Qui n’a pas déjà entendu «Ce qu’elle ne sait pas ne lui fait pas mal»? Est-ce mieux de cacher la vérité pour épargner pleurs et grincements de dents, pour ne pas inquiéter les proches ou, au contraire, vaut-il mieux tout dire et que les autres s’arrangent? Hum! «Question à 100 piastres», comme aurait dit mon grand-père! Pas facile, celle-là, surtout quand elle arrive subrepticement, quand on doit répondre à une question genre: «Tu ne sembles pas bien aller, maman. T’es malade?» ou «Pourquoi tu pars quelques jours du travail? Qu’est-ce qu’il y a?»

On doit vous retirer un mélanome cancéreux sur la poitrine, minime quand même, rien de très grave. Devez-vous le dire à vos enfants, surtout s’ils sont jeunes ou qu’ils sont facilement anxieux, car ils risquent de s’inquiéter pour vous, ou plutôt ne rien dire en espérant qu’ils ne le sauront jamais ou après le fait, ce qui s’avère habituellement très néfaste? La question reste entière et tout dépend  du contexte, de la gravité de la chose, des personnes en cause...



Vous pouvez partir du principe que tout finit habituellement par se savoir et jouer franc-jeu en expliquant les faits tels qu’ils sont, avec leur bons et leurs mauvais côtés, faisant confiance du même coup à la capacité d’adaptation de votre vis-à-vis. Vous dites simplement ce qui en est sans chercher à minimiser ou à amplifier l’événement, sans cacher les tenants et les aboutissants. Ainsi, vous agissez avec respect et honnêteté envers les gens qui vous sont chers.

Par ailleurs, les raisons qui vous permettraient de cacher la réalité sont nombreuses: la période est mal choisie, je leur dirai plus tard; l’intervention – mineure – causera plus d’inquiétude que l’événement lui-même; cela ne concerne pas vraiment les autres, pourquoi les embêter avec ça; ma fille a déjà son lot de problèmes, n’en remettons pas plus; non, je ne leur dirai pas, ça ne concerne que moi; bof! je suis mieux de ne pas en parler, ils vont mal le prendre!



Se questionner sur le fait de tout dire ou de tout cacher demeure un exercice très sain, bénéfique. Sans être un grand livre ouvert, il me semble que les gens qui nous aiment vraiment, qui font partie de notre intimité, comme nos amis très proches, nos enfants, notre partenaire de vie et certains membres de notre famille, devraient connaître notre réalité pour peu qu’il y ait des conséquences possibles. Il est certain que ces personnes sauront accepter avec complaisance les faits, sans jugement. Ils sauront nous épauler dans les moments difficiles, si c’est le cas. Il ne faut pas se le cacher, on a toujours besoin de quelqu’un dans ces moments parfois délicats. Et, en fait, cela fait toujours du bien de parler de ces choses intimes, de ces petits et grands secrets, à quelqu’un qui sait écouter...

MARTHE SAINT-LAURENT

LE CONFORT AU PRIX DU BONHEUR?