LE COUPLE EST RELIGIEUX

 

Une obédience différente suffit pour semer la discorde dans le troupeau familial. Ce troupeau, on le veut uniforme, homogène, conforme à une tradition. Tout élément nouveau ne doit pas être dérangeant pour l’ordre établit. Il en va pour l’horreur de la famille, pardon, l’honneur de la famille. Cette famille, avec laquelle nous n’avons que très peu d’affinités, mais avec qui nous conservons des liens, au cas où nous serions mal pris. Le sang comme une chaîne invisible entre parenté, la fierté ou la honte de nos origines.

D’une classe inférieure, d’une couleur autre, d’une pratique ou d’une absence de pratique religieuse à ce que la famille  souhaite et c’est un pavé dans la mare. L’hypocrisie entre tous s’installera. Déjà que ce n’est pas l’harmonie entre parents, enfants, sœurs et frères, ajoutez à cela quelqu’un d’étranger aux lois non écrites du « maintenons la cohérence entre semblables » et les ingrédients parfaits sont en place pour une fission nid-cléaire.
 
L’Occident s’enflamme aux barricades contre la supposée montée de l’Islam. Il s’insurge contre ses coutumes et comportements. Il oublie que sa propre vie est calquée sur ce même pattern, issu du judéo-christianisme. D’ailleurs, aucune religion n’échappe à l’intégrisme du pouvoir, de la manipulation et de la possession d’autrui. Beaucoup de gens véhiculent la fausse idée, en se disant athée ou spirituellement correct, qu’ils ne sont pas sous l’emprise de conditions religieuses. L’enjeu d’une religion a toujours été et demeure la place de la femme.

Les gouvernements, qui ne peuvent exister sans leur sœur jumelle qu’est la religion, persistent à accroître cet écart entre les femmes et les hommes. La religion l’accentue et les gouvernements font semblant de vouloir l’égaliser. D’un point de vue métaphysique, il n’y a ni homme ni femme ayant réalité. Ce monde binaire d’opposition est dû à la séparation primaire de soi avec soi-même. Il s’avère donc légitime que nous soyons constamment à la recherche d’une forme d’unité, qui passe encore par l’autre, dans un couple. Ici s’arrête cet aparté.


 
Ainsi, nous les occidentaux, nous nous donnons le droit de faire la morale à d’autres religions, sous prétexte d’une plus grande liberté que l’on accorde aux femmes et aux hommes. Il est tout de même déplorable de constater à quel point les femmes continuent d’être invectivées, partout où elles se trouvent. Leur tenue vestimentaire, quelle qu’elle soit, ne les protège d’aucun commentaire. Afin de ne pas être mal interprété, je spécifie d’emblée que jamais je ne serai pour le voilement de qui que ce soit.

Le point important que j’apporte dans cette comparaison s’oriente avant tout vers le droit de propriété d’une personne sur une autre. Mon optique est de démontrer que c’est le couple officiel et/ou le mariage, qui définit pour les autres qui est libre et qui ne l’est pas, qui appartient à qui. L’avènement des femmes sur le marché du travail a été perçu par les hommes comme relevant de femmes libres sexuellement. Ils ont établi un corollaire entre sexualité et liberté par le travail, en dehors de la maison. Depuis, les cas d’agressions, d’abus, de chantage, de harcèlement ont explosé, tout comme les familles.


 
Dans aucune religion il n’est exigé que l’homme soit vierge avant sa première baise avec sa dulcinée. La virginité est un fantasme pour former l’autre à ses propres désirs. Elle implique également un droit de propriété en laissant sa semence le premier et en s’assurant d’être le seul qui le fera. Mari, es-tu donc si peu sain d’esprit? En quoi différerions-nous dans nos rapports de couple pour affirmer être plus libres que les autres religions?

