Mercredi, 14 septembre 2016

L’INFÉRIORITÉ HUMAINE

par

Rarement aura-t-on assisté à un changement de paradigme avec une telle prestigieuse progression. En quelques années, moins d’une décennie, ce qui n’était qu’hypothèse devient idéologie et finalement dogme.

 
Tous nos systèmes de croyances, de gestion humaine, de comportement sociétale ont pour fonctionnement une structure verticale. Ça part d’en haut, de loin, de très loin et elle descend jusqu’aux règnes que sont le minéral, le végétal, l’animal, en nous y incluant. L’origine en est tellement lointaine que seule la spéculation peut en établir les règles et applications. Une stratégie pour le moins efficace qui a le mérite de rebuter une grande partie de la population mondiale qui tenterait de vivre autrement que par les diktats dominants.

Découragée par l’effort de recherche et de compréhension nécessaire pour s’élever au-dessus des « vérités implicites » véhiculées par les gouvernants des sociétés dans laquelle elle vit, elle s’engage néanmoins à soutenir et à relayer leurs pensées et les comportements qu’ils nous incitent à avoir.
 
Que nous prenions la religion, la politique et ses gouvernements, la dictature, le totalitarisme, le système de « justice », l’école, la santé, l’environnement, l’argent, l’alimentation tous, sans exception ont pour modèle une hiérarchisation d’autorité, de pouvoir , une structure pyramidale de soumission, d’obéissance, partant du plus haut vers le plus bas. Évidemment, une seule place accessible sur le trône. Un siège occupé par un élu sensé être de droit divin. Tout en-dessous, les serviteurs, les valets, les sujets, les abeilles ouvrières, les esclaves, la chair à canon, les parasites, les microbes.

Réjouissons-nous. Chacun sa fonction, le temps que ça dure, remplaçable à volonté.  Un encadrement éclairé, une logistique impeccable, un inconfort qui réussit à sombrer dans la résignation mais vécu comme acceptation.  La démarche stagnante de l’humain se calque sur la mentalité de ruche d’abeille. Tout est réglé au quart de tour. Les « dérangés » sociaux, les moutons rebelles, les personnes qui se sentent à l’étroit dans des alvéoles, qui ne trouvent pas d’épanouissement dans un horaire de 9 à 5 au quotidien apparaissent sous les projecteurs comme étant des perturbateurs à mater. Nul ne doit perturber l’ordre établit par et dans la hiérarchie.
 
Dès l’instant où nous sommes convaincus que le mode de vie que nous adoptons, foi en un dieu, en la politique, en la science…  nous nous transformons en clients, en pèlerins, nous nous mettons à prêcher pour notre paroisse et semons la bonne nouvelle. Toutes objections, contradictions, remise en cause de notre confort sentimalo-émotio-intellectuel nous fait grimper dans les rideaux. Puisque notre façon d’envisager la vie, le bonheur d’appliquer notre compréhension de celle-ci nous convient, les autres devraient donc prendre exemple sur nous.

Que quelqu’un s’oppose à nous ou du moins émette un bémol, nous voilà affolé.  C’est à ce moment que nous sortirons tous les arguments possibles et impossibles afin de conserver intact le système que nous défendons. C’est ce qui se nomme la théorie de la justification des systèmes. Une peur mortelle de s’effondrer, de disparaître en même temps que le système en lequel nous accordons une valeur, plus grand que nous, il va s’en dire.
 
Cette vision verticale de la vie favorise principalement le port d’oeillères. Elle confine l’humanité entre deux choix ; victime, sauveur.  La pseudo émancipation de l’être, sous l’emprise d’une autorité extérieure à soi. Il y a donc une absence de vue d’ensemble, ce que permet au contraire une approche horizontale. Voir l’horizontalité comme un cercle infini où la hiérarchie n’existe pas, où tout le monde dépend de tout le monde sans rapport de pouvoir. La pyramide s’écrase pour devenir une circonférence infinie. Les attaques et les défenses n’ayant aucune réalité.

Évidemment, cette manière de considérer la vie n’élimine pas pour autant la dualité. La dualité est une nécessité évolutive, une balise, un repère entre ce que l’on perçoit qui nous apparaît être soi et ce qui nous apparaît être non-soi. En fin de compte, nous n’aurions plus à défendre nos idéaux comme étant les meilleurs, les plus évolués simplement parce que tout le monde participerait à l’avancement de chacun selon sa conscience. Quand nous sommes vrais dans nos comportements parce que nous vibrons en accord avec nous-mêmes sans rien à prouver, notre entourage s’accorde à cette vibration. La musique en est un exemple lorsque les instruments vibrent dans l’harmonie au même diapason.
 
