À TOI, LE MEC QUI BAT SA BLONDE, MON AMIE

 

Je sais que tu ne liras pas mon texte, mais de toute façon, il ne s’adresse pas seulement à toi. Il s’adresse à tous les batteurs de femmes de ce monde, donc, à toi aussi. Il s’adresse à tous les connards qui tapent leur copine. À tous ces pourris, ces déchaînés de la nature et ces bombes à retardement humaines. Je sais, un homme peut changer, il peut devenir meilleur qu’il était. Sauf que là, je ne t’écris dans le but que tu changes, je le fais parce qu’autrement, je débarquerais chez toi avec un bat de baseball.

Dans le fin fond de toi, ben profond en dessous de ta médiocrité, tu es peut-être un bon gars. Tu as surement eu une vie ben difficile. Si tu me racontais tout, j’imagine que j’éprouverais une sorte de compassion pour toi. Nous irions boire une bière alors que tu me raconterais ton enfance douloureuse. J’ignore si c’est parce que j’entends mon amie brailler au téléphone ou si c’est parce que j’ai vu la nouvelle tronche que tu lui as dessiné, mais pour l’instant, je n’ai comme pas envie de te comprendre.



Le pire là-dedans, sais-tu c’est quoi? C’est qu’elle te défend. D’ailleurs, selon plusieurs psychologues, il semblerait que sa réaction soit observable à travers plusieurs cas similaires. Il parait qu’un enfant battu a tendance à coller son bourreau, à rechercher son amour et à l’excuser, un peu comme elle le fait avec toi. Dans le fin fond, j’ignore ce qui me fait le plus mal, l’entendre pleurer et crier qu’elle veut mourir ou l’écouter t’excuser pendant une heure. Me dire à qu’elle point tu l’aimes et qu’un jour, tu changeras.

J’ignore si tu le sais, mais elle a menacé de mettre fin à notre amitié. Je lui ai dit que j’appellerais la police et elle m’a répondu que ce serait la dernière fois que l’on se parlerait. Puis, je me suis souvenu de l’an dernier lorsqu’une de ces amies avait appelé les flics. Je me suis rappelé de mon soulagement et de sa peine à elle, de la rupture et puis de la réconciliation. Je me suis souvenu du moment où elle m’a dit que tu avais changé et qu’elle te donnait une deuxième chance : deuxième chance est devenue troisième, puis dixième. Finalement, vous avez emménagé ensemble et depuis, je me sens impuissant.

Impuissant parce que j’ai l’impression que je ne peux rien faire. En cas de crise, je peux toujours appeler la police qui t’expulsera immédiatement (art. 28b du Code civil, alinéa 4), mais puisqu’elle ne souhaite pas porter plainte, le problème subsistera. Je peux bien l’informer, elle, de ces droits ou encore lui remettre des documents du centre LAVI (service officiel d’aide aux victimes d’infraction), mais encore une fois puisqu’elle ne souhaite pas entreprendre de démarche, cela me semble un peu vain.



Puis, si je débarque chez toi avec deux ou trois amis et qu’on te refait le portrait, à qui cela profitera? À moi, me sentirai-je vraiment mieux? Lorsque tu seras au sol en sang, est-ce que je vais me sentir bien? Étrangement, je pense que non. À qui cela servira? À elle qui criera pour te défendre et pleurera toutes les larmes de son corps? Non. À qui, hein, à toi? Si on te casse les jambes et le nez, est-ce que tu retiendras la leçon? Encore une fois et bizarrement, je pense que non. Il y a des moments où je fantasme. Je me dis que si nous te faisons assez peur, tu ne l’approcheras plus. C’est un peu égoïste, parce que ce n’est pas régler le problème, c’est juste le déplacer sur ta prochaine blonde.

Honnêtement, j’ignore comment finir ce simili lettre. J’avais comme cette impression qu’en t’écrivant – même en sachant que tu ne me lis pas – je trouverais une solution. Sur la plupart des sites comme violencequefaire.ch, on écrit que pour l’instant, le mieux que je puisse faire, c’est d’être là pour elle. Je dois lui laisser le temps à elle de faire ces propres choix tout en restant présent et en l’appuyant de mon mieux. La patience est mon alliée, qu’il dise… On ne règle pas la violence par la violence ou le feu par le feu. Sauf que je l’admets, parfois je me dis qu’en chaise roulante et les deux bras dans le plâtre, tu ne cognerais plus sur personne. En tout cas, moi je ne te ferai pas de mal, mais le karma lui…

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LaMétropole.com

CET ARTICLE EST VIRAL


SOCIÉTÉ MF

REJOIGNEZ-MOI SUR FACEBOOK

FOUETTÉE PAR SA MÈRE POUR AVOIR POSÉ À MOITIÉ NUE SUR FACEBOOK