Mercredi, 15 juin 2016

TOUT SE VIT AU MÊME MOMENT

par

Les mouvements mondiaux d’indignation, de protestation, des droits de la personne, environnementalistes, féministes, de changements politiques… donnent à penser, à première vue, qu’ils changent le monde. Plus qu’improbable.

 
En observant le parcours idéologique des médias de masse, nous constatons aisément que ce qui retient le plus l’attention des lectrices/teurs est toujours relié aux tragédies, relayées sans cesse. En conséquence, la présentation d’une nouvelle à sensation, celle qui ouvre le corps émotionnel et le dirige vers le malaise, la peur, la peine, génère dans la psyché humaine une marque au fer rouge. Cette marque s’inscrit dans les cellules, programme une réaction dite de survie.

Le corps se met en mode défense et sécrète ce dont il a besoin pour se sentir en sécurité. Pendant ce processus de réaction, l’inertie, la paralysie par la peur envahit la personne, mobilise son énergie pour offrir au corps tout le temps nécessaire afin de mettre en place ses unités de sauvetage que le cerveau lui commande suite au choc lu, vu ou entendu. Une lourdeur s’installe, nos mouvements, nos déplacements, notre réflexion s’engluent parce que l’émotion ressentie s’installe en soi, ronge de l’intérieur comme un cancer.

Avec cette capacité de créer en nous la douleur et la souffrance que l’on nous présente, bien que souvent elles ne nous appartiennent pas personnellement, nous nous tétanisons nous-mêmes par osmose. La répétition ad nauseam de tragédies, d’évènements dits atroces, inhumains, s’inscrivent en nous avec force conviction. Nous nous nourrissons du palpitant, du sensationnalisme, histoire de déblatérer, d’opinioner à la va comme je te pousse sur la faute des autres, culpabiliser, rendre coupables sa mère, ses enfants et l’eau du bain.



En contrepartie, face à ce supposé déluge d’inégalité, d’iniquité sociale, d’abus politiques, de violence envers animaux, femmes, enfants, LGBT, émergent de la terre maudite des sauveur.e.s au cœur débordant d’amour, d’empathie, de solutions miraculeuses. S’élevant au-dessus de la mêlée confuse des pauvres victimes, une lutte féroce, une guerre de tranchée entre les pour et les contre s’établit avec fermeté. Tout l’arsenal intellectuel par les mots les plus percutants, tirés de la psychanalyse, des diverses écoles de psychologie et de psychiatrie tombent les uns après les autres, guillotinant au passage les arguments réfractaires à la cause défendue, du racisme, sexisme, antisémitisme en passant par la dissonance cognitive, le dénialisme.

Néanmoins, depuis des siècles, voire des millénaires, ce que la physique quantique affirme depuis le début du XXe siècle (elle a un sérieux retard dans ses recherches et connaissance) tout est énergie, de la plus basse à la plus haute fréquence vibratoire. Ça, nous le savons. Dans ce cas, ça veut aussi dire que tout se vit en même temps, que toutes les expériences et situations humaines sont simultanées. La preuve se démontre chaque jour: meurtre, viol, accident, séparation, chagrin, guerre autant que bonheur, joie, jouissance, réussite, succès. Ainsi, inutile de protester, manifester, crier, pleurer sur le sort du monde, puisque ce qui change, ce n'est pas le monde mais bien notre perception de celui-ci par notre propre élévation vibratoire, créant ce monde, nécessaire et à la mesure de notre conscience.



Ce que nous vivons, nous l’avons créé dans un ancien présent que l’on appelle le passé. Le fait de s’en souvenir ou non n’est pas une excuse pour refuser de vivre l’expérience qui se présente à nous, notamment quand celle-ci est considérée comme étant difficile à supporter. D’ailleurs, voyez comment la dichotomie se fraie un chemin entre la victime et la créatrice/teur dans ce cas. Ainsi, lorsque nous vivons une situation qui nous plaît, changement de carrière, augmentation des finances personnelles, journée mémorable de bonheur, harmonie amicale, familiale, nous attribuons cet état de fait à notre mérite, aux efforts consentis pour y arriver, etc.

À l’inverse, quand une tuile nous tombe sur la tête, qu’un drame se déroule sous nos yeux, dans notre entourage, une mise à la porte, une infidélité, oups! changement de cap. Tout d’un coup nous ne sommes plus responsables de ce qui nous arrive. Nous revêtons le manteau de la victime, proclamant à tous vents que la/le coupable c’est le gouvernement, la religion, l’homme, le climat. Pour s’en sortir, Ô, joie, des sauveur.e.s à la tête de dogmes convaincants pilotent des mouvements où il est possible de se rallier. Leur slogan: tu es victime, nous existons par et pour toi.