Outre le pouvoir d’achat, c’est-à-dire l’autonomie financière, et encore, les femmes occidentalisées jouissent-elles réellement d’une liberté semblable à celle des hommes? Non. Et on se targue de donner des leçons de morale aux autres. Tu es féministe, pour l’égalité, la paix dans le monde et tu prônes des valeurs patriarcales et religieuses en continuant d’alimenter la jalousie, la fidélité et l’exclusivité sexuelle par le refus que ta femme/ton homme aille coucher ailleurs? Tu veux un couple unit à la vie à la mort, mais tous les deux vous ne vivez que la mort de l’ennui et de l’envie de vivre autre chose?


 
Est apparu assez rapidement la notion d’engagement, pour étouffer toute révolte sexuelle que l’une des deux parties pouvait ressentir en dehors de son couple. Quelqu’un ayant des pulsions autres que pour son/sa partenaire serait désormais accablé d’irresponsable, d’immature et tutti quanti. D’une part, les hommes ne voulant pas perdre la lignée paternelle, s’assurer qu’ils sont bien le père de leurs enfants, de l’autre, les femmes souhaitant s’assurer qu’un homme veillera à leur sécurité physique et financière.

L’engagement pour culpabiliser. L’engagement qui permet aux femmes de prendre une pause des interminables sollicitations de toute part. Quelqu’un qui n’est pas engagé peut-il seulement être sérieux? Oui, à condition d’être riche et célèbre. Une minorité. Les autres, nous, devons respecter les impositions d’ordre familial ou accepter les jugements et le rejet. Une personne non engagée est donc disponible aux faveurs sexuelles, puisque là est tout l’enjeu. D’un côté les tombeurs, les bourreaux des cœurs, de l’autre les filles faciles, les putes, les filles de joie.


 
Pour ne pas sombrer dans le jugement des autres, ou bien l’on cache nos relations extraconjugales et immorales ou bien l’on forme un couple et faisons taire les rumeurs. Les hommes, comme des quêteux, partent à la recherche de « la » femme, libre sexuellement. Les femmes attendent « le bon » gars parmi les multiples demandes qu’elles reçoivent. Fatiguées de recevoir autant de requêtes, d’insistance peu respectueuse, elles souhaitent deux bons gars au moins dans leur vie.

Le premier qui sera, espèrent-t-elles, le père idéal pour leur progéniture et un second dans le cas ou le premier se défilerait, qui finirait sa vie avec elle. Entre temps, c’est la galère. Et les religions, du haut de leur divinité, d’implanter des idées de respect commun, dans l’illusion du couple fermé. Faux respect, mensonge, tromperie. Et l’Occident de voir la plage de sable dans l’œil du voisin, en omettant volontairement de voir la croix qu’il a dans le sien.


 
Vous êtes comblés par votre couple? Tant mieux. Assurez-vous que la personne avec qui vous formez ce duo l’est également. Il y a du monde pour qui le couple est une joie totale et satisfaisante, à tous les niveaux. Pour d’autres, bien qu’en couple, ils auront des besoins supplémentaires auxquels une seule personne ne pourra répondre. Est-ce une raison de condamner leur manière de vivre?

Il serait plus judicieux de remettre sous les lumières de la raison pourquoi insister à n’avoir qu’une seule personne dans sa vie, se rendre malade à la garder près de soi, sous des menaces constantes. Les meurtres conjugaux de l’Occident se comptent par milliers chaque année sous la férule de la jalousie, la possession, la fidélité et l’exclusivité sexuelle. Et le couple de promettre mielleusement le bonheur durable et ultime de toute relation envisageable, une possibilité comme une autre, en somme.

Quand l’idéal du couple est rompu, la vengeance veille à ce que l’enfer soit une réalité pour l’autre. À quel moment déciderons-nous de nous appartenir nous-mêmes et de laisser l’autre libre de s’appartenir? Quelles raisons entretenons-nous par peur qui sont le fait d’une religion qui teinte nos rapports?

ÉDITIONS 180 DEGRÉS

HOMME AMER, FEMME À LA MÈRE