REJET : QUAND LES FILLES POSENT NUES

 

Imaginez un pays contenant 1,23 milliard d’habitants. Un pays où les lois et règles ne semblent pas claires. Un pays contenant des dizaines de religions et cultures différentes. Un endroit où les gens peuvent crier et être entendus par des millions de personnes. Un territoire où l’on ne blâme jamais le président, les ministres et les maires. Un pays qui n’est jamais remis en question et où seuls les habitants se voient accusés. Ce pays existe et il s’appelle: Facebook.
 
Lundi matin, une page Facebook (Expose été 2014) a été supprimée de la toile, car on y postait des images de mineurs nus. La page en question dévoilait plusieurs clichés de jeunes filles déshabillées. Il s’agissait d’une sorte de vengeance. « Expose quelqu’un, ou inbox (sic) la photo et j’expose. [...] Pour une fille qui te fait chier, ou qui t’a fait du mal », peut-on lire dans la description de la page.

Une seconde page de même nature a été créée, mais aucune photo n’a été mise. Haine envers les femmes? Vengeance? Tu me rejettes, donc je t’expose. En plus, avant d’être signalée, la première page avait recueilli des milliers de « J’aime ». C’est quoi l’idée d’aimer une page comme ça? En aimant la page, voici ce que l’internaute affirme:

J’aime l’idée de mettre des photos de filles nues sur le Web, sans leur consentement, par vengeance. J’aime l’idée de détruire une réputation et peut-être même, une vie. J’aime cette idée, car savez-vous quoi? JE SUIS UN MAUDIT MALADE DE CAVE D’INCONSCIENT DE MONGOL, ben oui, j’suis de même et j’aime ça! YEAAAH!

À TOUTES LES FILLES, PIS UNE FOIS POUR TOUTES

Naturellement, les filles sur les photos n’avaient pas donné leur consentement pour la publication, mais je doute que les photos aient été prises à leur insu. Si jamais tu penses à poser nue pour un mec, répète dix fois cette phrase: « Maman, papa, je dois vous parler d’une photo de moi qui circule sur Internet… », ça devrait te faire réaliser quelque chose d’important. Comme début de conversation avec ses parents, assez c’est hard.

Il est fini le temps où les photos étaient sur papier. Quand j’étais ado, l’idée de poser nu restait téméraire. Néanmoins, le pire qu'il pouvait t’arriver, c’est que le mec montre les photos aux gars de ton école. J’imagine mal un garçon de ma génération se rendre à une imprimerie et demander: « Ouin, tu vois la fille nue sa photo, je vais t’en prendre 10 000 copies de ça ». Au vendeur de répondre: « Quoi? » Aujourd’hui, c’est bien plus facile. Maintenant, cette étape-là n’existe plus. En un clic, tu peux rejoindre des millions de personnes.



Joint par TVA, Nouvelles hier matin, le jeune homme apparaissant dans cette conversation, Samuel Lavoie, affirme ne pas être le créateur de cette page. C’est d’ailleurs ce qu’il a raconté à l’enquêteur qui a téléphoné au domicile familial vers 2h hier matin. Le jeune homme de 18 ans avait laissé des commentaires sur la page, affirmant que les filles exposées méritaient de payer. Selon lui, ces filles intimidaient des gens, dont lui-même.

Je l’ai écrit, mais je le répète et je le répéterai: Facebook aussi est coupable. Un jour, le géant du Web devra prendre ses responsabilités et mettre des paramètres de sécurité beaucoup plus sévères. Il m’apparaît impensable qu’on ne blâme pas les administrateurs de Facebook. Oui, je défends la liberté d’expression, mais la tienne s’arrête là où celle de l’autre commence. Je pense à Neknomination, aux nombreuses vidéos compromettantes et aux pages haineuses, plusieurs survivent encore et toujours sur Facebook.

Voici ce qui arrivera, car l’histoire prouve que cela arrive toujours ainsi. Nous jouissons d’un privilège et il nous est enlevé, car certains en abusent. Quelques tragédies surviennent et les mesures radicales se mettent en place. Une série de lois sont adoptées et nos libertés se restreignent de manière drastique. Certains contestent les mesures, mais malheureusement, le mal est déjà fait. Les innocents paient toujours pour les caves et les inconscients.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DU PORTAIL DU GRAND MONTRÉAL LaMétropole.com

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