Vous remarquerez que tous ces mouvements de revendication pour des transformations politiques, des droits des femmes, des hommes, des animaux, de l’environnement, du véganisme, des LGBT, mariage gai, mariage avec animaux, arbre ou avec l’argent du beurre, ne finissent jamais de trouver des exemples de corruption, de violence, de pollution, de satanisme, d’injustice, d’excès. Tant et aussi longtemps qu’ils chercheront ils en trouveront, s’en feront présenter, au mieux, en inventeront. Le phénomène s’explique par le libre arbitre et la capacité de créer que l’être humain possède. La pensée crée, que ce soit dans la peur ou dans la confiance.

Dès que nous focusons pour ou contre quelque chose, nous ouvrons un « espace » en nous, faisons de la place, offrons une circulation ou un blocage d’énergie qui doit se manifester d’une manière ou d’une autre. L’énergie bouge tout le temps et concrétise de manière tangible ce sur quoi nous nous  concentrons. Donc, par exemple, si nous dénonçons sans arrêt la condition injuste que semble vivre les femmes, les LGBT… nous entrons en lutte contre la créativité et le choix conscient ou inconscient qu’ont fait ces personnes. Lutter, c’est développer des armes encore plus sophistiquées pour venir à bout d’un ennemi, un coupable, un bourreau. Le triangle sauveur-bourreau-victime non seulement reste actif mais se renforce en tant que réalité pour ces défenseurs. Chaque pseudo gain donne espoir aux sauveur.e.s qu’elles/ils sont sur la bonne voie, celle de la victoire.



La démarche repose sur l’incohérence de leurs convictions: se débarrasser de la charge émotionnelle qu’exige le rôle de sauveur.e en la remettant à plus grand que soi, à de glorifié.e.s inconnu.e.s, c’est-à-dire implorer le gouvernement, la force policière, l’État pour régler la problématique par la jurisprudence, émettre des lois encore plus contraignantes sur les activités, mœurs et coutumes de la société. Fierté à s’imaginer changer le monde en le restreignant encore plus.

Victoire impossible à obtenir, ou qui, paradoxalement, créera des victimes, les perdants qui étaient pour ou contre. Ce contre quoi nous luttons n’aura jamais de fin parce que la pensée, par ce en quoi nous croyons et nous motive, est sans fin, illimitée. Croire en l’injustice c’est tout simplement recréer à l’infini cette injustice. Croire que les gens sont victimes de telles ou telles situations c’est alimenter leur condition, les prendre pour des sans génie, c’est être condescendant, leur enlever leur pouvoir créateur, les empêcher d’assimiler ce qu’elles ont à vivre pour passer à autre chose et se rapprocher d’eux-mêmes.

Lorsque nous réclamons, protestons, accusons la terre entière de la misère du monde, nous nous coupons de nous-mêmes, nous oublions, pire, fuyions, gommons notre responsabilité d’être seul et unique responsable de notre vie. Ceci dit, il n’est pas question de vivre isolé dans les bois. Nous pouvons aider les gens dans le besoin, et tout le monde est dans le besoin. L’oeuvrage (néologisme) ne manque pas. Cela se fait sans guerre, sans riposte, avec plaisir, où l’autre est traité.e, perçu.e, entendu.e de manière égale, sans hiérarchie, excluant un rapport dominant/dominé.



Les mouvements de masse, de croyances, de dogmes, de morale nous étouffent au lieu d’ouvrir la cage thoracique pour nous aider à respirer à pleins poumons. Pour ne pas perdre d’adeptes, jamais ils ne mentionneront que les expériences que nous traversons de gré ou de force, facilement ou pas, se présentent comme des tremplins personnels, individuels, qui nous invitent à faire le saut, parfois petit, parfois à priori démesuré en regard de nos aptitudes et de nos dispositions, afin de se dépasser soi-même, se guérir, avancer, évoluer - ajoutez le terme que vous voulez. Non, hélas ils ont besoin de victimes pour exister.

Dans ce monde où la croyance la plus populaire et la plus lente en terme de fréquence vibratoire (ériger la victime sur un piédestal et ses dommages collatéraux) gère la plupart des sphères humaines, nous nous retrouvons à vivre une mentalité de ruche, un égrégore de troupeau. Les ouvriers travaillent pour une idéologie qui les dépasse, s’y attachent, ont foi en les décideur.e.s, pour le bien et la sécurité de la société, de l’État.

Celles/ceux qui chialent, gueulent le plus ont la côte. Des idoles devenues. Leur pouvoir s’agrandit proportionnellement à celui que nous abandonnons personnellement. Puisque tous les sentiments, toutes les émotions, toutes les expériences humainement connaissables se vivent instantanément au même moment et tout le temps, tout est parfait. Et moi dans tout cela? Même chose. Je crée les sujets, je mets en place les mouvements, j’obtiens matière à écriture. Je me mords la queue. Ne reste qu’à choisir notre rôle d’acteur/spectateur conscient et responsable ou le refuser. Libre arbitre.

Merci Anne Mergault (La Plume Affûtée), mise en forme. Annie Tremblay, Directrice web, correction, images.

ÉDITIONS 180 DEGRÉS

POLYTHÉISME MODERNE
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