CE N’EST PAS UN TUEUR!

 

Cette semaine, un triste, très triste accident s’est produit. Quelque chose qu’on ne veut jamais vivre. On en fait des cauchemars même lorsque ça ne nous ait jamais arrivé. Cette semaine, un homme a roulé sur un enfant avec sa voiture. Et ce geste qui pourrait laisser des remords pendant une vie entière a été accentuée par un lien de parenté trop fort : c’était sa fille.


Évidemment, je ne souhaite pas traiter de l’accident en tant que tel, c’est quelque chose qui, malheureusement, pourrait arriver à n’importe qui. Une seconde d’inattention, et voilà qu’une courte vie se trouve sous les roues de notre automobile. Je ne saurais vivre avec un tel évènement et je ne pourrais assurément pas m’imaginer comment cette famille doit y faire face. Je souhaite par contre souhaiter mes sympathies à tous ceux qui sont touchés de près ou de loin par cet accident.

« UN PÈRE TUE SA FILLETTE DE QUATRE ANS EN MAURICIE »

Mais savez-vous avec quelle sorte de remords je ne saurais vivre. Avec ceux qu’on a lorsqu’on fait passer un père de famille aimant qui s’occupe bien de ses enfants pour un meurtrier du premier degré alors que celui-ci doit vivre avec le lourd deuil de la perte d’un enfant. Je ne saurais vivre avec sur mon bureau un article ayant pour titre « Un père tue sa fillette de quatre ans en Mauricie » sachant très bien que le mot « tuer » à une connotation plus que négative.

Je ne saurais vivre si j’étais le journaliste qui avait à traiter de cette façon un accident, dénaturer un triste évènement pour quelques clics. En dépit d’une famille qui doit tant bien que mal essayer de se reconstruire. Tout bon journaliste me dira « Oui, mais il faut vendre Sabrina. Tu devrais le savoir, depuis le temps que tu écris! » Ok, oui, il faut vendre, mais il faut aussi rester éthique. On ne peut pas briser des gens délibérément pour vendre.

VIRAL À TOUT PRIX ?!

Les médias semblent manquer de cœur et d’éthique dans plusieurs situations. Vous couvrez des nouvelles qui concernent du vrai monde, réfléchissez trente secondes à savoir si les mots que vous utilisez peuvent porter atteinte à des gens qui en ont déjà assez à vivre. Les gens autour de vous vivent des émotions. Votre éditeur a bien beau vous pousser à votre maximum pour que vous soyez viral cette semaine, il n’y a pas un papier qui vaut assez pour qu’on brasse les braises d’un deuil absolument atroce!

Vous savez, quand on fait ça, ou lorsqu’on se rend chez une famille le lendemain du suicide d’une adolescente pour recueillir des témoignages (pourquoi?), on risque de passer une pour un sans cœur, alors pourquoi le faire de toute façon? Un bon journaliste sait vendre sans entacher de réputation, et surtout, sans briser des gens qui recollent les morceaux.

Ah, oui, et Le Journal de Montréal… Mettre des liens vers des articles qui n’ont pas le même titre seulement pour rentabiliser votre vente de publicité… Pas fort, et pas éthique non plus.

UN PÈRE TUE SA FILLETTE DE QUATRE ANS EN MAURICIE

SABRINA BILLARD