La vision verticale, malgré la frustration, la souffrance, l’étouffement de soi qu’elle promeut et met de l’avant nous offre en contrepartie cette poussée de volonté à sortir de ce tourbillon qui conduit inexorablement à se renier, à se démoniser, à se perdre. D’un côté de la balance, éteindre de plus en plus la créativité humaine et de l’autre espérer passer à autre chose. Mais le sommeil est profond. Se réveiller d’un cauchemar peut parfois être long.

Ainsi, certaines personnes n’en sont qu’au début du cauchemar, certaines au milieu, d’autres n’y sont plus. On peut dire que depuis l’évocation des droits moraux et légaux des animaux, le rêve de sauveurs, j’imagine !, l’être humain a pris une sérieuse débarque dans la hiérarchie. Ce n’est pas nouveau direz-vous, du fait que beaucoup d’esclaves n’étaient pas considérés comme des humains, plus maltraités que les animaux. Et cette pratique a toujours cour.
 
Aujourd’hui, la loi, le système de justice est devenue la norme, au-dessus des dieux, de l’univers, de la vie. Nous nous y plions de gré ou de force. Les défenseurs des droits de la Femme, des droits de l’Homme, des droits des animaux, des droits de la Terre sont les mêmes qui gueulent contre l’interdiction des chiens dits dangereux dans certaines villes du Québec, qui se rebellent contre l’interdiction de telle ou telle agriculture, qui se scandalisent sur les pratiques médicales empoisonnantes, sur le fluor, le sucre, le pétrole, la pollution.

Ces personnes votent pour la protection de l’humanité entière en quêtant comme des clochards des lois à leurs gouvernements. De vieux réflexes de survie, étant donné qu’elles dorment. Elles n’en voient pas les conséquences immédiates, le sommeil est encore doux, reposant, rassurant. N’oublions pas que les lois mises en application servent surtout les générations futures, pour qu’elles grandissent avec et puissent trouver normale que leur vie soit ainsi gérée et restreinte à tout point de vue.
 
Nous en arrivons donc à la déchéance du statut de l’être humain. Toutes ces lois controversées, illogiques, méprisantes qui n’ont aucune efficacité ni garantie de protection, échaudent plus qu’elles n’enthousiasment. Nous venons de redescendre au plus bas dans l’échelle de l’évolution, sous droits juridiques, ce qui n’était pas le cas dans les siècles précédents.  Dorénavant, l’être humain, avec l’ignorance de sa propre bestialité, passe d’un statut d’espèce supérieur à un statut d’espèce inférieur. Avec l’assentiment de tous les protectionnistes d’animaux-environementalo-climatoconvaincus, le cancer planétaire, le coupable qui doit être éradiqué de cette terre est désormais l’être humain.

Ils sont tellement convertis et persuadés de ces idées qu’ils en oublient qu’ils prêchent pour leur propre asservissement et disparition. Il faut accepter notre sort. Désormais il est impératif de propager la bonne nouvelle ; nous sommes inférieurs à tout ce qui vit. Les animaux, l’environnement ne doivent plus servir aux humains. Nous devons procéder à l’inverse, être au service de, jusqu’à notre totale élimination. Ce sera enfin la paix sur terre, animaux et nature auront enfin retrouvés leurs droits.
 
Ces gens qui s’inquiètent de la fin du règne humain ignorent cependant que nous ne sommes pas l’aboutissement de l’évolution. Un autre règne suivra avec une conscience différente, moins lourde, au-delà du monde du bas astral dans lequel nous baignons actuellement. Notons qu’une perspective ontologique scientifique ou créationniste n’aide en rien à dépasser ce marasme d’opposition juridique. L’infinité,  l’illimité qui nous caractérise en tant qu’espèce sortie de la conscience collective pour s’individualiser s’actualise en parallèle.

À ce titre, l’idéologie, le dogme d’un commencement et d’une fin sans la notion de transformation est nul et non avenue. Les concepts d’infériorité/supériorité n’existent que par la volonté que nous leur insufflons. Nous avons le libre arbitre. Veut-on marcher à quatre pattes, ramper qu’il est impossible de retourner en arrière. Le statut quo lui, est possible. Avancer ou faire du surplace. En accusant l’être humain de tous les maux, nous nous tirons dans le pied. Nous effaçons notre empreinte, nous nous abaissons devant ceux qui font les lois, qui possèdent les droits tout en reconnaissant cette hiérarchie d’infériorité/supériorité. Choisissez votre laisse.

ÉDITIONS 180 DEGRÉS
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