Le temps ne passe ni lentement ni rapidement, ou le contraire, selon notre façon de l'intégrer. Néanmoins, comme chacun.e d’entre nous en a une sensation différente, son emprise sur notre monde s’accorde avec l’espace qui lui est conféré, en soi. Ça engendre des dégâts.
Je regardais cet être, dont l’âge chronologique devait se situer autour de 5-6 ans. Il venait de se réveiller d’un long sommeil d’une douzaine d’heures. Sans dire mot, il passa de sa chambre au balcon. Un jour d’été arrosé d’un soleil matinal franc, il s’assit sur la première marche et laissa tout bonnement planer son regard sur l’environnement, que sa mémoire avait enregistrée et qu’elle reproduisait à nouveau, pareil à l’image qu’il en avait gardée. Une piscine hors terre, des balançoires, un carré de sable, des jouets en plus ou moins bon état, éparpillés de-ci de-là .
Un regard neutre sur l’ensemble. Pas de questions sur le déroulement de la journée, qu’il ne percevait d’ailleurs pas en termes de temps. Incapable de se détacher de lui-même pour se projeter dans le futur, au fur et à mesure que la journée faiblissait en lumière, il continuait de ne faire qu’un avec ses activités improvisées. Jusqu'à sa première rentrée scolaire, sa vie lui paraissait une longue suite de loisirs ininterrompus, sans coupure, les rires suivant les précédents, en un enchaînement naturel.
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Pour en faire quelqu’un de socialement acceptable, il a fallu le construire comme une maison, lui donner des bases solides, lui inculquer des notions abstraites, le gaver de théories et de concepts, qu’il accepterait comme véridiques. La scolarisation devait le sortir de son innocence, alors qu'il ne comprenait pas ce que signifiait le mot "attendre". Attendre en ligne, attendre que la cloche sonne, attendre l’heure de départ.
On lui parlait aussi de secondes, de minutes, d’heures, concept qu’il ne pouvait saisir vaguement que par le seul sens de la vue: des aiguilles qui tournaient sans cesse en rond sur un cercle lui indiquant d’étranges dessins. Et parce qu’il ne savait pas toujours "attendre", on le disputait, le mettait dans le coin d’une pièce ou l’humiliait devant les ami.e.s, qui eux non plus n’y comprenaient rien. Ce n’était plus comme à la maison.
Aussi, dessiner était devenu périlleux, puisque les feuilles n’étaient plus blanches. Elles comportaient dorénavant des animaux, des figures, des jouets qui demandaient d’être coloriés sans… dépasser les lignes. Les réprimandes survolaient les épaules des damnés. D’année en année, les règles se répétèrent, les concepts devinrent de plus en plus complexes, la partie de plaisir cessa chaque matin, dès le lever du corps. Le morcellement de l’être était enclenché.
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Je mis beaucoup de temps à assimiler que soi était d’un côté et le temps, de l’autre. Que soi n’avait que peu de valeur en comparaison du temps. Que le temps était cette notion impalpable, qui décidait pour soi. J’avais appris que sans temps, il est impossible d’être soi ou que soi n’existerait pas si on n’acceptait pas d’être dans le temps. On nous apprenait que les loisirs, mais surtout cette sensation que notre vie pouvait être un loisir, dépendait du temps. Il y avait chaque chose en son temps, séparé de l’avant et de l’après. La scolarisation nous poussait vers l’avenir, toujours. Apprendre par cœur des chiffres et des lettres, pour un jour s’en servir et se débrouiller à notre tour, pour servir le monde de la production.
L’enthousiasme et la spontanéité humaine disparaissaient, parce que leur temps était écoulé. L’heure sérieuse prenait le relais. Être attentif aux consignes d’apprentissage, mettre de côté son envie de bouger, d’échanger avec autrui, éviter l’humour et attendre la récréation, les congés scolaires, afin d’y revenir. On nous construit sur le temps parce qu’il est précieux, qu’il faut en faire le plus possible avant d’en manquer. Et comme il manque aux parents, occupés à travailler pour pouvoir disposer d’argent pendant les moments libres, ils envoient leurs enfants à l’école la grande majorité du temps.
