LA CULTURE DU VIOL : QUAND LA MODE PASSE

 

Quand j’ai commencé à dire que je voulais faire des conférences sur la prévention du suicide, on me répondait que les écoles ne souhaitaient pas en entendre parler. À l’époque, je me suis dit que je ferais donc la promotion de la vie et non la prévention du suicide. Puis, un jour, j’ai réalisé comment l’intimidation avait mené et menait encore ma vie: tiens, je pourrais parler de ça et par la bande du rêve, de la lecture et de la vie. Puis, quand l’intimidation est devenue un sujet à la mode, on m’a traité d’opportuniste.

J’ai eu mal. J’ai eu mal parce que j’avais l’impression de défendre toutes les causes qui me tenaient à cœur sous une même bannière et qu’une bande d’étrangers me trainait dans la boue. J’ai eu mal, car quand tu défends une cause, il arrive que toi aussi, tu te sentes fragile.

Aujourd’hui, ce sont les agressions sexuelles et la culture du viol qui reviennent à la mode. Elle est partie cette vague d’articles, de reportages, de blogs et de témoignages. Nous ne pouvons plus les ignorer, car ces histoires d’horreurs envahissent les journaux, les bulletins de nouvelles et surtout, les médias sociaux.

Au départ, notre petit côté pervers. ou appelez-le idéaliste si vous préférez, raffole de ces histoires. Monsieur et madame Tout-le-monde ont tous une opinion sur le sujet. Qui a violé qui? Qui s’est déjà fait agresser? On finit par se demander si toutes les femmes agressées ont réellement besoin de prendre le micro et de le crier haut et fort.

Après quoi? Après on se tanne; que ce soient les enfants qui crèvent sous les machettes dans le fin fond de l’Afrique ou ceux qui se suicident chez nous, on s’écœure. On zappe. Dit-moi, Ô grand Dieu Média de l’ère de l’immédiat qui souffre aujourd’hui et de quelle cause doit on s’enticher pour avoir l’air tendance? 

C’est à faire rougir l’encre qui a coulé, certes, mais les écrits restent. Je me souviens, une fois, quelqu’un d’ivre m’avait reconnu à une soirée ou du moins, une personne de sa bande a su que j’étais conférencier sur l’intimidation. Il avait dit de moi que j’étais une pute à cause sociale. Je m’en souviens, car je n’en ai jamais parlé à personne, contrairement à mon habitude de grande gueule. Je ne l’avais pas fait, car comme ce qui me fait réellement mal, je le tais.

Aujourd’hui, j’entends déjà le vent des médias souffler vers une nouvelle cause. Ce ne sera peut-être pas demain qu’elle s’oubliera, ni après-demain, mais elle le fera aussi. Car comme tout ce qu’il y a d’horrible dans ce monde, nous l’oublions.

Voilà pourquoi, je prends un moment ici, sur Illégitime Défense, pour saluer le courage de toutes celles qui ont partagé leurs histoires avec nous. Ces femmes mutilées, abusées, humiliées, violées et torturées: c’est lourd, non? Voilà pourquoi je préfère penser à elles comme ces femmes remplies de courage qui ont parlé afin que d’autres parlent et que nous n’oubliions pas la bête qui dort chez l’homme.

Peu importe la cause sociale, la mode passe. Elle passera comme la mer a effacé les châteaux de sable que je faisais avec mon frère, jadis heureux.

Peu importe, car dans l’âme, il n’y a pas de mode ou de pute à cause sociale. Dans l’âme, il y a ceux qui défendent les droits de la personne et ceux qui les briment.

Moi, je sais de quel côté je me trouve; et vous?

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LaMetropole.com

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