L'ACCOMPLISSEMENT

Une île sans véhicule à moteur où on peut se promener pieds nus. N‘est-ce pas ça la belle vie? Quoique très touristique, cette île a un « je ne sais quoi » qui séduit à coup sûr. On dit que c’est le paradis pour la plongée sous-marine et les grimpeurs viennent défier ces vertigineuses falaises de calcaire. Les parcs nationaux sont bien préservés. Que demander de plus qu’une végétation riche, une beauté des lieux sans pareil, un environnement sain et accueillant et des eaux transparentes permettant de découvrir des récifs coralliens où une flore et une faune exceptionnelles attendent les gens. 

D’entendre les gazouillis des oiseaux lors de son réveil, quel bonheur.

Cette zone a été gravement touchée lors du tsunami en 2004. Je devais initialement rester deux nuits à Koh Phi Phi. Je suis restée cinq nuits. Mon paradis à moi, que j’aimerais revoir un jour. Puisque je voulais garder un souvenir mémorable de cette l’île, j’avais décidé d’aller au-delà d’une autre peur, ou d’une autre limite comme j’aime à le dire. Je suis allée m’inscrire à l’activité « cliffs jumping » qui consiste à sauter du haut d’une falaise dans la mer (un peu comme Leonardo faisait dans le film).

Quand ce fut le temps de m’inscrire, un bouffon d’instructeur m’avait convaincue de faire de l’escalade à la place. Ça serait plus sécuritaire disait-il. Il me faisait rire. Il m’avait dit qu’un couple d’américain plus âgé que moi qui allait en faire le lendemain et si je le voulais, je serais avec eux. Il a remarqué l’étonnement sur mon visage quand il a parlé de l’âge des Américains. Nous avions le même âge!! Il m’avait répondu : Ce n’est pas grave, même si nous on est plus jeune, nous aurons du fun avec eux. En supposant que j’étais beaucoup plus jeune que mon âge, il venait de conclure une vente. Était-ce une astuce de vente?

Le lendemain est arrivé trop vite à mon goût. Je regrettais de m'être inscrite à une telle activité. Je devais encore une fois repousser les limites et affronter des peurs. J’avais l’impression de toujours me surpasser et d’aller plus haut et plus loin. Dans ce cas, ce n’était plus seulement un jeu de mots.

Le couple d’Américains était, finalement, des Canadiens de Vancouver. Ils étaient des adeptes d’escalade depuis de nombreuses années. Plus nous approchions de la falaise à escalader, plus j'étais craintive. J’ai toujours eu peur des hauteurs et, belle innocente, je m’étais inscrite...

Ce qui aura été le plus difficile c’est de faire de l’escalade sans jamais en avoir fait auparavant. Le niveau de difficulté de cette falaise était intermédiaire. On m’avait dit de pousser avec les jambes. Si un jour, vous aussi, vous décidez de vous initier, vous constaterez que les mains doivent aussi travailler, tellement que j’en avais des crampes. C’était atroce. J’avais extrêmement peur, tellement que je ne reconnaissais plus ma voix. Je voulais abandonner et je demandais à redescendre. On m’encourageait à continuer et à ne pas abandonner. J’étais presqu’arrivée en haut quand j’ai perdu pied et me suis retrouvée dans le vide quelques mètres plus bas. Je venais de heurter la falaise. J’étais terrorisée.

Je regardais la dizaine de mètres qui me restaient à escalader… D'une voix apeurée, je demandais à redescendre. L’instructeur quant à lui, ne voulait rien entendre et il s’amusait en bas. À plus de 40 mètres de distance, c’était facile de crier : « Keep going ». À être là-haut et à regarder en bas, c’est une autre chanson. Puisqu’il ne semblait pas vouloir m’écouter et me redescendre, j’avais le choix, soit j’osais, soit que je me résignais. J’ai opté pour l’audace en marmonant : « I’m scared, I am really really scared (j’ai peur, j’ai vraiment vraiment peur) »… Telle une combattante, je suis arrivée en haut et j’ai fièrement dit: Veni, vindi, vici. La vue était spectaculaire. J’étais contente d’avoir été au-delà de mes capacités encore une fois, car c’était libérateur. Pour pousser ma folie, je suis retournée escalader une autre quarantaine de mètres sur une seconde falaise avec un niveau de difficulté supérieur!

C'était une journée riche en émotions. Après tant d’adrénaline, je n’avais que les paroles de « One moment in time » en tête. Ça disait :

Vous êtes un gagnant à tout jamais

Si vous saisissez le moment présent

Et vous le faites briller…

(…)

Quand je suis plus que ce que je pense que je pourrais être

Quand tous mes rêves battent au rythme de mon cœur

Et que la réponse vient jusqu'à moi

(…)

Quand je fais face à mon destin

Alors que dans ce moment

Je sois libre!

C’est cette quête de liberté que je recherchais et surtout que je ne voulais pas perdre. Le seul engagement que j’étais vraiment prête à prendre était envers moi. Je m’engageais à faire de ma vie un rêve.

J’ai toujours vécu avec de nombreuses peurs. Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours voulu aller au-delà de mes limites. Ne serait-ce que pour donner l’exemple à mon inconscient qui me dit : n’y pense pas, c’est dangereux!  Et moi de répondre à cet inconscient : D’accord, et puis? Nous pourrions rester vraiment surpris de voir tout ce que nous sommes capables avec un peu de volonté. Folie, détermination? Peu importe!

Koh Phi Phi a été un bel épisode de ma vie. Je venais de trouver une grande sérénité. Je devais maintenant aller chercher autre chose ailleurs. Et vous? Que faites-vous pour dépasser vos limites?

Source : LaMetropole.com

VALÉRIE VANDAL