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On nous a appris à être hors de soi, en ne se consacrant pas suffisamment de temps. Cela a donné lieu à une forme de dichotomie de la personne. Les difficultés de concentration à demeurer entier dans toutes circonstances en font foi. Il s’est perdu cette unité entre l’activité et celle qui la fait. Nous pouvons parfois retomber dans ce type d’expérience, lorsque nous sommes plongés dans une activité qui nous passionne. De manière instantanée, la notion de temps s’enfuit. Même chose lorsqu’il est question de vacances. Et quand on pense vacances, déjà la sortie de soi par rapport à l’état dans lequel on se trouve, soit travail, famille… indique une sortie hors de soi. On dirait qu’il y a un soi réel qui vivra à nouveau dans les vacances, en attendant que l’autre soi se sorte d’où il est, incapable de supporter davantage l’attente d’être ailleurs.
Le temps, sa prise de possession en nous dès le plus bas âge, n’est pas le seul facteur de séparation de soi d’avec soi-même. Considérons le rythme de l’enseignement, un programme à passer dans l’année, dans le temps, exit celles et ceux qui ne comprendront pas assez rapidement, dans l'intervalle. De plus, l’omission d’un continuum entre chaque matière, passer de l'une à l'autre sans mentionner les liens entre elles, sans synthèse ni conclusion à la fin d’un cours. Des trous se créent en soi comme un fromage suisse. Difficile de ne pas vivre morcelé, perdu dans le temps et l’espace.
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L’enthousiasme est inné. Il se perd avec le temps, plutôt qu’il ne se découvre. Par sa nature même, il fixe l’infini tous les jours, tout le temps, non pas sur l’avenir, mais en prolongeant le présent. En permettant de faire pénétrer le passé ou le futur dans le présent, un court-circuit fait disjoncter les fusibles de la pensée qui elle, s’éparpille, perd le fil dans le temps. Les habitudes d’intégration au monde d'adultes transmises aux jeunes, afin de s’assurer qu’ils fonctionneront comme leurs prédécesseurs, de réflexes en réflexes (à la limite d'être robotisés), les coupent malheureusement d’eux-mêmes.
La vie, le temps passent à l'extérieur d'eux, alors qu'ils observent le tout en périphérie, sans s’y sentir inclut, à bout de souffle, épuisés à rattraper le temps qui fuit. Mais d’où vient ce temps? Où va-t-il? Il doit bien y avoir un frein, une façon de le retenir, de le sortir de soi, pour enfin être libre totalement? On nous a dit que le temps de jouer était terminé. Ne restait qu'à le meubler avec tout et n'importe quoi, à gros prix, celui de perdre notre vivacité. Or, c’est par la rareté du jeu que le temps s’est installé et qu’il a fait de nos vies une attente longue et pénible, par la fragmentation de soi dans un programme mortifère; travailler, souffrir, vieillir, mourir.
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Je laisse la conclusion à André Stern, cet humain n’ayant jamais fréquenté d’institution scolaire:
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« Je ne suis pas définissable par mon métier (car on a l’habitude de cerner quelqu’un par ce qu’il fait…) et je tiens à cela. Et puis il y a plein de "ismes" que je n’ai pas appris: le racisme, le sexisme, la gisme, le spécisme. Ceux sont des "ismes" que je n’ai pas appris, alors je n’ai pas non plus appris les clivages entre l’apprentissage et le jeu, par exemple, entre le masculin et le féminin, entre le travail, les loisirs, la vie, la famille. Ce sont des notions tellement floues ou tellement entrelacées pour moi, que je ne peux pas dire: « Mon métier, c’est »… Alors mon métier c’est ce par quoi je gagne ma vie ou est-ce que c’est ce qui continue à m’enthousiasmer et que j’exerce au niveau professionnel? C’est difficile à dire!
Ce que je peux dire, c’est que je suis musicien, luthier, journaliste, auteur, conférencier, directeur de l’institut Arnaud Stern, initiateur du Mouvement Écologique d’Éducation, que je dirige une initiative qui s’appelle « Les hommes pour demain » avec ce neurobiologiste auquel j’ai fait référence. Tout cela, je ne sais pas si ça permet de me définir. Ce qu’il y a de mieux pour me définir, c’est de dire: « Je suis un enfant de 42 ans. »
Alors, je suis un enfant heureux de 42 ans qui vit une enfance heureuse et non interrompue et une enfance heureuse comporte des incidents, des problèmes, des crises, des difficultés, des douleurs, des larmes, des deuils, des décès, etc., donc une enfance heureuse dans la véracité du bonheur, qui contient toutes sortes de moments difficiles, et donc je suis sûr que le bonheur c’est de pouvoir rester, le plus possible, proche de sa disposition spontanée et cela, qu’on vienne au monde fait pour s’enthousiasmer, fait pour apprendre, fait pour faire des rencontres sans aucun préjugé ».
