cette notion de la compassion est une question de sens et de valeur profonde qui, qu’on le veuille ou non, dicte notre travail, nos entreprises, notre service à la clientèle, les formations à nos employés, nos choix d’employés et de fournisseurs, nos relations internationales, nos institutions d’enseignement, etc. Tout est valeur morale! Tout a à voir avec notre propre moralité et comment nous traitons autrui, sa famille, son pays, notre planète. On ne peut demander à nos employés de s’engager si nous ne le sommes pas nous-mêmes!

LA COMPASSION AU BUREAU

Voir les choses du point de vue de l’autre, se détacher de son ego et ressentir la douleur de l’autre pourrait ressembler à ceci au travail:
  1. Celui qui a toujours l’air bête au deuxième = quelqu’un de souffrant
  2. Celle qui est toujours dans son coin (isolée) = une femme qui souffre en silence
  3. La grande gueule narcissique au marketing = personne qui se sent petit(e)
Ce qui veut dire que dorénavant, je vais réfléchir avant de juger, mépriser et condamner. Et je choisis de laisser passer ou prendre un angle diamétralement opposé en allant vers la personne et progressivement changer de ton et de comportement (même si au début je trouve cela douloureux et sans résultats).

POSEZ-VOUS LA QUESTION:
 
«Si je n’avais pas d’ego, comment je réagirais ou j'agirais face au comportement de cette personne?»

D'AUTRES EXEMPLES!

Des gestes anonymes: éviter de commenter les erreurs d’un collègue, soulever les qualités d’une personne «difficile à aimer» en son absence... tous ces gestes sont difficiles pour un humain normalement constitué. Mais c’est parce qu’ils sont si difficiles qu’ils ont autant de valeur. Et ce sont ces derniers qui résonneront à la fin de notre chaîne de vie, pas ceux de la caisse enregistreuse ou des faux sentiments de victoire sur autrui.

Pour signer la charte de la compassion

MARC-ANDRÉ MOREL
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