Alors que des milliers d’enfants meurent de faim, que des familles complètes végètent sur l’aide sociale d’une génération à l’autre, que l’économie va mal et qu’on s’appauvrit d’année en année, est-ce possible de penser intelligemment? Me semble que nous avons mieux à faire que d’être pourvoyeurs pour les couples inféconds qui désirent avoir un enfant. J’adore les enfants et je suis pro-famille, mais souvent il leur est impossible, pour différentes raisons, de se reproduire.

Si le couple désire des enfants malgré tout, il me semble que c’est à eux d’assumer les frais, très coûteux en passant et pas certain que ça fonctionne (taux de réussite de 30%). Depuis 2010, le gouvernement payait les frais inhérents à la procréation assistée, et je pense que ce programme doit cesser. Si nous devons payer pour la procréation, alors il faut aussi payer pour les couples qui désirent adopter, non? Pensons aux milliers de jeunes filles chinoises qui sortent ainsi des orphelinats, c’est quand même louable.



Dans le contexte actuel où on coupe partout, nous n’avons pas les moyens d’un tel programme. Cet argent serait plus utile à nourrir ceux qui en arrachent. Les causes pour donner l’argent que nous n’avons pas ou pour subventionner n’importe quel organisme pour soulager les « grosses poches» de leurs impôts ne manquent pas, me semble-t-il. Pouvons-nous au moins avoir la décence d’utiliser cet argent pour les causes nécessaires et non pour du luxe? Pouvons-nous essayer d’imaginer qu’un jour nous serons un peu plus autonomes et que l’État n’aura plus à s’imposer tout le temps dans notre vie? Il faudra, un jour ou l’autre, quand l’État n’aura plus les moyens de ses promesses électorales, se responsabiliser. Pouvons-nous prévoir quand l’élastique «nous pétera dans la face»? Non, certainement pas.

De plus, il faudrait être conséquent. On veut que le gouvernement paie à droite pour telle cause, à gauche pour une autre, qu’il passe des lois pour nous dire comment agir, qu’il intervienne ici et là, mais nous sommes bien les premiers à se plaindre qu’il est trop présent dans notre vie et que nous n’avons plus le contrôle de nos choix ni de nos décisions. Franchement, savons-nous ce que nous voulons? On veut que nos décideurs s’immiscent dans nos vies seulement quand ça fait notre affaire et, évidemment, ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent malheureusement.



Tout comme la dynamique familiale, ce sont les parents qui paient et ils ont un droit de regard sur nos vies, nos allées et venues. Et cette entente est le syndrome parfait d’une dépendance, tout le contraire d’une liberté d’être et de penser. Plus le rejeton demeure sous le joug de ses parents, moins il devient indépendant et autonome. Est-ce vraiment cela que nous voulons, vivre avec les pieds et les mains liés, à suivre «Big Brother»? La grande question demeure : Avons-nous les moyens de laisser mourir des enfants de faim tout en payant pour qu’un couple en féconde un autre?

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MARTHE SAINT-LAURENT

UN FÉMINISME QUI IMPLIQUE LES HOMMES