(Merci Anne Mergault (La Plume Affûtée) pour la mise en texte. Annie Tremblay, directrice Web, correction, photos).
ÉDITIONS 180 DEGRÉS
LA FAMILLE ÉTATIQUE
Un regard neutre sur l’ensemble. Pas de questions sur le déroulement de la journée, qu’il ne percevait d’ailleurs pas en termes de temps. Incapable de se détacher de lui-même pour se projeter dans le futur, au fur et à mesure que la journée faiblissait en lumière, il continuait de ne faire qu’un avec ses activités improvisées. Jusqu'à sa première rentrée scolaire, sa vie lui paraissait une longue suite de loisirs ininterrompus, sans coupure, les rires suivant les précédents, en un enchaînement naturel.
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Pour en faire quelqu’un de socialement acceptable, il a fallu le construire comme une maison, lui donner des bases solides, lui inculquer des notions abstraites, le gaver de théories et de concepts, qu’il accepterait comme véridiques. La scolarisation devait le sortir de son innocence, alors qu'il ne comprenait pas ce que signifiait le mot "attendre". Attendre en ligne, attendre que la cloche sonne, attendre l’heure de départ.
On lui parlait aussi de secondes, de minutes, d’heures, concept qu’il ne pouvait saisir vaguement que par le seul sens de la vue: des aiguilles qui tournaient sans cesse en rond sur un cercle lui indiquant d’étranges dessins. Et parce qu’il ne savait pas toujours "attendre", on le disputait, le mettait dans le coin d’une pièce ou l’humiliait devant les ami.e.s, qui eux non plus n’y comprenaient rien. Ce n’était plus comme à la maison.
Aussi, dessiner était devenu périlleux, puisque les feuilles n’étaient plus blanches. Elles comportaient dorénavant des animaux, des figures, des jouets qui demandaient d’être coloriés sans… dépasser les lignes. Les réprimandes survolaient les épaules des damnés. D’année en année, les règles se répétèrent, les concepts devinrent de plus en plus complexes, la partie de plaisir cessa chaque matin, dès le lever du corps. Le morcellement de l’être était enclenché.
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Je mis beaucoup de temps à assimiler que soi était d’un côté et le temps, de l’autre. Que soi n’avait que peu de valeur en comparaison du temps. Que le temps était cette notion impalpable, qui décidait pour soi. J’avais appris que sans temps, il est impossible d’être soi ou que soi n’existerait pas si on n’acceptait pas d’être dans le temps. On nous apprenait que les loisirs, mais surtout cette sensation que notre vie pouvait être un loisir, dépendait du temps. Il y avait chaque chose en son temps, séparé de l’avant et de l’après. La scolarisation nous poussait vers l’avenir, toujours. Apprendre par cœur des chiffres et des lettres, pour un jour s’en servir et se débrouiller à notre tour, pour servir le monde de la production.
L’enthousiasme et la spontanéité humaine disparaissaient, parce que leur temps était écoulé. L’heure sérieuse prenait le relais. Être attentif aux consignes d’apprentissage, mettre de côté son envie de bouger, d’échanger avec autrui, éviter l’humour et attendre la récréation, les congés scolaires, afin d’y revenir. On nous construit sur le temps parce qu’il est précieux, qu’il faut en faire le plus possible avant d’en manquer. Et comme il manque aux parents, occupés à travailler pour pouvoir disposer d’argent pendant les moments libres, ils envoient leurs enfants à l’école la grande majorité du temps.
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On nous a appris à être hors de soi, en ne se consacrant pas suffisamment de temps. Cela a donné lieu à une forme de dichotomie de la personne. Les difficultés de concentration à demeurer entier dans toutes circonstances en font foi. Il s’est perdu cette unité entre l’activité et celle qui la fait. Nous pouvons parfois retomber dans ce type d’expérience, lorsque nous sommes plongés dans une activité qui nous passionne. De manière instantanée, la notion de temps s’enfuit. Même chose lorsqu’il est question de vacances. Et quand on pense vacances, déjà la sortie de soi par rapport à l’état dans lequel on se trouve, soit travail, famille… indique une sortie hors de soi. On dirait qu’il y a un soi réel qui vivra à nouveau dans les vacances, en attendant que l’autre soi se sorte d’où il est, incapable de supporter davantage l’attente d’être ailleurs.
