Durant notre vie, nous aurons tous le malheur de côtoyer la dépression. Si certaines personnes la considèrent encore comme étant une faiblesse, les gens intelligents de ce monde comprennent qu’il s’agit d’un réel fléau. Selon le Conference Board du Canada, 16% des femmes et 11% des hommes souffriront d’une dépression majeure au cours de leur vie. Chez les jeunes Canadiens, la prescription d’antidépresseurs aux adolescents a augmenté de 60% en 9 ans. - Radio Canada. Le Conference Board du Canada prétend que d’ici 2020, la dépression sera la première cause d’invalidité sur toute la planète. La première!

C’est la Semaine nationale de la santé mentale et pour un moment, le sujet revient à la mode au Québec. Yeah! Pour une semaine, nous jouons aux hypocrites.

En réalité, les Québécois ne se soucient pas vraiment des gens qui souffrent de maladies mentales. Combien de fois ai-je entendu des personnes insulter mon ex-copine souffrant d’un trouble de personnalité limite? Combien de mes amis l’ont traitée de « criss de folle », de « pute » et de « petite menteuse ». Pourtant, ces gens savent très bien que sa mythomanie et ses comportements sexuels excessifs caractérisent justement son trouble borderline.

 
Combien de personnes rient des itinérants qui hurlent dans la rue? « Les maudits fous! » Combien d’incultes leur disent de se trouver des jobs? Difficile de se trouver une job quand on vit un épisode psychotique! La désinstitutionnalisation vous connaissez?

La désinstitutionnalisation commence au Québec dans le début des années 1960, et l’on affirme qu’elle a pour but de redonner une qualité de vie aux patients souffrant de maladie mentale. En se rapprochant des années 80, les hôpitaux psychiatriques diminuent leur nombre de lits et d’admissions, jusqu’à la fermeture complète des instituts en question.

En contre-partie, les hôpitaux possèdent maintenant une aile psychiatrique et selon le gouvernement, ces ailes combinées à travers le Québec répondent correctement aux besoins des patients. Pourtant, j’ai un ami qui travaille en santé mentale et qui renvoie des patients ayant de graves troubles chez eux... Souvent, il les recroise dans la rue…



J’ai parcouru l’ouvrage intitulé « 35 ans de désinstitutionnalisation au Québec de 1961-1996 », et il est indiqué que le phénomène de désinstitutionnalisation avait pour but de réintégrer les patients dans la société, afin de leur donner une qualité de vie supérieure à celle qu’ils avaient dans les instituts psychiatriques.

Aujourd’hui, nous estimons que 30 à 50% des itinérants ont des problèmes de santé mentale, incluant 10% qui souffrent de troubles majeurs. SourceL Bonin, J.-P., Fournier, L., Blais, R. et Perreault, M. (2005).

Avez-vous l’impression qu’un être humain malade a une meilleure qualité de vie dans la rue? Nous sommes des hypocrites.

Durant la semaine de la santé mentale, nous parlons des itinérants malades dans les rues, du suicide et de la dépression. En réalité, la prévention du suicide a presque complètement disparu des écoles. Il semblerait que lorsqu’on parle de suicide aux jeunes, ça leur donne de mauvaises idées. Morale de l’histoire, si nous n’en parlons pas, ça n’existe pas. Bravo gang!

Durant une semaine, nos élus feront de belles apparitions pour parler de santé mentale. En réalité notre gouvernement, et donc, par extension son peuple, se moquent bien des gens dépressifs, des suicidaires, des alcooliques, des itinérants, des drogués, des putes et des tout croches. Ça fait pas beau, chez nous. On en parle une semaine, on crie à l’aide pour eux et ensuite, les 51 autres semaines de l’année, on les méprise, on les condamne et pire, on les ignore.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR & NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LaMétropole.com

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