EXHIBITIONNISME ET VOYEURISME

 

L’expression « Deux poids, deux mesures » – sans vouloir faire de jeu de mots –, n’aura jamais été aussi vraie. Les médias se sont régalés dernièrement sur le fait qu’une photographe se dénude pour se sensibiliser à la diversité physique, un processus d’acception de son corps, paraît-il. La belle affaire! Mettons que «se mettre à nu» peut avoir des effets thérapeutiques, mais bon, de là à le faire à la face du monde, et ce, pour des années? Déjà, je déplore l’absence de jugement quant à des postings sur les réseaux sociaux lorsque moult internautes étalent leur vie privée, intime la plupart du temps, sans aucune pudeur.

Voilà qu’on utilise le cyberespace comme thérapeute. Jusqu’où doit-on aller pour se sentir mieux? «C'est efficace, docteur?» Le fait de se braquer (j'ai bien écrit «braquer»!) nu devant tant d’internautes aide-t-il vraiment à accepter son corps?


La photographe Julie Artacho

En parallèle, plusieurs directions d’école se démènent pour sensibiliser les jeunes afin qu’ils utilisent intelligemment les réseaux sociaux pour éviter le plus possible d’être victimes de cyberintimidation. De quelle manière les sensibilise-t-on? En développant leur capacité de jugement pour qu’ils reconsidèrent chacun de leurs passages dans le cyberespace, en plus d’anticiper les retombées possibles, du genre: « Quelles seront les conséquences d’un tel message, d’une telle photo... est-ce nécessaire d’étaler ma vie privée à tout vent, etc.? Est-ce que je me rends vulnérable aux attaques? Puis-je vivre avec cette photo encore dans 20 ans? »



Pourtant, nous sommes d’accord sur le fait que moins les internautes n’auront de vie, plus ils chercheront à se nourrir de celle des autres. Donc, pas de voyeurs, pas d’exhibitionnistes, n’est-ce pas? Jusqu’où devront aller ces gens pour obtenir leurs moments de gloire éternelle, car devons-nous préciser que tout ce qui passe par le cyberespace y demeure. Le phénomène de la téléréalité aura engendré des êtres blasés par leur propre quotidien qui vivent comme des vampires en se délectant du vécu, des angoisses, des problèmes et de l’intimité crasse des autres. Le fait d’utiliser les réseaux sociaux comme thérapie m’apparaît plutôt inquiétant, et c’est à se demander où trouverons-nous une fin au besoin de se livrer corps et âme à des inconnus?



Dans mon blogue du 11 août 2014, je partageais ma réflexion sur le fait que certaines vedettes alimentent leur popularité en étalant des pans de leur intimité dans les journaux et magazines. La question demeure entière: « Que cela procure-t-il vraiment de se rendre aussi vulnérable en étalant la profondeur de son âme dans tout ce qui se passe de plus intime en nous, et ce, devant la planète entière? »

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LAMETROPOLE.COM

MARTHE SAINT-LAURENT

PROJET DE LOI 20: UN DÉBAT STÉRILE