Le temps, sa prise de possession en nous dès le plus bas âge, n’est pas le seul facteur de séparation de soi d’avec soi-même. Considérons le rythme de l’enseignement, un programme à passer dans l’année, dans le temps, exit celles et ceux qui ne comprendront pas assez rapidement, dans l'intervalle. De plus, l’omission d’un continuum entre chaque matière, passer de l'une à l'autre sans mentionner les liens entre elles, sans synthèse ni conclusion à la fin d’un cours. Des trous se créent en soi comme un fromage suisse. Difficile de ne pas vivre morcelé, perdu dans le temps et l’espace.
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L’enthousiasme est inné. Il se perd avec le temps, plutôt qu’il ne se découvre. Par sa nature même, il fixe l’infini tous les jours, tout le temps, non pas sur l’avenir, mais en prolongeant le présent. En permettant de faire pénétrer le passé ou le futur dans le présent, un court-circuit fait disjoncter les fusibles de la pensée qui elle, s’éparpille, perd le fil dans le temps. Les habitudes d’intégration au monde d'adultes transmises aux jeunes, afin de s’assurer qu’ils fonctionneront comme leurs prédécesseurs, de réflexes en réflexes (à la limite d'être robotisés), les coupent malheureusement d’eux-mêmes.
La vie, le temps passent à l'extérieur d'eux, alors qu'ils observent le tout en périphérie, sans s’y sentir inclut, à bout de souffle, épuisés à rattraper le temps qui fuit. Mais d’où vient ce temps? Où va-t-il? Il doit bien y avoir un frein, une façon de le retenir, de le sortir de soi, pour enfin être libre totalement? On nous a dit que le temps de jouer était terminé. Ne restait qu'à le meubler avec tout et n'importe quoi, à gros prix, celui de perdre notre vivacité. Or, c’est par la rareté du jeu que le temps s’est installé et qu’il a fait de nos vies une attente longue et pénible, par la fragmentation de soi dans un programme mortifère; travailler, souffrir, vieillir, mourir.
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Je laisse la conclusion à André Stern, cet humain n’ayant jamais fréquenté d’institution scolaire:
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« Je ne suis pas définissable par mon métier (car on a l’habitude de cerner quelqu’un par ce qu’il fait…) et je tiens à cela. Et puis il y a plein de "ismes" que je n’ai pas appris: le racisme, le sexisme, la gisme, le spécisme. Ceux sont des "ismes" que je n’ai pas appris, alors je n’ai pas non plus appris les clivages entre l’apprentissage et le jeu, par exemple, entre le masculin et le féminin, entre le travail, les loisirs, la vie, la famille. Ce sont des notions tellement floues ou tellement entrelacées pour moi, que je ne peux pas dire: « Mon métier, c’est »… Alors mon métier c’est ce par quoi je gagne ma vie ou est-ce que c’est ce qui continue à m’enthousiasmer et que j’exerce au niveau professionnel? C’est difficile à dire!
Ce que je peux dire, c’est que je suis musicien, luthier, journaliste, auteur, conférencier, directeur de l’institut Arnaud Stern, initiateur du Mouvement Écologique d’Éducation, que je dirige une initiative qui s’appelle « Les hommes pour demain » avec ce neurobiologiste auquel j’ai fait référence. Tout cela, je ne sais pas si ça permet de me définir. Ce qu’il y a de mieux pour me définir, c’est de dire: « Je suis un enfant de 42 ans. »
Alors, je suis un enfant heureux de 42 ans qui vit une enfance heureuse et non interrompue et une enfance heureuse comporte des incidents, des problèmes, des crises, des difficultés, des douleurs, des larmes, des deuils, des décès, etc., donc une enfance heureuse dans la véracité du bonheur, qui contient toutes sortes de moments difficiles, et donc je suis sûr que le bonheur c’est de pouvoir rester, le plus possible, proche de sa disposition spontanée et cela, qu’on vienne au monde fait pour s’enthousiasmer, fait pour apprendre, fait pour faire des rencontres sans aucun préjugé ».
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